Le « scandale » Fillon m'a
permis de constater à quel point je souffrais d'une grave atrophie
de la capacité d'indignation, de l'exigence morale voire même des
glandes envieuses. Ce diagnostic désespérant, je l'ai fait ces
derniers jours. En effet, tandis que tout un chacun s'étouffait
d'indignation face aux salaires perçus (indûment, forcément) par
Mme Fillon, faisait une grave crise de moraline aiguë ou se
lamentait sur l'injustice d'un sort qui l'amenait à bosser comme un
dingue (ou parfois même à ne rien faire de ses dix doigts) pour
des sommes misérables tandis que d'aucuns se gobergeaient, je suis
resté de marbre.
Peut-être parce que j'ai dès ma
lointaine jeunesse pu constater que le piston faisait marcher la
machine et qu'il fallait huiler les rouages pour éviter qu'ils ne
grippent. Peut-être encore parce que mon expérience m'a amené à
constater qu'à tous les niveaux de la société la totale probité
n'était pas souvent la règle. Peut-être aussi que mon éducation
d'abord et mon expérience (encore!) m'ont détourné de tout
sentiment d'envie. Quelles qu'en soient les raisons, je dois
confesser une totale incapacité à l'indignation, une exigence
morale faiblarde et une absence d'envie inquiétantes. Si à cela on
ajoute une tendance à n'accorder que peu d'importance aux tempête
qui secouent les verres d'eau et aux événementicules qui
bouleversent Landernau, je suis vraiment handicapé.
Comme tout handicapé, je subis une
forme de rejet. La meute hurlante semble mal comprendre mon refus de
la rejoindre. Je ne changerai pas pour autant. Parce que, voyez
vous, je suis de droite et pas populiste pour un rond vu que mon
handicap m'en prévient. J'accepte très bien que ceux qui disposent
d'avantages ou de positions les permettant en fassent usage. Je ne
crois pas en l'égalité. Je n'exige pas d'autrui un sens moral sans
faille. Pas plus du ministre que du SDF. Si une position paraît
enviable, il faut se donner le mal d'y accéder (ce qui n'est jamais
gagné d'avance). Si on est incapable de le faire, quelles qu'en
soient les raisons, qu'on se contente de son lot ou qu'on tente de
l'améliorer dans la mesure de son possible. C'est ce que j'ai fait
depuis que j'ai débarrassé mon esprit des poisons socialisants qu'y
avaient été malignement inoculés.
Aux politiques je ne demande QUE d'être
efficaces dans la défense d'options conformes aux miennes. Si je ressentais le besoin
d'exemples moraux (et je ne le ressens pas), ce n'est pas vers eux
que je me tournerais. Je préférerais un corrompu qui résolve les
problèmes du pays à un saint incapable. L'exigence d'une moralité
parfaite chez les politiciens est un produit d'importation
anglo-saxonne. Juste un de plus, comme s'ils n'étaient pas assez
nombreux et destructeurs comme ça. Si l'Europe a eu la sagesse de se
débarrasser des puritains au XVIIe siècle pourquoi irions-nous
importer leurs valeurs plus de 3 siècles plus tard ? De même,
sommes-nous à ce point dénués de ressources propres pour monter en
épingle les « solutions » sociétales des luthériens
scandinaves ? A l'instar du brave Édouard Herriot je crois que
la « "La politique, c'est comme
l'andouillette, ça doit sentir un peu la merde mais pas
trop." à quoi j'ajouterai « A tout péché
miséricorde » Je laisse l'anathème aux autres, vu qu'il
ne mène qu'au « Tous pourris » qui lui-même
mène au populisme qui est à la droite ce que le bœuf mironton est
à la vielle de gambe.
Les seules choses qui pourraient me
pousser à voter pour un candidat quelconque, en dehors de barrer la
route à la gauche, c'est qu'il défende un programme en accord avec
ce qui me paraît prioritaire, qu'il me convainque qu'il l'appliquera
et qu'il soit en position d'être élu. Je n'en vois pour l'instant
aucun qui réunisse ces trois critères.