..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 19 février 2016

Grave décision !

Il est des moments dans la vie d'un homme où de graves décisions s'imposent. Ils ne sont pas nombreux mais marquent des étapes. Il font qu'existe un avant et un après. Ainsi, moi qui vous parle, me suis-je récemment trouvé contraint à prendre position. Il y a un peu plus de huit ans, j'ai acquis cette modeste demeure qui me permet de profiter pleinement des agréments du bocage normand et de son climat vivifiant. Après plusieurs années de travaux, j'en ai fait un logement confortable. Seulement le temps passe et il me fallut bien reconnaître qu'avec lui la fraîcheur de la décoration s'étiolait. Soumis aux assauts des fumées de cigarette, tout commençait à perdre de son éclat. Que faire ? Se résigner à une lente déchéance ? Refaire à neuf les premiers aménagements ?

L'une comme l'autre solution me parurent inacceptables. Accepter que peu à peu tout se détériore est peut-être le fait du sage mais je lui en laisse le plaisir. Me lancer dans de nouveaux et coûteux travaux n'est pas très raisonnable à l'heure où je m'apprête à partir pour la Corrèze retaper ma nouvelle maison. C'est alors que me vint l'idée d'un compromis : l'opération GMH ou Grand Ménage d'Hiver. Elle consisterait à tout nettoyer du sol au plafond. Murs, meubles, tout serait récuré afin de retrouver un peu du pimpant originel. Depuis deux semaines, à raison de quelques heures par jour, armé d'éponges, de chiffons, de seaux, d'une serpillière, d'un escabeau, je déplace les meubles, récure jusqu'au moindre coin et peu à peu, pièce après pièce, tout s'améliore.

Dire qu'il s'agit d'une partie de plaisir serait exagéré. En fait, ménage et entretien m'ennuient profondément. Je préfère probablement créer mon environnement à y vivre. D'où l'idée de ma rénovation corrézienne. Et puis ça occupe plus utilement que les mots-croisés et la belote sur Internet qui m'aident à tuer l'ennui de cette interminable mauvaise saison.

jeudi 18 février 2016

De la neige, encore !

La Normandie est connue pour son climat doux mais quelque peu humide. Humide, c'est indiscutable mais doux... Enfin si on se base sur Cherbourg, ça se tient : souvent ville la plus chaude en hiver et la plus fraîche en été (du moins pour le Nord de la France). Seulement, au sud de la Manche, nous sommes a une centaine de kilomètres de ce port. Et puis, il y a l'altitude. 360 m, ça fait sourire mais ça se sent : les collines normandes sont souvent enneigées quand les vallées restent vertes. En  8 ans, je n'ai pas vu d'hiver sans neige. Que ce soit une mince pellicule ou que plusieurs dizaines de centimètres viennent bloquer les routes, elle est toujours là. Rien que cette année, réputée sans hiver, elle a du tomber quatre à cinq fois. Celle d'hier laissa le plus épais manteau.

22 h 40, ça tombe dru ! (ça continuera jusqu'à 4 h passées)



Dur lever du soleil pour les oiseaux !


Comme pour le camélia en fleurs,

les artichauts,

les bruyères,


ou les choux.

Les pas s'y enfoncent.

J'ai déneigé les bruyères car la neige ne leur réussit pas .


Certains m'envieront, mais j'ai la neige en horreur !

DERNIÈRE MINUTE :

Un de nos aimables commentateurs ayant exprimé son scepticisme quant au fleurissement du camélia, nous nous sommes empressés, dès la neige fondue sous les ardents rayons du soleil des collines de prendre une photo propre à dissiper ses doutes : 


mercredi 17 février 2016

Surgissements inattendus

Dans un excellent roman  dont j'ai déjà parlé (ici et ), à la page 180 d'icelui, Evremont aperçoit  la maigre bibliothèque de sa défunte mère. Parmi les auteurs dits « oubliés » qui la composent, un nom retient mon attention : Jean Hougron. Au début des années soixante-dix, j'avais apprécié l'exotisme de ses romans indochinois. Des années plus tard, je découvris, par le truchement de mon épouse, son Histoire de Georges Guersant qui me parut de loin supérieur au reste. Ma mémoire n'en conserve que le très vague souvenir d'un jeune homme qui s'échine à débrouiller l'inextricable contentieux qui existe entre la maison de commerce qui l'emploie et un client. Y consacre-t-il des mois ou des années avant qu'on ne lui fasse connaître la totale vanité de ses efforts ? Je ne saurais dire.  Mais ce côté absurde du travail m'avait séduit...

