J’ai écrit ce texte hier soir. Il faut croire que ma muse vespérale broie du noir. Je le publie quand même.
On a beau se draper dans un cynisme humoristique de bon aloi, on a beau avoir pris le maquis depuis des années pour s’éloigner des villes où les batailles se perdent, on a beau se répéter, façon méthode Coué, que le pays finira bien par se réveiller, il y a des jours où on désespère.
Parce que la machine à décérébrer fonctionne en permanence. Parce que, comme s’il ne suffisait pas qu’on nous envahisse, on endoctrine nos faibles d’esprit à considérer cette invasion comme je ne sais quelle chance. Parce qu’il y en a d’assez fous pour en venir à considérer le poison qui les tuera comme un élixir de vie. Parce que dire ce que nous sommes n’est même plus toléré. Parce qu’après chaque couleuvre forcée dans nos gosiers on exige que nous en réclamions une nouvelle. Parce que de tristes imbéciles croient se hisser à un niveau supérieur en niant leurs racines.
Il y a des jours où l’on a mal à la France. Je ne parle pas du pays des « drwadelôm », d’un pays éphémère, à peine bicentenaire sans décompter les éclipses. Je parle du pays millénaire des cathédrales et des abbayes, du pays de Chambord et de Versailles, de Chartres et de Reims, et de tant d’autres joyaux plus modestes qu’aucune couronne ne saurait porter tant ils sont nombreux, beaux, légers de style et lourds d’histoire. Je parle d’une langue, d’une littérature, d’une architecture, d’une civilisation, pour tout dire, rarement égalée et sur laquelle des hordes de sauvages viennent essuyer leurs pieds sales avant de nous réclamer ce que nul ne leur doit.
Oui, il arrive que j’aie mal à la France. MA France. Qui n’est pas un parking pour vagabonds en transit mais lieu d’enracinement, qui n’est pas centre d’accueil pour les SDF de la terre mais demeure héritée.
Il arrive que je ne sache plus vers où me tourner tant ma boussole me semble n'indiquer que le néant.