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mardi 27 septembre 2016

Passage en caisse

Demain j'atteindrai, sauf accident subit, mes deux tiers de siècle d'existence. La vie commençant, comme chacun sait, à soixante ans, j'approcherai du même coup ce fameux Âge de raison traditionnellement fixé aux alentours de sept ans. A ne pas confondre avec L'Âge-Déraison, roman offrant une biographie imaginaire de M. Johnny Halliday que fit paraître M. Daniel Rondeau en l'an de grâce 1982 et qui me fit alors grande impression.

Aborder aux rives austères de la raison n'est pas plus réjouissant que rassurant surtout quand le curieux cocktail qu'ont au fil des temps concocté votre nature et votre expérience ne vous y incite aucunement. Seulement, comme ce fut le cas de Robert, supposé usurpateur du Duché de Normandie que ses ennemis affublèrent du surnom de « Diable » (tandis que ses partisans le qualifiaient de « Magnifique »), il arrive qu' « âgé le Diable se [fasse] ermite ». N'ayant jamais été bien diabolique et mon agnosticisme profond ne me faisant ressentir aucun attrait à la vie religieuse, si j'embrasse l’érémitisme, ce sera pour d'autres raisons...

Pour prendre une métaphore, dans l'hypermarché des folies contemporaines, disons que j'ai chargé mes caddies dans bien des rayons, sans trop regarder au prix, laissant raison et parcimonie à ceux qu'elles amusaient. Que ce soit aux rayons boulot ou plaisirs, j'ai usé et abusé d'une offre abondante, laissant monter sans trop y penser le débit de ma carte. Seulement, vient toujours le temps de passer en caisse. Et ça se corse. Car au moment de payer la note, on s'aperçoit qu'une fois réglée, il faudra réviser son train de vie, on réalise que le bon temps est fini et qu'a désormais sonné l'heure de la raison. L'avenir s'annonce frugal. Et c'est bien ennuyeux.

Plus concrètement, des décennies de tabagie forcenée vous ont rendu le souffle court et les montées redoutables, la gueule de bois des lendemains vous grimace à la face sans que vous ne sachiez la chasser d'un pied de nez, au bout de quelques heures de travail, vous connaissez la fatigue mais vous n'en demeurez pas moins le diablotin juvénile de jadis à qui revêtir la bure ne dit rien qui vaille. A la croisée des chemins, vous hésitez entre rejoindre, contraint et forcé, le camp des « sages » ou, faisant comme si de rien n'était, continuer, autant que faire se peut, sur le chemin des folies plus ou moins tempérées.

En attendant le naufrage, l'entrée en vieillesse est un temps de dilemme.

26 commentaires:

  1. Sans compter ces crachats qu'on est obligé de faire remonter, tous les matins, et dont vous ne nous parlez pas, activité à laquelle un couple d'amis fumeurs, morts depuis, m'avait expliqué qu'ils se livraient de concert, devant leur double lavabo.

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    1. Si on devait dresser une liste exhaustive des petits malheurs qu'entraîne le vieillissement, les gens finiraient par vouloir rester jeunes...

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  2. Vous talonnant de deux années, je ne peux qu’adhérer à votre billet et m’associer à votre conclusion : "en attendant le naufrage, l’entrée en vieillesse est un temps de dilemme".

    Merci mille fois Jacques pour vos écrits et d’avance, pour demain, excellent anniversaire.

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    1. C'est curieux, hein ? Et plus on avance plus ce parfum se renforce. Dieu merci beaucoup ont le nez bouché ou l'odorat peu développé.

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  4. Vou serez, j'en suis sûr, un sage avec un brin de folie, ce qui vous fait deux chemins en un seul, la rocade de la soixantaine ! Dilemme résolu ! ;-)

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  5. Allons, ce n'est pas tous les jours que l'on a 66,66 ans. Réjouissez-vous ! Je vous souhaite de vivre au moins encore 33,33 années de plus et de vous lire au moins jusque là (j'en aurai 80,33 si Dieu me prête vie).

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    1. En fait, j'ai un peu triché, ça ne me fera que 66 ans tout rond. je ne suis pas certain d'avoir vraiment envie de vivre 100 ans mais vu que pour ça comme pour bien des choses on n'a pas le choix, je ferai avec ce que j'aurai. Merci cependant au fidèle lecteur.

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    2. J'ai un peu triché aussi: le jour de votre centenaire, je n'aurai que 79,87 ans. En tous les cas, je vous souhaite un bon anniversaire et une longue vie !

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  6. Arrivé à la fin de notre vie,les caissières ne sont pas toujours très agréables et sont souvent habillées de noir.
    Allez savoir?

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  7. La caisse est en sapin (ou en chêne si les héritiers ont les moyens). Je vous précède de presque une décennie et je peux vous affirmer que les symptômes ne s'arrangent pas. Mais on a des compensations: on vous épargne les efforts inutiles.

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  8. Écoutez donc Mouloudji dans "Les Beatles de 40"
    Bon anniversaire ...
    G. Monge

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    1. Il va falloir que j'écoute ça. Merci pour les souhaits !

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  9. Bon anniversaire, nous avons trinqué avec un peu d'avance et ce fût un bon moment, dans le fond l'âge importe peu seul compte la jeunesse d'esprit et de ce côté tout va bien , amicalement

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    1. Pour l'esprit ça peut aller mais le reste ne suit pas toujours.

      Merci pour les souhaits et amitiés à vous deux.

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  10. Et bien joyeux anniversaire ! Certains les redoutent, d'autres les attendent mais de toux ceux que je connais: un seul souhait, profiter pleinement de la vie, chacun a sa manière.
    A très bientot

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    1. Merci Corto, je ne redoute ni ne fête à moins que coller des dalles de sol ne soit festif ? A très bientôt j'espère !

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  11. Que diantre Cher Jacques, "à la CROISEE des chemins", voudriez vous donc être livré à la vindicte par les suppôts d'Al Qaïda et Daesh Associated ?

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    1. Je parlais d'une fenêtre, donnant sur deux chemin, pas de conquêtes moyen-orientales...

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  12. Pas sage en fesses pour un passage en caisse ?...

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  13. Merci, cher Fredi ! Vous prêchez un converti : un jour ici, un autre plus. Et en plus seul les suicidaires en ont le choix. C'est comme ça...

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  14. Ouais ouais ouais, tout ça pour nous dire sans le dire que le passage de la fesse à la caisse est difficile!

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