Toujours est-il que ma curiosité en fut piquée et que j'allai regarder si, par bonheur, ce roman ne se trouverait pas parmi mes livres. Ce n'était pas le cas. Des deux ouvrages, achetés en janvier 73, je décidai de relire Tu récolteras la tempête

En l'ouvrant, j'y trouvai une carte postale qui devait m'avoir servi de marque-page lors d'une précédente tentative de relecture. Elle se trouvait dans les premières pages, illustrant l'échec de cette entreprise. Datée d'octobre 79, la carte, une vue de la mosquée bleue d'Istambul, sous le message « Bon baisers de Russie » portait la signature de Béa et Babou. Tout d'un coup resurgit une époque. Celle qui me vit rencontrer ma première épouse dans un troquet de Tours dont le nom a déserté ma mémoire. Inséparables amies, les deux filles y tenaient leur QG.

 Quelques années plus tard j'épousai la plus vive et l'autre se maria avec le surnommé Babou, un gars qui fréquentait assidument ce même bar, vague étudiant en je-ne-sais-plus-quoi à qui le père de Béa finit par procurer un emploi dans l'entreprise qu'il dirigeait. La vie nous éloigna (c'est une des choses qu'elle fait le mieux) sans que les liens ne disparaissent. 

Bien avant le nôtre, leur couple battit de l'aile, l'un plongeant dans l'alcool, l'autre dans la mouise. Pour l'aider un peu nous embauchâmes un temps Béa au magasin. Expérience peu concluante. Babou, lui, vint un jour nous démarcher. Dire qu'il représentait bien sa société serait abusif. Portant des vêtements d'une propreté plus que douteuse, il nous narra ses errances hospitalières suite à ses menus excès et nous remercia d'avoir tendu la main à son ex. Nous n'entendîmes plus parler ni de l'un ni de l'autre. Que sont-ils devenus ?

Il arrive qu'au hasard d'une phrase, un mot ou un nom provoque une chaîne de retours inopinés, cependant le passé ne provoque en moi aucune nostalgie.

mercredi 10 février 2016

Un excellent livre ! (2)

M. Blogspot ayant jugé bon de remplacer mes tirets de dialogues par des puces, je prie mes éventuels lecteurs d'excuser ce désagrément qu'un manque de patience m'a prévenu de corriger.



Le quadragénaire entra dans la librairie J'aime l'ire *. Il avait ce regard un rien désabusé de qui a essuyé bien des typhons et fréquenté les bordels de Ouagadougou.

Ne voyant personne, de la prothèse métallique qui remplaçait un bras perdu lors d'un adultère un peu compliqué avec une naine malgache, il frappa le comptoir afin d'attirer l'attention.

Une jeune personne apparut de derrière les rayonnages et, l'ayant salué lui demanda si elle pouvait l'aider.

  • Eh bien mademoiselle, j'aimerais que vous me conseillassiez un bon roman. Quelque chose de couillu, si vous avez...
  • Qu'entendez-vous au juste par là, s'enquit la brunette potelée qu'une coquetterie dans l’œil n'empêchait aucunement d'être appétissante comme un brugnon de Touraine (ou comme un plat de tripes à la mode de Caen, suivant les goûts) ?
  • Disons pas un de ces livres qui ne visent qu'à déclencher les rires gras à coups de plaisanteries de garçon de bains comme la Recherche ou La Guerre et la paix, quelque chose de sérieux sans être austère...
  • Mais encore ?
  • Ben, un roman avec des personnages bien campés, dont les destins s'entrecroisent sans qu'une vache soit en mal d'y retrouver son veau comme chez Dos Passos. Où l'on moquerait à l'occasion les travers de notre époque sans tomber dans le prêchi-prêcha. Où seraient évoquées les difficultés de communication inter-générationnelles. Où l'amour adolescent croiserait la solitude de l'âge mûr et la pholie** pathétique d'un jeune homme en recherche floue...
  • Certes, certes, mais dites m'en un peu plus : voudriez-vous de l'aventure, du sexe débridé ?
  • Pourquoi pas, mais pour l'instant je recherche surtout un bon roman...

