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lundi 30 décembre 2013

Pour ne pas mourir, une seule adresse, la rue ?

Hier, lisant le billet de Corto, j’appris que 452 SDF seraient morts au 361e jour de l'année 2013. Pris comme ça, le chiffre impressionne. Hélas, j’ai la manie des chiffres et des statistiques. Vice bien pardonnable, mais vice quand même.  Aussitôt je me suis demandé quel taux de mortalité cela faisait par rapport à la population française lequel est de 8,5 pour 1000. Ce chiffre se calcule en comparant la population totale au nombre de morts constatées en une année. Si on calculait celui des gens nés avant 1850, je crains fort qu’il ne soit de 100 %.

Pour voir ce qu’il en était, j’ai donc recherché le nombre de SDF que pouvait compter la France. Selon l’INSEE, cité par le bon journal Libération , ils seraient 141 500.  En appliquant le taux moyen à ces 141 500, il aurait été logique qu’il y ait eu cette année 1203 morts parmi eux. Or le taux qu’indique ce chiffre ne serait que de 3.19 pour 1000. De là à  penser que pour diminuer ses chances de mourir dans l’année, il faudrait se hâter de bazarder sa maison ou son appartement  et de se procurer un carton (voire une tente et un duvet pour les plus soucieux de confort), il n’y a qu’un pas. Seulement, avant de le faire, lisez la suite.

Ça m’a tout de même turlupiné. J’ai  lancé quelques recherches sur le Net et j’ai découvert le pot aux roses : en fait, il n’existe aucun chiffre fiable sur la question. C’est ce qu’explique  le Nouvel Obs dans un article argumenté. Le chiffre de 452 donné par l’association Les Morts de la rue ne représente que les décès de SDF qui lui sont signalés. On serait donc porté à croire que le chiffre réel est bien plus important. Il serait même tout à fait concevable, vu le manque d’hygiène alimentaire et autre que connaissent les SDF,  que leur taux de mortalité soit bien plus élevé que celui de l’ensemble de la population.

Seulement, et l’absence de statistiques le prouve, tout le monde s’en fout. Un clodo qui crève présente bien moins d’intérêt qu’un automobiliste qui décède suite à un accident ou qu’un employé de France Télécom qui se suicide. Pourtant cette dernière entreprise compte plus d’employés qu’il n’y a de SDF en France. Qu’aurait-on dit si un demi-millier d’entre eux avaient mis fin à leurs jours au cours de l’année ? Pourtant on compte plusieurs dizaines de millions d’automobilistes en notre beau pays. Qu’aurait-on dit  si environ 100 000 d’entre eux s’étaient tués sur la route l’an dernier ?  Et pour arriver à ces chiffres je n’applique que le ratio 452/141 500 !

Il est tout de même curieux qu’un pays qui pratique un taux de prélèvements si élevé et qui dépense bien plus qu’il ne prélève dans le but avoué de lutter contre les inégalités soit incapable non seulement de résoudre un tel problème (ce qui n’est pas forcément évident) mais de simplement en apprécier l’étendue.

21 commentaires:

  1. "Il est tout de même curieux..." Je comprends que cela vous turlupine, cher Jacques. Maintenant que vous le dites, en effet...

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    1. Quand on y réfléchit, il arrive qu'on constate de curieuse lacunes...

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  2. Le paradoxe que vous pointez dans votre dernier paragraphe n'est peut-être qu'apparent.
    Et si c'était précisément les "dépenses sociales" qui étaient en partie responsables du phénomène qu'elles prétendent combattre?
    J'avais il y a presque un an publié un article de Dalrymple sur le sujet, que je me permets de remettre en lien ici, sûr que vous ne vous en formaliserez pas.
    http://aristidebis.blogspot.fr/2013/01/sdf-une-vie-choisie.html

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    1. je me souviens l'avoir lu mais n'en garde aucun souvenir. Je vais donc y retourner...

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  3. Jacques, un automobiliste qui décède , c'est un un mouton en moins à tondre alors qu'un clochard sauf évidemment si le clochard s'appelle Léonarda, là notre cher président se fendrait d'un communiqué larmoyant sur cette tragédie.

