..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 4 mai 2025

In memoriam Didier Goux

 

Tu viens de nous jouer un bien mauvais tour,Didier ! Sans y croire, j’écris comme si tu pouvais me lire. Pourtant depuis deux jours que m’est arrivé ce message, tu es présent dans mes pensées.


Il venait de Nicole. Vu que nous ne communiquons plus depuis quelques mois, je fus d’abord étonné. Sur Whatsap, il apparaissait comme ci-dessus. De quoi me parle-t-elle ? Qui est ce Didier ? Un de ses nombreux ex-beaux-frères ? En quoi cela pourrait-il m’intéresser ? Peu après un message d’accompagnement arrivait : il m’expliquait qu’il venait de Catherine. J’en fus comme sonné. Le Didier en question, ne pouvait qu’être toi.


Ton journal de mars m’avait inquiété. J’avais rédigé un commentaire mais il me fut signalé que suite à un incident technique celui-ci ne pouvait être publié. L’absence du moindre billet en avril m’avait fait songer à t’envoyer un mail pour m’enquérir des résultat de la biopsie que tu mentionnais. Mon inquiétude était pourtant plutôt légère. Après tout, le cancer, tu connaissais, tu t’étais sorti de celui du rein ; quand aux problèmes cardiaques jusqu’à récemment tu t’en étais bien tiré. Je me plais à répéter que le pire n’est jamais garanti. Garanti, non. Mais il arrive hélas qu’il se produise…


Même si dans la « vraie vie » nous ne nous sommes rencontrés que trois fois, j’avais pour toi de l’amitié, de l’estime aussi. Le masque d’ours sous lequel tu te plaisais à dissimuler ta cordialité, ta gentillesse et ta sensibilité ne me trompa jamais. J’appréciais également ton style, sa pureté, son humour. Il arrivait pourtant que tu me gonfles grave avec ton Marcel (pas le tricot de corps, le Proust), ton purisme était parfois tatillon (une erreur que tout le monde fait devient, selon moi, la règle). Mais bon, qui n’a pas ses petits défauts ? On les pardonne au talent.


Comme tes douze disciples (ta modestie te faisait sous-estimer le lectorat de ton journal) le premier de chaque mois je serai désormais privé d’un petit bonheur. Le chant des mésanges du Plessis -Hébert se teintera d’une nuance de tristesse. Tes chats et ton chien regretteront tes caresses. De son siège de Berlin, M. Momox ne comprendra pas pourquoi ses ventes en France se sont soudain effondrées. La foi de Catherine l’aidera, je l’espère, à supporter ton irremplaçable perte.


S’il existe une autre vie, j’espère t’y retrouver de temps en temps pour vider, comme tu disais quelques flacons en parlant de tout et de rien. Salut l’ami ! 

les commentaires sont ouverts

lundi 18 mars 2024

Prise de conscience

Tiens, le rev’là se diront certains… Ben oui. Si je n’ai pas formé la boutique, comme le fit récemment l’ami Fredi, c’est pour deux raisons : d’abord pour ne pas priver ceux qui, par hasard ou par nostalgie y viendraient ou reviendraient s’abreuver à cette source bouillonnante de lumineuse sagesse (aux mal-comprenants : auto-dérision)  et aussi parce que, en dehors de la mort, rien n’est à mes yeux définitif.

Toutefois, la question de la raison de ce retour (qui, lui non plus, n’a rien de définitif) se pose. La réponse est très simple. Ce matin, allant faire un tour chez M. Facebook, je me vis proposer de revoir des souvenirs. Parmi eux se trouvait un mien post vieux de quatre ans que j’avais consacré au Covid et à ma préférence pour les partisans de la minimisation de l’épidémie face aux catastrophisme alors de mise. Allez savoir pourquoi, j’allai voir les commentaires qu’il avait suscités. Je ne fus pas déçu de cet long voire interminable voyage. Par curiosité, avec l’aide de MM. Copier et Coller, les célèbres duettistes du texte informatique, je les retranscrivis sur mon logiciel de traitement de texte et constatai qu’ils occupaient la bagatelle de cinq pages standard !

Ces échanges consistaient essentiellement en un un débat avec un ami Facebook d’alors depuis disparu suite à une mésentente au sujet des Gilets jaunes. Ce fervent catastrophiste m’accusa d’une coupable légèreté ce qui, de fil en aiguille, nous amena à confronter nos visions de la vie, qu’elle soit éternelle ou pas. Étant un athée invétéré et lui catholique pratiquant celles-ci étaient, c’est évident difficilement conciliables. Ce qui m’étonna à cette lecture c’est le constat qu’il n’y a que quatre ans de cela, j’étais encore capable de me lancer dans une interminable polémique qui, comme toutes les polémiques, pour peu qu’elles concernent des sujets sur lesquels ceux qui y prennent part ont des idées depuis longtemps arrêtées, ne saurait amener à un quelconque résultat.

Je pense que si j’ai si mal réagi aux intrusions dans mes commentaires de gens tenant, sans être aucunement contraints de les lire, à m’exprimer tout le mépris que leur inspiraient mes bavardages, c’est que le temps des polémiques est pour moi révolu. Tenter de convaincre qui que ce soit du bien fondé de mes positions sur un quelconque sujet m’indiffère totalement. Cela à pour conséquence que les exprimer m’apparaît également futile. Je ne cherche ni la louange ni la confrontation. Ce qui met en question l’intérêt des commentaires, pourtant supposés être le dessert du blogueur.

Cela dit, tenir blog en évitant de s’exprimer sur l’actualité, le sens de la vie, l’état de la civilisation, ses préférences littéraires,les dernières facéties d’un bavard président et autres foutaises n’est pas chose aisée. C’est pourquoi en dehors des NAC improbables et des pays où ne pas mettre les pieds, le ne vois pas trop de quoi parler. Si je reviens ici, ce sera donc pour traiter de ces sujets ou d’autres de farine comparable. Les commentaires y seront logiquement fermés.

vendredi 30 juin 2023

Je serai bref.

 

Après 2 mois et demi de silence, je crains de ne plus désirer continuer ce blog. J’y ai pris plaisir. Ce plaisir s’est vu annihilé par d’anonymes importuns. J’espère que dans leur morne vie de connards masqués cette victoire apportera un rayon de soleil.

Je tenais à remercier de leur fidélité ceux que mes bavardages ont pu distraire.

A part ça, tout va bien : je bouquine, je bricole, je jardine, je cuisine… La vie vient de me faire cette nuit même un cadeau magnifique : un mignon petit-fils qui, malgré les menaces qui pèsent sur ce pays que j’aime tant, pourra, je l’espère, y mener une vie heureuse. Que demander de plus ?

mercredi 12 avril 2023

Quand t’es dans le désert…

 


Cette chanson de M. Capdevielle, dont les paroles me paraissent toujours aussi sibyllines qu’il y a 44 ans quand elle sortit, fait allusion à une autre sorte de désert que celui qui m’inquiète aujourd’hui et qui lui n’a rien de fantasmé.

Revenons en arrière : il y a 3 semaines, je vous narrai l’épisode douloureux que me fit connaître une rage de dents et qui m’amena à constater le côté ennuyeux que présentait le fait de vivre dans mon désert médical. La rage vaincue, se présenta un nouveau problème : le lundi 27, me levant pour aller aux toilettes, j’eus une surprise plutôt désagréable. Au lieu de clopiner vers mon but, je retombai d’un bloc sur le lit que je pensais quitter. J’avais été victime d’un vertige inattendu. Je me relevai avec précaution et ne tombai pas.