S'apercevant de l'ambiguïté de sa question, Brigitte, car tel était son nom, précisa :

  • Je voulais dire dans le livre...
  • Ah oui, excusez ma bévue. Du sexe, il en faut bien un peu mais sans excès, on oscille entre la bête et l'ange, pas vrai ? Comme il faut quelques cuites héroïques, un service municipal de la clownerie et du bord de Loire. Très important, le bord de Loire, voyez Balzac. Si en plus pouvait venir se mêler aux personnages de fiction un écrivain célèbre bien déglingué dont serait peint un portrait croquignolesque, ce serait bien...
  • Je crois que j'ai quelque chose susceptible de satisfaire vos attentes , dit l'avenante Brigitte.
  • Je n'en doute pas, déclara l'homme en plongeant un regard ravivé dans son généreux décolleté.

S'étant dirigée vers le rayon des romans français, Brigitte en revint avec à la main un volume couvert de rouge qu'elle posa sur le comptoir :

  • Je viens d'en terminer la lecture : vous y trouverez ce que vous souhaitez et tout ça dans un style léger, élégant, sans être précieux.
  • Le Chef-d'oeuvre de Michel Houllebecq ? J'en ai déjà lu, sur un excellent blog une magistrale critique mais elle ne concernait que l'objet-livre. Le ramage se rapporte-t-il au plumage ?
  • Il le surpasse, il le surpasse ! Et de loin !
  • Je le prends, tant votre votre jugement littéraire me paraît sûr, dit l'homme tout en découvrant les rondeurs fessières de Brigitte qui s'était un instant retournée pour décrocher un sac plastique de la liasse fixée au mur, avant de rajouter :
  • Tant que j'y pense : Appréciez-vous le troc ?
  • Le troc ?
  • Oui. Si vous le vouliez, je vous montrerai comme on danse en Afrique en échange de vos impressions de lecture...
  • Je termine à dix-neuf heures répondit une Brigitte toujours avide de parfaire ses connaissances exotiques et de parler bouquins.

    *Jeu de mot dû à Algide Dubreuil, fondateur dans les années trente du siècle dernier de la librairie, qui voulut ainsi combiner les allusion à son caractère irascible, et à sa passion du livre et des mots croisés.
    ** Moi aussi je réforme !


lundi 8 février 2016

Jusqu'où descendront-ils ?


Je me suis rendu sur le site facebook de soutien au général Piquemal. J'ai voulu inviter mes amis à m'y rejoindre. Ce ne fut pas possible. Voici le message que j'ai obtenu :



A croire que les ordis de facebok sont trop faibles pour satisfaire la demande !Curieusement, il y a quelques minutes, le message était différent, il ne parlait que de blocage sans justification. Qui bloque ? Peu importe : Apportez votre soutien, partagez ce billet, diffusez ce lien :https://www.facebook.com/soutiengeneralpiquemal/?fref=ts

dimanche 7 février 2016

Combien de temps tiendra la digue ?

La gauche est aux abois. J'en veux pour preuve la manière musclée dont elle a fait disperser par la police une manifestation pacifique et interpeller un général de corps d'armée de 75 ans dont le comportement au moment de son arrestation n'avait rien de commun avec celui des hooligans des soi-disant ZAD. Car si un rassemblement d'un petit millier de braves gens se mobilisant de manière festive (défilé-carnaval, bris de vitrines, jet de projectiles sur les forces de l'ordre) est tout à fait tolérable, une centaine de protestataires pacifiques contre la présence de migrants à Calais mettent en danger la paix civile. Si vous en doutez, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 20 interpellations à Calais, 5 à Rennes.

