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vendredi 31 mars 2023

Va te faire créoliser chez Plumeau !

 


M. Mélenchon est une homme remarquable. Très remarquable. C’est d’ailleurs pour cela qu’on le remarque. Tout le monde s’accorde à lui reconnaître une culture immense et un talent de tribun sans pareil. Les discours que lui et les penseurs qui l’entourent et lui apportent un soutien indéfectible (ou presque) ne saurait donc nous laisser indifférents.

Durant son débat avec M. Zemmour ( le 23 septembre 2021sur BFM), à l’« assimilation » prônée par son opposant qui selon lui ne marche pas, il opposa la « créolisation », solution-miracle aux problèmes que serait censé provoquer le « changement de population »* qu'entraîne une immigration aussi massive qu’inéluctable et enrichissante.

« Créolisons nous ! » serions nous tentés de nous exclamer, tant il est tentant de suivre les conseils de ce phare de la pensée universelle. Toutefois, les plus méfiants d’entre nous seraient amenés à se poser la question : « Qu’est-ce que la créolisation ? ». 

Le concept fut créé par M. Édouard Glissant, écrivain antillais. Voici comment il la définit dans un entretien accordé au journal Le Monde : « L’apparition de langages de rue créolisés chez les gosses de Rio de Janeiro, de Mexico, ou dans la banlieue parisienne, ou chez les gangs de Los Angeles. C’est universel. Il faudrait recenser tous les créoles des banlieues métissées. C’est absolument extraordinaire d’inventivité et de rapidité. Ce ne sont pas tous des langages qui durent, mais ils laissent des traces dans la sensibilité des communautés. » Créolisation linguistique mais également civilisationnelle et « raciale » (via le métissage) chez M. Mélenchon, les diverses cultures se mêlant en s’enrichissant. C’est ce qu’on appelait aux États-Unis le Melting pot à ceci près que cette « fusion » était censée se faire autour des valeurs et de la langue des Anglo-saxons. On peut d’ailleurs constater que le succès de ce « creuset » est très relatif car aux États-Unis on voit davantage des communautés se juxtaposer que se fondre en une communauté unique et parfaite.

Au niveau linguistique, s’il y a apparition de créoles dans nos jolies banlieues, cela ne signifie pas qu’ils soient homogènes et compréhensibles de tous d’une extrémité de l’Hexagone à l’autre. Ils s’agirait donc plutôt de l’émergence de nouveaux patois. Il aura fallu aux rois puis aux républiques des siècles pour imposer une langue et une orthographe commune à notre pays ce qui impliqua la quasi-disparition des patois et langues régionales à son profit. Il faudrait donc, pour maintenir un semblant d’unité nationale qu’émerge un « créole de synthèse standardisé » qui viendrait remplacer le français dans les écoles. En admettant que ce soit souhaitable, qu’adviendrait-il de notre littérature? Faudrait-il la traduire en « créole standardisé » ?

Si l’on suit ce bon Jean-Luc, l’intégration devrait précéder la créolisation. Le concept d’intégration est souvent un peu fumeux. Basons nous donc sur la définition simple et claire, comme celle qu’en donne Le Robert : « Assimilation (d’un individu, d’un groupe) à une communauté, à un groupe social ». A la différence de nos gauchistes, M. Robert (à croire que c’est un esprit simpliste) ne fait pas vraiment de différence entre l’impossible assimilation de M. Zemmour et l’indispensable intégration de M. Mélenchon ! Quoi qu’il en soit, on voit mal comment on pourrait s’assimiler ou s’intégrer à un groupe et a fortiori à la société française sans en assimiler la langue ce qui aurait pour corollaire l’inutilité de la créolisation linguistique.

Pour ce qui est du métissage « racial » auquel M. Mélenchon semble trouver d’immenses mérites, pour qu’il se généralise (comme ce n’est le cas aujourd’hui que dans les spots publicitaires), encore faudrait-il qu’il soit précédé par le « vivre-ensemble » spatial et que les mariages endogames (géographiques, sociaux, professionnels ou religieux) s’atténuent. Ce qui n’est pas pour demain et que la créolisation gênerait voire empêcherait.

En résumé il me semble que, malgré l’admiration et le respect qu’il m’inspire, M. Mélenchon a tout de même une légère tendance à, comme m’en accusait dans ma jeunesse mon oncle Charles, en jouant sur les mots « raisonner comme un coup de marteau dans la merde ».

Vu que la société qu’il nous propose que ce soit au niveau économique ou civilisationnel ne m’attire que très peu, je lui conseillerai d’« aller se faire créoliser chez Plumeau » si ça lui chante.

*Ne pas confondre ce « changement » avec un « remplacement » auquel seuls de mauvais esprits croient. Ça n’a absolument rien à voir.