Consultant au matin Internet, j’appris que ce genre de choses se produisait quand on souffrait d’hypotension orthostatique (une brutale chute de l’hypertension occasionnant des pertes d’équilibre lorsqu’on quittait la position horizontale pour la verticale) Je m’empressai de prendre ma tension grâce à l’appareil que je possédais à cet effet et constatai des résultats inquiétants, voire aberrants. Craignant avoir mal utilisé ledit tensiomètre j’en relus la notice qui m’apprit qu’en cas d’arythmie cardiaque ses mesures n’étaient pas fiables. Souffrant de ce problème, je décidai, pour en avoir le cœur net de consulter. Et (miracle !) j’obtins un rendez-vous pour le vendredi auprès de la remplaçante de mon praticien référent  ! Elle me prit la tension et le résultat fut sans appel : une tension de jeune homme (en bonne santé) ! Cette piste écartée, elle me fit faire des tests afin d’écarter celle d’un AVC en préparation et parvint à la conclusion que cela pouvait venir d’un problème de l’oreille interne, me prescrivit un médicament anti-vertige et m’engagea néanmoins vivement à consulter au plus vite mon cardiologue.

Je suis de nature obéissante ou résignée. Je fis donc les analyses prescrites dont, week-end pascal oblige, je reçus hier les résultats,lesquels furent globalement rassurants. Je téléphonai au cabinet de cardiologie et la secrétaire me dit de retéléphoner… ...en juillet ! Cette demande me parut curieuse. J’insistai un peu, car quel que soit le délai, j’étais prêt à l’accepter. Quel serait-il, ce délai, au mois de juillet ? Je raccrochai, perplexe.

Ce matin je me sentis pas dans mon assiette. J’en fus inquiété. Que faire ? Appeler le Samu pour lui annoncer que je me sens barbouillé ? Aller à la pharmacie pour une téléconsultation ? Aller aux urgences sans motif précis ? Attendre un malaise afin d’avoir quelque chose de concret à raconter à ces braves gens (en admettant que ce dernier ne me rende pas incapable de les joindre) ? Ma fille à qui je m’ouvris de ces interrogations m’indiqua, recherches faites, qu’un seul médecin avait des disponibilités à 50 km de chez moi…

Une nouvelle fois, je m’aperçois à quel point l’impéritie de nos administrations et de nos dirigeants successifs a pu rendre inopérant un système de santé qui nous coûte cependant si cher. Selon l’INSEE, il y a eu en 2022 une surmortalité conséquente. Ne serait-ce pas dû, au moins en partie, à ses défaillances ? Il est vrai que nos gouvernants ont d’autres mouches à enculer chats à fouetter. Le pays craque de partout (école, hôpital, ordre public, immigration incontrôlée, etc) et, à l’instar des Byzantins, on nous rebat les oreilles de débats oiseux. Pauvre France !

dimanche 2 avril 2023

Notes, notules, notulettes et notulinettes

 

Je relis dans le journal de mars de l’ami Goux, l’article qu’il avait, dans le blog, une fois de plus consacré à ces notes de bas de page dont de « luisants » universitaires (les qualifier de « brillants » serait souvent exagéré) se croient contraints d’écrire lorsqu’ils établissent une édition d’un « grand » texte. Il semble que le blogueur de choc qu’il a été, est et demeure soit incapable de les traiter par le mépris ! Il est vrai que les précisions qu’elles apportent ne sont pas toujours très éclairantes ni d’une grande pertinence. Mais bon, je suppose que s’ils n’en écrivaient aucune, ils seraient pris pour des fumistes.

S’il en a un, le but de ces notes est de permettre au lecteur une meilleure compréhension du texte et de son contexte qu’il serait capable d’obtenir sans elles. Toutefois, en les écrivant, le ou les éditeurs supposent que leurs notes ne nécessitent elles-mêmes aucune précision afin d’être bien comprises par l’ignare lecteur (mon semblable, mon frère). Rien n’est moins certain ! Aussi, des notules, pourraient venir préciser les notes, des notulettes éclairer les notules et des notulinettes expliquer les notulettes. Je m’en tiendrai là mais on pourrait poursuivre…

Prenons un exemple :

M. Baudelaire, surnommé par ses potes Charlie la déconne, écrivit un poème intitulé Spleen dans lequel s’exprime toute sa joyeuse bonhommie d’inlassable boute-en-train. Prenons-en le premier vers :

Quant le ciel1 bas et lourd pèse comme un couvercle 2

1 Le ciel est tantôt l’espace visible limité par l’horizon*, tantôt le fond sur lequel on observe les astres. Dans le cas présent, vu que le poète le qualifie de « bas et lourd » on peut le supposer peu propice à l’observation des astres, impression confirmé par la mention postérieure faite au « cercle de l’horizon ». A noter que le côté déprimant du ciel bas fut évoqué par Jacques Brel dans Le Plat pays.

*Limite circulaire de la vue dont l’observateur est le centre et où ciel et terre (ou mer )semblent se rencontrer**

**Cette « rencontre » est bien entendu une illusion comme nombre de voyageurs l’ont constaté empiriquement, vu que l’horizon recule à mesure qu’on avance.

2 le couvercle est une pièce mobile destinée à fermer un récipient (pot*, marmite, casserole etc.). On voit d’ailleurs mal comment le ciel pourrait jouer ce rôle sur quelque cerveau que ce soit. Mais bon, la poésie est propice aux comparaisons hardies.

*« A chaque pot son couvercle » dit Thérèse à Zézette dans Le Père Noël est une ordure voulant dire par là que chacun finit par trouver l’âme sœur. La sagesse populaire ajoute que « C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe** » signifiant que rien ne vaut l’expérience, que les vieilles méthodes sont supérieures aux nouvelles. Cette expression peut être également employée par de jeunes gens pour justifier leur préférence des femmes mûres aux plus jeunes.

** Nom donné couramment au potage***

*** Au départ, la soupe était la tranche de pain sur laquelle se versait le potage. Ainsi s’explique l’expression « Trempé comme une soupe » qui sinon serait redondante.

J’espère que ces notes, notules, notulettes et notulinettes auront éclairé vos lanternes et que se trouveront des émules avides d’enrichir les textes par d’indispensables précisions.

vendredi 31 mars 2023

Va te faire créoliser chez Plumeau !

 


M. Mélenchon est une homme remarquable. Très remarquable. C’est d’ailleurs pour cela qu’on le remarque. Tout le monde s’accorde à lui reconnaître une culture immense et un talent de tribun sans pareil. Les discours que lui et les penseurs qui l’entourent et lui apportent un soutien indéfectible (ou presque) ne saurait donc nous laisser indifférents.

Durant son débat avec M. Zemmour ( le 23 septembre 2021sur BFM), à l’« assimilation » prônée par son opposant qui selon lui ne marche pas, il opposa la « créolisation », solution-miracle aux problèmes que serait censé provoquer le « changement de population »* qu'entraîne une immigration aussi massive qu’inéluctable et enrichissante.

« Créolisons nous ! » serions nous tentés de nous exclamer, tant il est tentant de suivre les conseils de ce phare de la pensée universelle. Toutefois, les plus méfiants d’entre nous seraient amenés à se poser la question : « Qu’est-ce que la créolisation ? ». 