Un autre signe en est que nos chers journaleux d'État ou du privé, ayant de plus en plus de mal à dissimuler que leur doxa est remise en question et pas seulement par des abrutis dégénérés au discours inarticulé, prennent une posture victimaire : la « pensée unique », ce n'est pas eux, ce sont ces intellectuels dévoyés qui éructent leur parole nauséabonde devant des micros qu'une coupable indulgence laisse leur tendre. Leur superbe méprisante passée se mue en héroïsme résistant. Ils mènent désormais un combat inégal contre la horde montante des putrides. Ils continuent d'utiliser la même rhétorique qui leur a valu de multiples défaites mais laissent ouvertement poindre leur crainte d'être vaincus et de voir le FN prendre le pouvoir avec les conséquence apocalyptiques que tout esprit sain ne peut manquer d'imaginer.

Tant bien que mal, la digue idéologique tient. Car des décennies d'efforts conjugués du système politico-médiatique ont su inspirer une sainte trouille d'un « fascisme » entièrement fantasmé au point que bien des gens dont l'esprit s'est, comme on dit, « lepenisé » continuent de porter leurs suffrages sur des candidats qui prônent des politiques contraires à leurs aspirations. Seulement, une telle attitude qui frise la schizophrénie peut-elle réellement perdurer ? Combien de temps pourra-t-on nier certains problèmes qui mettent de manière évidente en cause la cohésion de notre nation ? Pourra-t-on longtemps continuer de criminaliser certaines opinions ?

En faisant passer le général Piquemal qui n'a fait que braver les diktats d'un état d'urgence à géométrie variable en comparution immédiate, ne risque-t-on pas de favoriser la prise de conscience qu'il existe deux poids et deux mesures ? Ne risque-t-on pas ainsi de faire sourdre dans certaines esprits l'inouïe conscience que les sectaires, les intolérants, les autoritaires, les haineux ne sont pas ceux que l'on croit ?

vendredi 5 février 2016

De quelques innovations linguistiques

Ayant largement exprimé mon opinion sur l'inutile et négligeable réformette de l'orthographe prônée par Mme Vallaud-Belkacem dans des commentaires chez Suzanne, ceux qui seraient intéressés de la connaître peuvent s'y rendre.

Tel n'est pas l'objet de ce billet. Je voudrais plutôt évoquer certaines tendances qui pour des raisons obscures se répandent dans les media.

Une d'elle est celle de placer l'accent sur la mauvaise syllabe. M. de Closets me semble avoir été l'initiateur de cette innovation. Une des caractéristiques principales de la langue française est d'avoir , suite au renforcement de l'accentuation de l'antépénultième latine par nos envahisseurs germaniques, vu la chute des syllabes finales créant ainsi de nombreux homonymes et accessoirement faisant porter l'accent sur celle qui était devenue finale d'un groupe d'articulation. En résumé, en français, on accentue uniquement la dernière syllabe d'un groupe de mots. Eh bien, afin de donner à leurs énoncés un peu de relief, journalistes et commentateurs divers se sont affranchis de cette règle et accentuent volontiers la première syllabe des mots. Exemple : alors qu'un locuteur normal dirait « Envisageons le délicat problème de la raréfaction du topinambOUR » un chroniqueur digne de ce nom prononcera, s'il est en grande forme « ENvisageons la RAréfaction du TOpinambour ». Un peu dopé, il ira jusqu'à « TOpiNAMbour » mais une telle prouesse requiert un entraînement rigoureux et n'est donc pas à la portée de tous.

Une autre curieuse tendance est la modification du degré d'aperture des voyelles. Ainsi, la dame de la météo annoncera-t-elle qu'il devrait pleuvoir sur les [kɔt] de la Manche ( tu parles d'un scoop!) et non comme il conviendrait sur les [kot] laissant ainsi supposer que ceux qui ne portent pas de cottes de travail pourront sortir sans parapluie. Il n'y a pas que la prononciation du o qui se trouve modifiée sur les ondes. Ainsi ai-je noté de curieuses réalisation des phonèmes [e] et [a] qu'on a tendance à ouvrir de bien curieuse manière donnant des sons jusqu'ici inouïs en français standard.

Je ne sais si vous avez remarqué ces phénomènes mais personnellement leur fréquence grandissante me choque autant que mes considérations phonétiques vous endorment. A ceux qui ont eu le courage de me suivre jusqu'ici, un grand merci !