Le monde postindustriel dans lequel nous vivons ne s’intéresse
qu’à la superficie. Ses jugements ne se basent que sur l’apparence extérieure :
richesse, beauté, moralité ne se jaugent que sur l’extérieur. Et pourtant, toute
personne raisonnable vous dira que ce qui compte vraiment c’est l’intériorité,
la profondeur. Seulement, leur vérité est difficile à atteindre c’est pourquoi
on se contente trop souvent de la fausseté immédiatement visible.
Ces truismes, je les tire d’une expérience récente. Je connais (et déplore !) l’apparence que
la fuite du temps a donnée à ma personne. Mais que sais-je de mon moi physique
profond ? Peu de chose. Heureusement, la médecine offre des occasions de
le mieux connaître. Ainsi, hier eus-je l’honneur
et le privilège d’expérimenter l’une d’elle. Depuis plus d’un mois date et
heure avaient été prises. Un spécialiste m’attendait à la clinique Notre-Dame
de Vire. Tel un chevalier la veille de son adoubement, je m’étais préparé. Bien
sûr, les modalités de cette préparation furent bien différentes, mais, sans
rentrer dans ses détails, ils participèrent du même désir d’arriver pur à l’épreuve.
Cette veillée n’alla pas sans angoisses diverses. Mais à l’heure dite je fus au
rendez-vous.
Le bon docteur était prêt à officier. J’allais me connaître.
Quoi de mieux pour ce faire qu’une coloscopie ? Surtout quand, comme moi,
on se refuse à toute anesthésie. Car le patient endormi se voit privé de la connaissance
de son être profond tandis que celui qui demeure éveillé y accède. Sur un écran
il suit le cheminement de l’endoscope, manié de main de maître par l’officiant
avec un sérieux qui permet de dissiper le côté équivoque de son action. En
effet, comment ne s’inquiéterait-on pas de voir un quasi-inconnu se livrer à de
telles pratiques sur un individu de son propre sexe ? Le spectacle est impressionnant. Hélas, et c’est
pourquoi tant se refusent à en profiter, il s’accompagne de douleurs qui, l’âge
venant, se font violentes. Malgré les exhortations conjointes du praticien et de son assistante à
me décontracter, je n’y parvins pas et ne pus m’empêcher de pousser quelques
gémissements. Le bon docteur décida alors de mettre fin à l’expérience avant qu’elle
n’eût atteint son terme. Aussi ne recueillis-je de mon moi profond qu’une
connaissance partielle.
Lors de l’entretien qui suivit, il fut convenu que l’on
reconduirait l’expérience mais avec une légère sédation au Valium. C’était exactement
ce qu’avait préconisé son confrère dans la lettre qu’il ne se souvenait pas
avoir lue. Cette heureuse étourderie me vaudra dans un proche avenir de
connaître à nouveau les plaisirs d’une connaissance qui, je l’espère, sera cette fois
totale. J’en rêve déjà.
Finalement je ne peux m'empêcher de penser que les tuyauteries dont vous avez l'habitude de vous occuper, avec talent, vous donneront incontestablement beaucoup plus de satisfactions que votre tuyauterie personnelle.
RépondreSupprimerLa plomberie est également source de déceptions...
Supprimer" En effet, comment ne s’inquiéterait-on pas de voir un quasi-inconnu se livrer à de telles pratiques sur un individu de son propre sexe ? " Lol !
RépondreSupprimerHeureux de t'avoir diverti !
SupprimerEt oui, cher Jacques : la vérité, parfois, ça fait mal !
RépondreSupprimerToute vérité n'est pas bonne à quêter !
SupprimerJe vais connaître la même bouleversante expérience après-demain. Sauf que, n'étant pas totalement fondu du cervelet, je vais accueillir avec gratitude l'anesthésie, qui me permettra de ne pas recommencer la semaine suivante.
RépondreSupprimerJe ne supporte pas l'idée d'être anesthésié. Bon courage pour la préparation !
SupprimerColoscopie, Jacques (qui ne chancelle pas), cela me rappelle une émission de radio ...
RépondreSupprimerIl est vrai qu'une émission de télévision recevant des invités prestigieux sur lesquels on pratiquerait en direct une coloscopie ne serait pas sans intérêt.
Supprimer"Vu des colites...."
RépondreSupprimerVous m'avez fait rire !
SupprimerEt cette chose immonde, c'est censé diagnostiquer quoi?
RépondreSupprimerDépister d'éventuels cancers colo-rectaux.
SupprimerComme quoi les préjugés ... Je ne vous imaginais pas coincé!!!
RépondreSupprimerV. Monge
Un peu quand même...
SupprimerJ'en ai eu, des polypes, mais des sans importance. Quant à y prendre goût, ça demande un degré de masochisme que je n'ai pas.
RépondreSupprimerTrop polype pour être honnête ?
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