Le concept fut créé par M. Édouard Glissant, écrivain antillais. Voici comment il la définit dans un entretien accordé au journal Le Monde : « L’apparition de langages de rue créolisés chez les gosses de Rio de Janeiro, de Mexico, ou dans la banlieue parisienne, ou chez les gangs de Los Angeles. C’est universel. Il faudrait recenser tous les créoles des banlieues métissées. C’est absolument extraordinaire d’inventivité et de rapidité. Ce ne sont pas tous des langages qui durent, mais ils laissent des traces dans la sensibilité des communautés. » Créolisation linguistique mais également civilisationnelle et « raciale » (via le métissage) chez M. Mélenchon, les diverses cultures se mêlant en s’enrichissant. C’est ce qu’on appelait aux États-Unis le Melting pot à ceci près que cette « fusion » était censée se faire autour des valeurs et de la langue des Anglo-saxons. On peut d’ailleurs constater que le succès de ce « creuset » est très relatif car aux États-Unis on voit davantage des communautés se juxtaposer que se fondre en une communauté unique et parfaite.

Au niveau linguistique, s’il y a apparition de créoles dans nos jolies banlieues, cela ne signifie pas qu’ils soient homogènes et compréhensibles de tous d’une extrémité de l’Hexagone à l’autre. Ils s’agirait donc plutôt de l’émergence de nouveaux patois. Il aura fallu aux rois puis aux républiques des siècles pour imposer une langue et une orthographe commune à notre pays ce qui impliqua la quasi-disparition des patois et langues régionales à son profit. Il faudrait donc, pour maintenir un semblant d’unité nationale qu’émerge un « créole de synthèse standardisé » qui viendrait remplacer le français dans les écoles. En admettant que ce soit souhaitable, qu’adviendrait-il de notre littérature? Faudrait-il la traduire en « créole standardisé » ?

Si l’on suit ce bon Jean-Luc, l’intégration devrait précéder la créolisation. Le concept d’intégration est souvent un peu fumeux. Basons nous donc sur la définition simple et claire, comme celle qu’en donne Le Robert : « Assimilation (d’un individu, d’un groupe) à une communauté, à un groupe social ». A la différence de nos gauchistes, M. Robert (à croire que c’est un esprit simpliste) ne fait pas vraiment de différence entre l’impossible assimilation de M. Zemmour et l’indispensable intégration de M. Mélenchon ! Quoi qu’il en soit, on voit mal comment on pourrait s’assimiler ou s’intégrer à un groupe et a fortiori à la société française sans en assimiler la langue ce qui aurait pour corollaire l’inutilité de la créolisation linguistique.

Pour ce qui est du métissage « racial » auquel M. Mélenchon semble trouver d’immenses mérites, pour qu’il se généralise (comme ce n’est le cas aujourd’hui que dans les spots publicitaires), encore faudrait-il qu’il soit précédé par le « vivre-ensemble » spatial et que les mariages endogames (géographiques, sociaux, professionnels ou religieux) s’atténuent. Ce qui n’est pas pour demain et que la créolisation gênerait voire empêcherait.

En résumé il me semble que, malgré l’admiration et le respect qu’il m’inspire, M. Mélenchon a tout de même une légère tendance à, comme m’en accusait dans ma jeunesse mon oncle Charles, en jouant sur les mots « raisonner comme un coup de marteau dans la merde ».

Vu que la société qu’il nous propose que ce soit au niveau économique ou civilisationnel ne m’attire que très peu, je lui conseillerai d’« aller se faire créoliser chez Plumeau » si ça lui chante.

*Ne pas confondre ce « changement » avec un « remplacement » auquel seuls de mauvais esprits croient. Ça n’a absolument rien à voir.

mercredi 29 mars 2023

Être black bloc, c’est pas de la tarte !


Les black blocs sont souvent mal considérés. C’est indéniable. On ne relève que le côté négatif de leurs actions. Personne ne se penche sur la difficulté de leur condition. Et pourtant, ils n’ont pas la vie facile…

D’abord, il faut bien le reconnaître, ce n’est aucunement une activité à plein temps. Pour agir, il leur faut qu’un certain nombre de circonstances soient réunies. D’abord, il faut qu’il y ait une manifestation d’une certaine ampleur, c’est à dire, à de rares exceptions près (École privée, mariage pour tous), organisée par des partis ou des syndicats de gauche. Les gens de gauche que ce soit par hygiénisme ou pour toute autre raison, adorent se promener dans les rues des villes en braillant des chansons ou des slogans rigolos. Leur faible ampleur numérique interdit aux BB d’organiser leurs propres marches. De plus, leur impopularité leur interdit de rallier grand monde à leur panache noir. Sans une foule nombreuse où ils peuvent de fondre et qui leur sert de bouclier humain, ils ne peuvent rien faire : on les neutralise rapidement. Leur entrée en action dépend donc totalement de celle de gens qu’ils considèrent comme incapables d’atteindre leurs buts. L’absence d’indignation sociale ou sociétale les réduit au chômage technique. Dieu merci, la gauche a une capacité à s’indigner plutôt développée.

Je me pose une question : que peut bien faire un black bloc lorsque aucun mouvement d’ampleur ne vient animer les artères de nos riantes cités ? Occupe-t-il un emploi stable ? Poursuit-il, sans grand espoir de jamais les rattraper, des études ? Dispose-t-il de rentes qui lui permettent de subsister ? Dans ce dernier cas, à quoi passe-t-il les nombreux loisirs que lui laissent des émeutes hélas trop rares ? J’ai entendu dire qu’il existait des camps où ces braves jeunes gens s’entraîneraient en vue de leurs futurs exploits. En admettant leur existence, disposent-ils du matériel nécessaire à reconstituer des affrontements crédibles avec des « forces de l’ordre » dont partie d’entre eux aurait du mal, vue leur idéologie, a tenir le rôle avec conviction (canons à eau, blindés, quads, grenades lacrymogènes, tenues de combat, matraques, etc) ? Tout cela est bien coûteux et peu discret. Ajoutez à cela les frais de déplacement induits par le déplacement des lieux d’exercice et que l’augmentation des carburants peut rendre prohibitifs !

Un des problèmes, et non des moindres, auquel doivent faire face ces jeunes gens est le vieillissement. Vient un moment où, perclus d’arthrose, le BB est facilement rattrapé par des policiers qui peuvent prendre leur retraite à 52 ans*, où, en changeant de tenue, il risque de s’emmêler les pinceaux et de se faire arrêter le pantalon sur les chevilles, ce qui est humiliant. En dehors du vieillissement physique, le vieillissement mental lui est également nuisible. L’idée de base du BB est que la révolution est au coin de la rue, qu’il suffit d’une étincelle pour faire déborder le vase (ou d’un goutte pour mettre le feu aux poudres). Il se rêve être cette étincelle ou cette goutte. Ses provocations entraîneront une répression qui amènera le soulèvement général. Malheureusement, il a beau brûler des trottinettes électriques ou casser des abribus et des vitrines de quincailliers, ce fameux « coin de rue » a une singulière tendance à ressembler à l’horizon : plus on tente de s’en approcher plus il recule . On finit par s’en lasser. N’est pas Mélenchon qui veut.

Je ne cherche pas à vous faire verser des larmes sur ces pauvres jeunes gens, simplement à souligner qu’ils n’ont pas choisi une vie facile, animés qu’ils sont par une idéologie vouée à l’échec, permettant tout au plus des changements marginaux et jamais ceux qu'ils souhaitent...

* Ils la prennent généralement à 57 ans. Toutefois, on comprend mal comment les BB peuvent s’opposer à l’augmentation de l’âge de départ à la retraite de leurs opposants.




mardi 28 mars 2023

Montée spectaculaire du niveau !