    On devrait aussi faire le calcul pour les députés, cela nous ferait une trentaine qui ravaleraient leurs actes de naissance, des élections tous les ans et les mensonges qui vont avec.

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  4. Rapporté au nombre de nos militaires en opérations extérieures, le ratio des SDF démontrerait qu'il est plus dangereux de dormir dans la rue que d'aller "maintenir la paix" ou de "traquer les terroristes".
    On en déduit facilement que s'il est facile de compter les militaires et de dénombrer leurs morts, il est difficile d'en faire autant pour les SDF.

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  5. Il apparaît depuis longtemps que le fonctionnement de notre belle République s'apparente à celui d'un moteur dépourvu de transmission, on peut lui injecter tout le carburant possible, rien ne se passe. On l'a bien vu, notamment en Mai 1940,exemple le plus caractéristique du phénomène en cause.
    Alors, moi, rien ne m'étonne plus...
    Amitiés.

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    1. Et si, dans le cas que j'évoquais, tout était justement fait pour qu'on ignore la vérité, tant celle-ci est scandaleuse et rendrait certaines "grandes causes nationales" ridicules ?

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  6. Bah, depuis Mandela on savait que les noirs peuvent vivre vieux à condition de fréquenter les prisons afrikaners. Nous n'en sommes plus à un paradoxe près.

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    1. Ils vivent d'autant plus longtemps qu'ils y attrapent la tuberculose...

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  7. Si l'on est sérieux, cher Jacques, on notera qu'il s'agit de gens qui étaient légalement "sans domicile fixe" ce qui ne signifie nullement qu'ils n'avaient aucun toit pour s'abriter , encore moins qu'ils soient "morts dans la rue" comme pourrait faire croire le nom de l'association (subventionnée?) que vous me faites découvrir.
    PS. Nos amis romanichels ( et nomades) ont-ils un domicile fixe? Et quel est leur taux de mortalité comparé à celui des ramasseurs d'asperges, ou des membres du Conseil constitutionnel?
    Il y aurait là, je pense, matière à réflexion.

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    1. Si l'on est sérieux, cher Jacques, on notera qu'il s'agit de gens qui étaient légalement "sans domicile fixe"

      Quoi ? Que voulez vous dire ? Que ces nantis qui crèvent sur le pavé sont en fait propriétaires de plusieurs domiciles ? Porches d'immeubles, quais de métro, ouvrages d'art divers et variés, sont-ils au moins assujettis à la taxe d'habitation ?
      Terra Nova devrait suggérer aux socialistes qu'il y a là une niche fiscale à explorer.

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    2. Quand les pauvres payeront l'ISF...
      -M. allez dormir ailleurs.
      -Mais...je dors dans la rue !
      -Oui mais au Palais Royal, ça ne se fait pas et ça peut vous coûter fort cher.

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    3. @ Michel : Je me souviens que dans ma lointaine jeunesse, les camionnettes des gens du voyage portaient la mention SDF (au lieu du numéro de département) inscrite en blanc sur fond bleu à côté de la plaque minéralogique.
      Il serait en effet utile de différencier SDF et Sans abri.

      @ fredi : Même minime, une taxe d'habitation serait en effet un "signal fort" donné en vue d'une meilleure intégration des SDF.

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  8. Pourrait-on aussi calculer, par exemple, le nombres d'heures de sommeil d'un député où d'un sénateur pendant les séances, en prenant en compte le temps qu'ils ont pris pour faire un déjeuner copieux et bien arrosé ? et ramener ce calcul au temps qu'ils ont passé pour s'occuper du cas des SDF ?

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    1. On devrait. Il y a encore bien des domaines où les statistiques font cruellement défaut.

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  9. C'est précisément parce que l'Etat a ouvert en grand le robinet d'argent gratuit des autres qu'il est incapable de savoir ce qui se passe dans sa propre maison.

    L'Etat est déjà incapable de connaître avec précision le nombre de ses fonctionnaires, alors le nombre des clochards, vous pensez...

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    1. Suggéreriez-vous qu'il faudrait créer un corps de fonctionnaires chargé de recenser ces catégories ?

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    2. Mais je suis sûr que c'est déjà fait ! Et en plusieurs exemplaires, encore !

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    3. Ben alors, un nouveau qui serait efficace, lui !

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