Notez que j'ai choisi une photo flatteuse ! |
Paris ne s’est pas fait en 100 jours, qui va lentement va
surement, la tortue bat le lièvre à la course, on ne répare pas 10 ans d’erreurs
en quelques mois, etc. Que ces paroles sont douces à entendre !
Les sondages ne sont pas excellents pour Sa Normalité. Il n’y
a pas eu d’état de grâce, mais la dégringolade ne se fait pas attendre. Alors,
ses partisans réclament du temps. Le changement, c’est maintenant mais
maintenant, c’est plus tard. Avec la crise et l’héritage, faudrait quand même
pas compter sur un redressement trop rapide. Attendez un peu et vous allez
voir ce que vous allez voir…
Je constate quand même un (léger) progrès dans les discours
de gauche. On commence à admettre qu’il y aurait comme un semblant de début de
crise en plus de l’héritage. C’est nouveau, cette prise de conscience. C’est en
vain qu’on aurait cherché tout au long de la merveilleuse campagne du candidat normal
la moindre allusion à une quelconque crise. Si on osait dire que par rapport à
bien des pays d’Europe, la France se tirait mieux de la crise, les partisans de
M. Hollande vous toisaient comme l’eût fait un évêque voyant son homélie
interrompue par les aboiements d’un chien (il est vrai que le droit du chien à
regarder l’évêque est généralement reconnu,
mais de là à aboyer…).
C’est déjà un changement. De plus, le fort taux de
croissance qu’on allait imposer à notre économie par décret est revu à la
baisse. Le brave M. Ayrault, notre charismatique premier ministre après avoir
repoussé l’idée, laisse
entendre que l’on pourrait envisager, si nécessaire, après concertation, en
prenant son temps, sans mettre la charrue devant les bœufs, une augmentation de
la CSG. De combien de points ? On entend parler de 3%... 60%
des français y seraient opposés… A croire que 40 % n’ont pas compris à quel
point une telle augmentation réduirait
leur pouvoir d’achat.
On a supprimée l’augmentation prévue de la TVA. Pas sociale,
qu’elle était ! Alors que la TVA est un impôt totalement indolore, pas
forcément répercuté sur les prix de vente en période de forte concurrence. En
revanche, le gars qui gagnait 1500 € par mois et qui n’en recevra plus que
1455, avant de s’en réjouir risque de passer par un moment d’abattement où il
trouvera le changement saumâtre. Il se peut qu'il en veuille au gouvernement, vous
savez, les gens sont ingrats…
Dimanche prochain, le président normal va s’inviter pour la
troisième fois à la télé. Il faut dire qu’on ne l’y voit d’habitude que tous
les jours. Il va nous sortir un de ces discours à vous dérider le grognon, je
ne vous dis que ça. Si sa cote ne remonte pas en flèche, c’est que les Français
ne sont pas normaux !
Ce qui est ennuyeux, c’est que les journaleux, pourtant naguère
si aptes à bouffer du Sarkozy tous les matins, semblent avoir eux aussi perdu
leur enthousiasme. Ils se posent des questions, ces belles âmes. Du genre : « Et
si continuer de soutenir comme des fous un président qui plonge amenait nos
lecteurs à se détourner de nous ? » Alors, n’écoutant que leur haute
conscience morale, sans vraiment tourner casaque, ils vous ont des prudences de
rosière…
Dire que tout ça m’attriste serait faux. Après tout, voir plonger un
président élu de justesse sur un malentendu et un déni de réalité ne m’ennuie
que modérément. Entre les déçus de sa gauche et de son propre parti et une droite qui n’a pas changé d’avis je crois
que la dégringolade n’en est qu’à ses débuts, qu’elle sera rapide et enverra bientôt M. Hollande explorer des gouffres d’impopularité
qui rendront tout espoir d’une réélection illusoire. Pour lui et les siens. Et
pour longtemps.
D’un autre côté si c’est pour voir l’insipide Fillon
remplacer l’inexistant Hollande… Mais bon, comme disent les partisans de Sa
Normalité, nous avons 5 ans devant nous.