 

Dire que certains osent dire que notre école est en totale décadence ou que l’on y apprend peu de choses !

Comment ajouter foi à de tels racontars ? En cette énième journée d’action contre la réforme des retraites, je vois et entends un jeune collégien (pléonasme, vu que ces élèves sont rarement âgés) se déclarer bouleversifié par l’utilisation de l’article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Un de ses enseignants se déclare tout ému face à la maturité politique de son élève. Comme je le comprends !

D’abord parce qu’il y aura bientôt 58 ans, quand j’ai quitté le premier cycle de l’enseignement secondaire, si mes souvenirs sont bons, l’âge du départ à la retraite (à l’époque 65 ans) n’était pas plus un de mes sujets de préoccupation principaux qu’il ne semblait inquiéter particulièrement mes condisciples. De plus, à l’époque, le droit constitutionnel était, force est de le reconnaître, souvent négligé, nos braves enseignants se bornant à nous enseigner des rudiments d’orthographe, de grammaire, de mathématiques, de sciences naturelles, de physique, de chimie, d’histoire, de géographie, d’instruction civique, de langues vivantes (voire mortes) entre autres foutaises. Eh oui, voilà ce dont on tentait de farcir les jeunes esprits en ces temps obscurs. Aucun cours dédié au système de retraite par répartition ou au droit constitutionnel. Étonnez-vous après ça que notre niveau d’implication citoyenne ait à cet âge été quasi-inexistant !

Les temps ont changé, bien heureusement ! Aujourd’hui, si on a peut-être un peu laissé de côté les matières poussiéreuses ci-dessus évoquées, on se préoccupe davantage de l’éducation citoyenne de notre jeunesse, ce qui la prépare bien plus efficacement au rôle moteur qu’elle sera appelée à jouer dans l’évolution démocratique de notre belle république.

Il n’est que de voir avec quel sérieux nos collégiens suivent en permanence sur leurs téléphones les évolutions sociales et sociétales pour mesurer le chemin parcouru et envisager avec confiance l’avenir radieux qu’ils nous préparent !

mercredi 22 mars 2023

Rage !

 


Rassurez vous, je ne vais pas vous parler de cette réforme des retraites qui, nous dit-on, provoque l’ire des Français. Ne serait-ce que parce que, à la différence de la majorité de mes concitoyens, je ne suis pas un spécialiste des systèmes de retraite par répartition. Non, il s’agit d’une rage que je viens d’expérimenter ces derniers jours : celle des dents. Bien sûr, il m’était, au cours de ces soixante-douze dernières années, arrivé d’avoir mal aux dents. Mais rien de bien méchant. Des abcès, j’en ai connus beaucoup mais ils avaient le bon goût de ne provoquer que des douleurs supportables. Je ne les soignais pas, prenais mon mal en patience et, en quelques jours ils disparaissaient, ne laissant qu’un souvenir un peu désagréable.


Et puis, samedi dernier, j’ai commencé à ressentir une légère douleur à une prémolaire. Tiens, me dis-je, encore un de ces foutus abcès. Je n’y prêtais guère attention. Le lendemain, la douleur s’accentua. Je commençai à prendre du paracétamol sans que son effet soit notable. La nuit qui suivit fut difficile. Les douleurs s’accentuèrent m’empêchant de dormir jusqu’à 1 heure et me contraignant à me lever à 6 heures. A neuf heures, j’appelai mon dentiste. Hélas la secrétaire m’annonça qu’aucun rendez-vous n’était possible avant plusieurs mois. Je lui rétorquai que d’ici là, d’une manière ou d’une autre, le problème serait résolu. J’insistai cependant, pensant qu’entre deux patients, le praticien pourrait me consacrer quelques minutes pour confirmer la présence d’un abcès et éventuellement me prescrire de quoi lutter contre. Elle me dit qu’elle allait lui en parler et me rappellerait. Je passai la journée dans un état second à attendre son message. Deux jours ont depuis passé et pas plus d’appel que de beurre en broche. Et le pire était à venir.


La nuit du lundi au mardi me donna une idée de ce que pourrait être l’enfer. Je pris un demi Lexomil afin de dormir, complétai ma médication par du paracétamol mais jusqu’à 3 heures pas question de fermer l’œil, la douleur, malgré de nouvelles prises de médicaments, alla croissante, se répandant de la mâchoire inférieure à la pommette et s’accompagnant de fièvre. J’en fus à penser que la solution serait peut-être d’aller chercher une pince dans mon atelier et d’arracher la dent ! Seulement, le risque d’une hémorragie me retint. Je finis par dormir de temps à autre entre deux réveils douloureux. Je me levai à onze heures. J’étais à ramasser à la petite cuillère. Ma fille m’ayant indiqué que dans tout le département il n’y avait aucun dentiste pour les urgence disponible dans l’ensemble du département avant 5 jours (ils n’interviennent que le week-end, le reste du temps ce sont leurs collègues qui refusent de vous recevoir), je ne savais plus que faire. J’appelai Nicole qui me conseilla de me tourner vers la pharmacie qui possède une cabine de téléconsultation. Renseignements pris, j’appris que je pouvais bénéficier de ce service rapidement et m’y rendis, bien que, vu mon état, prendre le volant me paraissait risqué. Tout se passa bien. Antibiotiques et analgésiques me furent rapidement prescrits. De plus, mes douleurs s’étaient un peu calmées. Cette dernière nuit se passa bien et une forme relative est revenue. Tout est donc bien qui finit bien.

Au delà de mes petits malheurs, ce que cette expérience m’a fait réaliser avec une certaine acuité, c’est le triste état de notre système de santé : j’ai du prendre un médecin à 15 km de chez moi. Les soignants ne se déplacent plus et ne font plus de gardes. Ils ont autre chose à faire que de soulager les douleurs de leurs patients. Que nous reste-t-il en dehors des urgences surchargées où en cas d’incapacité pourraient nous conduire pompiers ou SAMU à condition qu’on soit prioritaire et qu’ils soient disponibles. PAUVRE FRANCE !

dimanche 12 mars 2023

Peur de manquer…

 


J'ai lu ce matin l’émouvant billet de Fredi M. qui m’amène a réaliser à quel point les expériences enfantines divergent et nous marquent. Il y est question de fins de mois difficiles, de frigo vide. Choses que je n’ai jamais connues. Débarqué de sa Bretagne natale à la fin des années quarante, mon père, ex-sous-officier de la Marine Nationale, dégagé des cadres, arriva le premier à Paris tenter l’aventure. Une fois un emploi trouvé, ma mère et mon frère ainé l’y rejoignirent et ils réalisèrent leur dessein de toujours, investissant leurs économies dans une épicerie à Puteaux. Je survins quelque temps plus tard. L’appartement du commerce étant très exigu, on m’expédia en Bretagne en nourrice chez une amie de ma mère dans son village natal. A deux ans et demi, j’en revins car la situation avait changé grâce à leur travail sept jours sur sept et un sens de l’économie pour le moins développé, le commerce était fini de payer, mis en gérance et ils avaient également pu faire l’achat d’un petit pavillon de banlieue à Sartrouville qu’ils payèrent comptant.