14 commentaires:

  1. La Marseillaise sera remplacée par "comme dans les tableaux du douanier Rousseau"?
    Pangloss

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  2. Votre article - qu'on n'oserait nommer "billet" - commençait très bien : M. Mélenchon est incontestablement un homme remarquable ! D'aucuns le voient en Premier ministre ou même en prochain Président de notre belle République ! Alors pourquoi tout gâcher avec toutes ces questions sur la créolisation ?
    N'importe quel étranger arrivant en France et allumant la télé sur n'importe chaîne, pourrait constater que cette créolisation est bel et bien accomplie, et Edwy Plenel ne déclarait-il pas tout récemment : la chance pour la France est d'être le premier pays musulman d'Europe ?

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    1. Je sais, mais bien que remarquable, il arrive, exceptionnellement certes, que M. Mélenchon se mette à déconner à plein tube. En choisissant ce terme créé par M. Glissant qui lui donne un aspect linguistique et culturel, je trouve curieux qu'un licencié-ès-Lettres aussi brillant que lui puisse ne pas envisager les conséquences culturelles et linguistiques q'un tel phénomène entraînerait fatalement. Il est tout à fait possible que son but, une fois la société de ses rêves mise en place, soit la destruction de notre culture. Dans ce cas, il serait bon qu'il le signale.

      Je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait que la créolisation soit accomplie. Si les annonceurs nous proposent si volontiers une France métissée, c'est pour montrer aux minorités ethniques qu'elles sont prises en compte et afin de ne pas courir le risque d'être accusés de les ignorer et de pratiquer l'exclusion. Ils en font "un peu" top, mais c'est pour la seule cause qui pour eux est bonne : vendre à tous en ne froissant personne.

      Quant à M. Plenel, comment lui en vouloir ? Autant reprocher à un clown de débiter des sottises...

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    2. Allez faire un tour sur le site de l'INSEE qui est intarissable sur les immigrés leur nombre, leur origine etc., Oncle Jacques.
      En 2021 ils étaient 7 millions et représentaient 10,3% de la population française. expliquez-moi donc comment vous feriez pour "les ignorer" ou même pour essayer de "pratiquer l'exclusion" ?
      Le plus triste de cette histoire c'est que je suis moi-même une immigrée qui se considère comme parfaitement assimilée bien que Suissesse d'origine. Mais j'ai comme un doute sur la proportion des immigrés suisses ?

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    3. Entendons nous bien : je suis loin de considérer que l'immigration n'est pas massive ! Je dis simplement que nous allons davantage vers le communautarisme que vers la créolisation (du fait, entre autres, de l'endogamie que souligne l'INSEE) qui impliquerait un melanges des divers peuples (y compris le peuple d'origine).
      Pour ce qui est des Suisses et Suissesses, leur nombre est, comme vous le craignez, plutôt réduit...

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  3. Cet article sent le copié-collé...

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    1. A part les citations, rien n'est copié-collé. Désolé de vous décevoir mais je ne fais qu'exprimer mes vues personnelles sur les dégoiseries de l'irremplaçable Jean-Luc. Je le fais en tant qu'ex-prof de français à qui il arrive d'avoir quelques idées sur notre langue.

      Si ce sont les différences de taille des lettres qui vous ont amené à votre remarque, sachez que cela se produit lorsque l'on intègre une citation venue d'ailleurs dans un document word. Je vais tenter de remédier à cela. Je me sentirais déshonnoré de publier un texte qui ne soit pas de moi sans le signaler.

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    2. J'ai résolu le problème des tailles de caractères.

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  4. C'est indéniable. Mais la créolisation est tout le contraire de la communautarisation à laquelle nous assistons en ce qu'elle mènerait à l'émergence d'une nouvelle culture partagée.

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  5. Est-ce que le fait que des musulmans défilent dans Londres et ailleurs en Angleterre en demandant d'appliquer la charia à l'encontre des homosexuels, ou que le premier ministre écossais est maintenant un musulman quasi radical qui trouve qu'il y a trop de blancs en Ecosse (deux exemples récents parmi 1000) relève de la créolisation ou du communautarisme ?
    .

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  6. Du communautarisme dans ce qu'il a de pire : le désir de minorités d'imposer leurs moeurs ou de dominer la majorité. Dans tout cela, ce sont les Britanniques qui sont responsables de par leur acceptation du communautarisme et leur peur de passer pour racistes qui leur fait accepter l'inacceptable comme par exemple le traitement par des tribunaux islamiques de certains délits. Ils ont voté pour le Brexit se sentant envahis par les Polonais mais ne trouvant rien à redire à ce que des parties importantes de leurs villes (quand ce n'est pas l'ensemble comme à Londres) soient aux mains des immigrés d'Asie du sud (Inde ou Pakistan). Dans le London Borough of Newham où je vivais et travaillais, l'anniversaire du Guru Nanak, fondateur du sikhisme, était férié !N'allez pas pour autant penser que ces nouvelles population en sont contentes : ils se sente toujours persécutés !

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  7. " C'est d'ailleurs pour cela qu'on le remarque".
    N' y aurait-il pas là comme un souffle d'ironie de votre part ?

    Galatine.

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