Ma mère, en dehors de celui de l’épicerie qui la plongea dans d’horribles angoisses, n’a jamais fait un crédit de sa vie. Nous n’avons jamais, malgré le salaire, au départ médiocre, de mon père, manqué de rien. Ma mère y veillait. La voiture (une 4 CV), le frigo, la machine à laver, toujours payés avec l’argent d’hier et jamais celui de demain, nous en fûmes vite équipés. Pour la télé, il fallut attendre 1960, vu le peu d’enthousiasme que ressentait ma mère vis-à-vis d’un achat non-essentiel à ses yeux. Le frigo était toujours rempli mais son contenu excluait toute coûteuse fantaisie. Un congélateur vint bientôt compléter nos capacités de stockage.

Dire que l’ambiance familiale était joyeuse serait exagéré. Austère conviendrait mieux mais en dehors de la fantaisie et de la spontanéité, nous ne manquions de rien. J’en sortis bien décidé à vivre autrement.

Entré dans la vie professionnelle à dix-huit ans, mes débuts financiers furent hasardeux. Je rejoignis, par réaction, ceux à qui, selon l’expression maternelle « il manque toujours 20 sous pour faire un franc » mais en cas de coup dur, je pouvais compter sur le parachute parental…

 La vie continua avec des hauts et des bas que j’ai ailleurs narrés. Selon le proverbe que j’ai forgé pas plus tard qu’hier sur Facebook « Radotage et ronchonnage sont les deux mamelles de la sénilité », j’éviterai donc d’en refaire mention.

Toujours est-il que voici bientôt douze ans un héritage vint compléter mes maigres économies. Rien de mirifique mais suffisant pour me mettre à l’abri de toute angoisse du lendemain à condition de se montrer raisonnable. Ayant bazardé ma résidence secondaire et les frais inhérents à la rejoindre et à l’entretenir , les ressources que me procurent mes sept retraites (rançon d'une carrière variée), même si je demeure un « foyer modeste » sont bien supérieures à mes dépenses courantes. Dans cette France où la misère est censée galoper, je dois être un des rares à ne pas se plaindre. Il n’empêche que me reste un soupçon de peur de manquer qui fait que j’ai en permanence un stock de nourriture et de boissons qui conjure toute angoisse du frigo vide tout en oblitérant les petites joies que peut connaître Fredi en revivant un manque que je n’ai de fait jamais connu.

samedi 25 février 2023

N’est-ce qu’un au revoir ?

 

Certains, dotés d’un sens de l’observation particulièrement développé, l’auront remarqué : l’activité de ce blog s’est notablement réduite ces derniers temps. Une photo publiée en presque deux mois, c’est peu.


Serais-je à court d’inspiration ? Pas vraiment. Des sujets d’articles, il en pleut à verse. Pas plus tard que ce matin l’actualité fourmille d’événements propres à stimuler la réflexion : M. Macron inaugure le Salon de l’Agriculture, un mineur isolé s’est fait écrabouiller par un TGV, M. Zelensky envisage la victoire, M. Palmade aurait été vu traverser en dehors des clous, des manifestations sont prévues un peu partout (histoire de protester), hier, ma voiture a été recalée au contrôle technique, comme souvent en Normandie, le ciel bas et lourd fait rien qu’à peser comme un couvercle sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, une pénurie de nouilles menace, le prix du rutabaga repart à la hausse, etc.


On a l’embarras du choix ! Que de belles pages seraient à écrire sur chacun de ces sujets ! Le seul hic, c’est que je préfère laisser ce plaisir à d’autres qui sauraient mieux (ou moins bien) que moi en extraire la substantifique moelle. Il se trouve simplement que je n’en éprouve aucune envie. Le plaisir que j’éprouvais (ou aurais pu éprouver) à traiter des questions qui occupent la France et le Monde comme le choix d’un NAC, les pays où ne foutre les pieds sous aucun prétexte, l’âge optimum où prendre une retraite méritée (ou pas) en fonction de son signe astrologique et du degré d’hygrométrie moyen de son lieu de résidence, le juste prix du kilo de topinambours bio, en quels termes adresser une demande en mariage à Mme Sandrine Rousseau et/ou à M. BHL, comment sauver à peu de frais la planète sans être malade le lendemain, les désagréments que peut entraîner une surconsommation de cassoulet en intraveineuse, ce plaisir donc, « s’en est volé ». Exactement le même coup que fit le temps de sa jeunesse au bon François Villon.


Comme disait l’autre, avec le temps…


C’est sans amertume aucune que je crains d’écrire ce jour mes dernières fariboles. Il se peut cependant qu’un temps vienne où l’envie me reprenne de futilement discourir, vu qu’il ne faut jamais dire jamais. On verra bien.


Étant dans un bon jour, j’ai également décidé de rouvrir un temps les commentaires. Que ceux que j’ai pu distraire un instant et qui en auraient l’envie ne se privent pas d’en profiter.

dimanche 1 janvier 2023

Voeux

 


Comme le veut la tradition, je présente à tous mes lecteurs mes meilleurs. Une chose me paraît sinon assurée du moins probable : au train où vont les choses, 2023 sera meilleure que 2024. A moins, bien entendu, qu’un conflit nucléaire vienne empêcher toute comparaison.

Cela dit, j’ai vaguement entendu les vœux que nous à adressés notre bien aimé président. Nous prenions l’apéro du soir (espoir). Mon oreille fut pour le moins distraite. Cela me rappela les temps déjà anciens où je travaillais comme prof de français dans une célèbre œuvre secourant les enfants en grande difficulté et plus précisément certain banquet de Noël qui regroupait le personnel. J’étais assis près d’une collègue et de son mari. Nous étions plus d’une centaine attablés sous la verrière de la grande cour vitrée du château. Le vacarme des conversations et des bruits de couverts était plus ou moins dominé par les propos de l’animateur que relayaient une puissante sonorisation. Un petit problème cependant : l’enthousiasme et la bonne volonté du brave homme qui s’époumonait au micro ne parvenait pas à contrebalancer le fait qu’atteint d’une malformation du palais, ses paroles étaient totalement incompréhensibles. Se penchant vers sa femme, le mari de ma collègue lui demanda : « Qu’es-ce qu’il raconte ? » à quoi elle répondit : « Les mêmes conneries que l’année dernière ». Ces propos peu charitables reflètent ce que je ressens lorsqu’il m’arrive d’entendre une des multiples interventions de notre vénéré président.

Dieu qu’il est chiant ! Comme le brave animateur que j’évoquais, comment ne se rend-il pas compte qu’il est à un orateur ce qu’est le climat normand à celui d’une île paradisiaque ? Qu’à part provoquer la somnolence de son auditoire ses propos sans intérêt n’ont aucun effet ? Il nous parle du redressement de la France, des bienfaits incommensurables de l’Union Européenne, des efforts à fournir et des sacrifices à consentir, de la nécessaire union à maintenir au sein d’un peuple dont il ne semble pas remarquer la profonde archipellisation, des problèmes qu’entraîne le contexte international que nous ne manquerons pas de résoudre en se ralliant à son panache plus ou moins blanc, du contrôle des frontière qu’il assurera un jour... Et il n’en finit pas, il se répète, son trop long discours se fait interminable. On espère que chaque phrase sera la dernière mais c’est comme les cheveux d’Éléonore : quand y’en a plus, y’en a encore ! On a envie de lui dire, comme à un enfant attardé qui, à vingt-cinq ans passés placerait ses espoirs dans Papa Noël, que l’Europe, ou plutôt L’UE, n’est pas la solution à tout, que 27 glandeurs maladroits abattent moins d’ouvrage qu’un seul habile bosseur. Et puis on se retient par crainte qu’il n’écoute pas ou par cette pitié qui nous fait répugner à briser un rêve de gosse si chimérique soit-il. Ne voit-il pas qu’il n’a été par deux fois élu que par défaut ? Qu’il n’est que le triste produit d’un pays peuplé de vieillards frileux ?

Finalement il s’arrête. On en est soulagé. C’est rassurant, ça rend optimiste : les pires choses ont donc une fin ! Hélas, thuriféraires et ergoteurs stipendiés prennent le relais pour louer son génie ou blâmer le vertigineux abîme de son absence de vision. Heureusement, un autre événement dérisoire viendra sous peu renvoyer ce dernier pet dans la toundra au néant qu’il n’eût jamais dû quitter...

jeudi 29 décembre 2022

Faut-il pleurer, faut-il en rire ?

 


Le hasard a fait que, lundi dernier, j’ai allumé par mégarde la radio de ma voiture et qu’un sort malin a voulu que la station fût France Inter. Il était un peu plus de 14 heures et l’émission « La Terre au carré » commençait.

Toujours soucieuse de donner la parole à ceux qui pensent (et parlent) correctement, l’émission débuta par des messages d’auditeurs. Je me suis immédiatement senti dans un autre monde. La première intervenante, une jeune femme à sa voix, était en total désarroi : elle demandait conseil sur la manière de parler à son entourage afin qu’il partage ses lubies idéaux. Elle tentait de prêcher par l’exemple : entre autres actions d’éclat au service de la planète, elle avait réduit (ou supprimé) sa consommation de viande, changé de banque (?!), et ne prenait plus l’avion ! Malgré cela, il semblait que ses proches n’eussent rien à cirer de ses exhortations. Ainsi, un copain devait venir lui rendre visite en prenant l’avion ! Que fallait-il qu’elle fît, seule contre tous ? Que leur dire ? Comment leur faire comprendre ?

Une autre intervenant en avait contre les rallyes automobiles ( Paris-Dakar, 24 heurs du Mains (!!!), etc.) qui gaspillaient quantité de carburants fossiles sans le moindre remord de leurs incommensurables crimes.

Ensuite, un « spécialiste du nazisme » se lança dans un parallèle entre l’idéologie hitlérienne et certains aspects de la société consumériste : par exemple les deux étaient partisans d’une exploitation éhontée des ressources minières de la planète et en faveur d’une croissance économique sans limite.

J’ai éteint.

J’avoue que ces « sauveurs de la planète » me laissent pantois. Leurs « actions » leurs indignations, leurs rapprochements audacieux entre des choses qui n’ont rien à voir entre elles me paraissent dérisoires, pitoyables ou risibles. Qu’importe si la jeune femme ne parvient pas à convaincre ses amis ? Quelle part de la consommation mondiale de carburants fossiles représentent les courses automobiles ? Le Parti Communiste Chinois, dirigeant un pays productiviste et grand utilisateur de ressources minières est-il un proche parent du nazisme ?

Il me semble que ceux qui croient en une imminente destruction de la planète (ou plus exactement de la vie sur celle-ci) devraient s’y résigner car la totale transformation des modes de production et de consommation que la réalisation de leurs rêves impliquerait ne saurait se faire du jour au lendemain. Comme un Titanic que son erre entraîne irrémédiablement vers l’iceberg, la catastrophe qu’ils envisagent apparaît inéluctable. Leurs efforts individuels, les multiples interdictions qu’ils préconisent ne changeront rien. Des colibris qui font leur possible pour lutter contre le feu qui ravage la forêt, des fourmis qui pissent dessus pour arrêter l’incendie, voilà à quoi me font penser leurs « actions ». Si la maison brûle vraiment, c’est à sa reconstruction qu’il faudra penser sa destruction terminée. Le reste est bavardage de mouches du coche.

lundi 26 décembre 2022

2000

 


Eh oui, aujourd’hui je publie le deux millième article de ce blog. Le 11 septembre 2011, paraissait le premier. Une lectrice me fit alors remarquer que ce dixième anniversaire des attentats du World Trade Center était une date de lancement un peu bizarre. J’avoue à ma courte honte que cette coïncidence m’avait totalement échappé. Onze ans et trois mois se sont depuis écoulés mais il est toujours là. Bien des choses ont changé depuis, j’y reviendrai.

Vu que mes articles occupent généralement l’espace d’un feuillet Word, réunis en un (ou deux) tomes, ils s’approcheraient par le nombre de pages de Guerre et Paix ou de la Recherche du temps perdu. Cependant, l’apparente similitude s’arrête au volume : le nombre de princes et de comtes qu’on y croise y serait nettement inférieur à celui que compte l’œuvre de Tolstoi, quant aux subtiles analyses sur les personnages et la vie mondaine de Marcel Proust, en rechercher ici la moindre trace mènerait à l’échec. Et d’ailleurs qui songerait à publier pareil ouvrage ?

Sur ces deux mille articles, plus de la moitié sont parus entre 2011 et 2014. Depuis, le rythme a beaucoup baissé. Comme la fréquentation. C’est la destinée de la plupart des blogs. Sur les vingt et quelques que compte ma blogroll, la plupart ont trépassé. Faute d’inspiration ? Faute de lecteurs ? Faute à la lassitude ? Faute à une prise de conscience de la vanité de l’exercice ? Faute à la conjonction de tout cela ? Va savoir…

La baisse de mes publications s’explique facilement : bien que je garde peu de souvenirs de mes écrits comme de mes lectures, j’évite autant que faire se peut de trop radoter. Une fois que l’on a dit ce qu’on pensait de telle ou telle question sociale ou de tel personnage à quoi bon y revenir ? L’actualité ne consistant généralement qu’en de nouvelles confirmations de la folie ambiante, comment s’y appesantir ? Les sujets se raréfient, c’est inéluctable.

Quant à la fréquentation, sa baisse s’explique par une possible lassitude des lecteurs. Les blogs sont un peu (euphémisme) passés de mode. La récente (trois mois déjà) fermeture des commentaires n’a pas arrangé les choses on ne revient plus voir si quiconque a réagi à ce qu’on a écrit. Je ne regrette nullement ce changement tant était intense le désagrément que provoquait en moi les importuns. Avec le temps, je ne supporte plus qu’on m’emmerde. Par ailleurs, le bond que provoque dans les statistiques chaque nouvel article me prouve que, si tant est que je prêche, je ne le fais pas dans un total désert. Combien êtes vous à me lire plus ou moins régulièrement ? Difficile à déterminer ! Quelques dizaines ? Une centaine ? Plus ? Moins ? Mes compteurs divergent tant qu’il serait hasardeux de se fier à eux. Qu’importe au fond ?

Je crois que tant que me viendront des idées, pas nécessairement originales ni d’un grand intérêt, je prendrai plaisir à les exprimer. Pour paraphraser Aragon, j’écris pour passer le temps, petit qu’il me reste de vivre...


vendredi 23 décembre 2022

Noël

 

Je ne suis pas un fanatique de Noël (euphémisme). Je ne vous conterai pas pourquoi je me suis progressivement détaché de cette fête dont la seule magie, à mes yeux, est de pousser une multitude de gens à acheter une multitude d’objets et force bouffe. C’est l’occasion d’échanger des cadeaux. Dans le meilleur des cas, les braves gens se creusent la tête pour trouver des présents qui plaisent vraiment à leurs destinataires. Pas facile car en nos temps de surabondance, ils ont déjà « tout ». Dans le pire, on trouve toujours une babiole à Emmaüs ou chez Gifi qui évitera d'arriver les mains vides. Les récipiendaires s’extasient hypocritement sur la magnificence des cadeaux reçus. Dès le lendemain, il arrive de plus en plus qu’ils les mettent en vente sur Le bon coin, ce qui prouve l’exquise délicatesse des mœurs contemporaines.

Ce Noël 2022 sera le cinquième d’affilée que je passerai seul. Inutile d’alerter les Petits frères des pauvres ni les Petites sœurs des riches dont je n'ai plus guerre d'usage sur ma détresse. J’en suis parfaitement content. Pour moi, ce jour est un jour quasi-ordinaire parmi les 365 autres que compte une année non-bissextile. Comme demeurent en moi quelques réminiscences de soirs du 24 décembre festifs, je marquerai légèrement le coup d’un dîner quelque peu amélioré (foie gras, saumon fumé, pavé de biche sauce grand veneur) mais rien de plus. Pas de sapin, de crèche ni de guirlandes électriques ou pas.

L’atmosphère de joie obligatoire (ou de misère profonde pour les isolés) qu’est supposée provoquer cette fête que la déchristianisation a privée de son origine religieuse m’agace. Les grandes bouffes qui remplacent les messes de minuit commémoratives de jadis m’irritent également surtout que j’ai de plus en plus de mal à les digérer.

Que l’on respecte, comme je le disais dans mon précédent article, les traditions de notre pays me paraît essentiel. Que l’on ait ou non la foi, nous sommes , encore pour un temps, un pays majoritairement de culture catholique. Accepter que le mercantilisme éradique nos racines paraît à mes yeux de non-croyant inacceptable.

Bien sur, je vois tout cela de mon balcon d’individualiste, peu enclin à partager toute liesse populaire, qu’elle soit religieuse, politique, footballistique ou autre. Je souhaite néanmoins à ceux qui le fêtent un sincère


N.B. : Dans ma recherche d’image, c’est en vain que j’ai attendu de voir apparaître, en googlant « Joyeux Noël » des images associant Nativité et Noël : des sapins, des Pères Noël, des « Joyeuses fêtes » mais aucune crèche ! Voilà où nous en sommes.

mardi 20 décembre 2022

Le scandale des crèches

 

Scène insupportable ! 

La ligue des Droits de l’Homme mène ces derniers temps un combat sans merci contre l’installation de crèches de Noël dans certaines mairies. On ne peut que comprendre, apprécier et soutenir ses glorieuses attaques contre cette atteinte inadmissible aux valeurs de la république. Imagine-t-on les dommages psychologiques irréparables que la présence de ce symbole obscurantiste d’une violence inouïe peut infliger au républicain sincère qu’une démarche quelconque contraint à se rendre durant la période des fêtes de fin d’année dans la maison commune ?

En fait, je trouve ces héros de la laïcité un peu timides. Ce n’est pas seulement contre les crèches que devraient porter leurs héroïques combats mais contre la fête de Noël elle-même. Si certains vont jusqu’à contester l’étymologie couramment reconnue de « natalis (dies) » (voir à ce sujet l’intéressante étude de phonétique historique qu’en donne Wikipedia) pour lui opposer une étymologie gauloise (noio (nouveau) hel (soleil) qui rapprocherait la fête de la nativité de la célébration païenne du solstice d’hiver qui tombe environ à la même date. Cela est bel et bon mais outre que, dans ce cas, deux mille ans d’évolution phonétique des langues n’auraient quasiment pas affecté ces deux mots, il n’empêche que les Italiens fêtent « Natale » et les Portugais « Natal » le même jour et que pour ces deux cas l’étymon latin « natalis » est difficilement contestable. Quoi qu’il en soit et syncrétisme ou pas une tradition plus que millénaire fait que le 25 décembre les catholiques et les autres chrétien (en dehors des orthodoxes) fêtent la naissance du Christ. Comment un esprit véritablement laïque pourrait-il accepter qu’une telle tradition perdure à notre époque ?

La seule solution serait de supprimer purement et simplement cette fête comme le fit le calendrier révolutionnaire où le 5 nivôse (25 décembre) était devenu le « jour du chien ». Faudrait-il, dans un élan de républicanisme sincère, rétablir ce calendrier hélas disparu le 11 nivôse de l’an XIV (1er janvier 1806)  ? Tout esprit sainement construit comme celui de nos droit-de-l’hommistes de choc ne pourrait qu’approuver une telle réforme.

Seulement, quelques dangereux réactionnaires voudraient, en dépit de toute logique républicaine, maintenir le lien entre Noël et la nativité du Christ. A leurs yeux (faut-il qu’une coupable folie les aveugle!), un Noël sans crèche serait comme un match de football sans ballon, un repas sans fromage, une belle à qui il manquerait un œil ou un M’Bapé sans Macron. Révolution merci, il existe encore dans notre cher pays des êtres de progrès désireux de piétiner toute tradition visant à maintenir l’obscurantisme.

dimanche 18 décembre 2022

Ce sera sans moi !

 

Ils ont l'air contents !

Il semblerait, si l’on en croit les media, qu’ait lieu aujourd’hui au Qatar un événement d’une importance primordiale. Ce n’est pas pour rien que notre adoré président fait le déplacement ! L’enjeu est de taille : les deux équipes en jeu s’affrontent pour accrocher une troisième étoile à leur glorieux maillot ! Ce qui ne m’impressionne pas tant que ça, vu que le litron consigné d’antan en avait cinq et que le maréchal Pétain en portait sept sur son képi sans être particulièrement révérés aujourd’hui.

Il semblerait que la Nation unanime doive soutenir l’équipe des bleu-foncé (les argentins étant en bleu-pâle si je ne me trompe). Eh bien figurez vous, mes chers amis que loin de soutenir « notre » équipe, j’ai plutôt du mal à supporter cet engouement, qu’il soit général ou supposé tel. En fait, le sport en général et le foot en particulier me laissent totalement indifférent. Comme bon nombre de mes compatriotes (seuls une vingtaines de millions de téléspectateurs ont regardé la demi-finale), je ne regarderai pas le match qui se déroulera à des heures que je consacre à la lecture et à la sieste. Tout juste m’enquerrai-je du résultat histoire de savoir, en cas de victoire, s’il sera utile d’éviter les tombereaux de dithyrambes qui ne manqueront pas de se déverser sur les antennes ou les airs piteux des commentateurs endeuillés en cas de défaite.

Mon désintérêt pour le foot remonte à mon enfance. Je n’ai jamais été sportif, mon physique ne m’y prédisposant pas vraiment, j’étais plus attiré par la lecture. Avec le temps, ça ne s’est pas arrangé. Les débordements de joie puérile que déclenchent les sports chez leurs adeptes comme chez leurs amateurs ne sont pas dans ma nature, c’est dommage, peut-être, mais c’est comme ça. Même si un de mes auteurs favoris s’était vu décerner le prix Nobel, ça ne m’aurait pas fait descendre dans la rue pour fêter ça. Il faut bien reconnaître qu’un tel prix, quelle qu’en soit la discipline, ne déclenche jamais l’enthousiasme des foules et que si cette nouvelle m’avait poussé à traverser mon village en klaxonnant, j’aurais probablement été le seul à le faire.

Après mon casse-croûte, j’irai donc retrouver ce brave Dortmunder dont je ne me lasse pas avant de somnoler. Une fois de plus je manquerai de partager la liesse ou la tristesse supposées générales. Aux footeux qui me liraient, je souhaite cependant un bon match, même s’il n’y participent pas activement.

mercredi 14 décembre 2022

Espagne 1970 (2)

 


Nous arrivâmes à Madrid le jour suivant et trouvâmes un hôtel dans le centre,non loin de la Gran Via alors nommée Caille Jose Antonio,  « fondateur et héros » de la Phalange espagnole. En passant devant certaines églises nous pûmes voir des régiments entiers faire la queue pour aller à confesse. Curieux spectacle ! Le soir, nous assistâmes à la procession du Vendredi Saint et vîmes, entre autres, défiler la croix rouge en grand uniforme et casque allemand, des armées de pénitents vêtus de « nazaréens » de couleurs vives et de « capirotes » pointus portant des statues de la Vierge et du Christ. Tout cela au son des tambours et des heures durant. On dira ce qu’on voudra mais en ces dernières années du Franquisme, ça avait de la gueule.

Le lendemain, nous visitâmes le Prado. L’Amerloque se refusa à y visiter les antiquités romaines vu qu’il en avait déjà vu suffisamment en Italie ce qui me laissa frustré et pantois. De manière générale, sa compagnie, mis à part qu’il nous servait de chauffeur, était plutôt désagréable du fait que peu de choses lui plaisaient. Je me souviens, vue sa totale ignorance de la langue, avoir dû renvoyer trois bols de café aux cuisines de la pension où nous résidions pour différents motifs : il voulait du café sans lait, puis sans sucre avant de rejeter le troisième sous prétexte qu’il n’avait pas le goût du café américain. Il m’embarrassait. Il était né trop tôt ! De nos jours, il pourrait vivre à l’Américaine partout en Europe.



Les meilleures choses, comme les pires et les médiocres ayant une fin, il me fallut prendre le chemin du retour. Des étudiants Nantais, revenant de faire un déménagement au Maroc me prirent à bord de leur fourgon à la sortie de Madrid où m’avait conduit gratuitement un taxi obligeant et violemment anti-franquiste. Arrivés à Irun, ils me demandèrent de descendre et de passer la frontière à pied, m’assurant qu’ils me reprendraient après le pont sur la Bidassoa et le poste-frontière. Je n’étais pas très fier lors de ce passage car j’avais pris soin de bourrer mon duvet de nombreux paquets de Ducados, cigarette brunes au goût infect mais au prix modique. Je n’eus aucun problème à la frontière et, comme promis, mes compagnons de route me reprirent passé le pont. Quelques kilomètres plus loin, ils s’arrêtèrent sur le bord de la route, l’un d’eux ouvrit le capot du fourgon et en sortit un paquet qu’ils ouvrirent. Il contenait des boites d’allumettes remplies d'herbe qui fait rire qu’ils avaient ramenées du Maroc pour mieux rentabiliser leur voyage. Ainsi s’expliquait leur curieuse requête à la frontière : il voulaient m’éviter les ennuis qu’auraient pu m’occasionner la découverte de leur paquet, ce qui, quoi qu’on en pense est tout de même gentil. Nos routes bifurquant, je continuai mon chemin avec pour seul événement « marquant » une nuit passée dans mon duvet sous un abribus à la sortie d’Angoulême. Pas du tout agréable, à vous décourager de finir clodo. N’avais-je pas trouvé de chambre ? N’avais-je plus un sou vaillant ? Va savoir…

J’ai, depuis fait plusieurs séjours en Espagne dans des conditions moins « aventureuses ». J’ai pu, au fil du temps, voir le pays changer au point que l’on s’y sent de moins en moins dépaysé. C’est bien dommage.


mardi 13 décembre 2022

Espagne 1970 (1)

 


Je ne me souviens plus pourquoi mais en 1970, à l’approche de Pâques, me vint l’irrépressible envie d’aller découvrir un peu l’Espagne. Devant, peu après la rentrée des classes passer mon CAP (Certificat d’Aptitude Pédagogique) d’Instituteur, je ne pus consacrer qu’une semaine à ce voyage. Mon budget étant limité, afin de pouvoir me payer chambres d’hôtel et restaurants, je décidai, bien que possédant une puissante limousine ( une 2 CV Citroën, pour être précis), de rallier Madrid en stop. 2200 km aller-retour en 7 jours, ça paraissait jouable. Ce le fut. Ce périple fut l’occasion de moult rencontres. J’en narrerai ici les plus marquantes.

En ces temps post-soixante-huitards, lever le pouce n’avait rien de trop hasardeux. Les automobilistes s’arrêtaient volontiers. Des braves gens qui me transportèrent, seuls certains me restent à l’esprit. Ainsi, l’un d’eux affublé d’une affreuse laideur m’emmena jusqu’à Niort. Malheureusement, il se mit en tête de me faite découvrir le Niort-by-night dont il me donna un aperçu bien sordide. Sans douter de l’intérêt de la chose, l’idée d’être vu en compagnie de ce quasi-monstre en quelque endroit que ce fût ne me séduisait guère. Il me fallut mobiliser toutes les ressources de ma diplomatie pour me débarrasser de cet inquiétant compagnon. Un autre « brave » homme d’age moyen insista pour me détourner de mon itinéraire pour m’emmener jusque chez lui où il m’hébergerait. Vu qu’il n’arrêtait pas de me malaxer le genou et que je trouvais inquiétant que lorsque je lui expliquai que quitter les routes principales pour de plus secondaires, revenait à quitter la proie pour l’ombre il me répliquât « Suis-je la proie ou suis-je l’ombre ? ». Quel qu’il ait été, je finis par me dépatouiller de cette situation embarrassante.

Je parvins sans autres problèmes à gagner le centre de San Sebastian où je fis la rencontre d’un jeune auto-stoppeur suisse projetant de se rendre à Madrid. Nous décidâmes de lier nos destins. Alors que nous demandions à un passant notre chemin pour quitter le centre-ville, le chasseur de l’hôtel cossu en face duquel nous nous trouvions se rua sur nous afin de nous chasser, pensant que nous mendiions. Il faut dire que nos cheveux longs et nos sacs surmontés de duvets pouvaient prêter à confusion. Notre informateur dissipa ce malentendu.

A la sortie de San Sebastian, nous fûmes pris en charge par un jeune Américain qui, au volant d’une Triumph Spitfire décapotable flambant neuve nous déclara se rendre à Madrid. Il faisait, ses études terminées, son Tour d’Europe comme il sied (ou seyait?) aux jeunes Étasuniens fortunés. C’était le premier Américain que je rencontrai. Dire qu’il avait une personnalité fascinante serait exagéré. Nous fîmes une halte d’un soir à Soria et, ayant trouvé un hôtel, nous nous accordâmes un apéro. La clientèle du bar où nous le fîmes nous accueillit avec enthousiasme. C’était à qui nous paierait son canon. Il faut dire qu’à Soria, durant cette glaciale Semaine Sainte, le touriste se faisait rare, alors, pensez, trois à la fois et de nationalités différentes, ça s’arrosait. Passant de groupe en groupe, buvant force verres et nous empiffrant de tapas (elle étaient gratuites en ces temps bénis !), nous quittâmes nos nouveaux amis un peu chancelants et rassasiés. Un détail me frappa : sur les murs se trouvaient des photographies où des hommes portaient sur leurs épaules une perche où pendait, attaché par les pattes, un animal que l’on me confirma être un loup. C’était un époque où l’on n’avait pas encore remarqué toutes les aimables qualités de ce carnivore alors éradiqué de France. D’ailleurs, ce n’est qu’en 2021 que sa chasse fut prohibée en Espagne…