A Mildred, fidèle commentatrice, qui me suggéra le sujet.
« Oh, qu’il est
meugnon, le toutou ! C'est un bon toutou, ça ! Il donne la papatte, le toutou ? Il donne la
papatte, le toutou ? » Ami
des bêtes, ayant surmonté la naturelle répulsion que t’inspire son odeur pestilentielle,
tu t’approcheras de ce que tu prends pour un chienchien à sa mémère afin de lui
faire un gros poutou ! Et tu auras tort car ce n’est pas d’un chien que tu
t’approcheras mais d’un Lycaon, canidé des savanes africaines et redoutable
prédateur. Prends garde que d’un coup de ses redoutables canines il ne s’en
prenne à tes entrailles !
Malgré une paronomase propre à égarer le dyslexique, le lycaon
n’a de commun avec le lycéen que l’étymologie et, en cas d'hygiène douteuse, l’odeur et
la mauvaise haleine. Cet éventuel malentendu dissipé, venons-en aux
caractéristiques de la bête. Tout d’abord signalons qu’à la différence des
autres canidés comme nos amis le chien et le loup, il ne possède que quatre
doigts et quarante dents (contre respectivement cinq et quarante-deux). Nous
préférons vous signaler d’emblée ces détails car au cas où, lors d’une promenade
en savane africaine (en rencontrer ailleurs est improbable) vous vous
trouveriez cerné par une meute de lycaons, il se peut que vous ne songiez pas à
vérifier ces points de détail. Sa robe
est tachetée de manière aléatoire et s’y mêlent le blanc, le noir, le brun et
le jaune avec pour résultat une apparence peu avantageuse.
Ce brave canidé chasse en meute et s’attaque principalement à
des nuisibles comme les gazelles, le zèbre, le gnou, le phacochère, les
antilopes, les chèvres des Masaï, etc, toutes bêtes qui empuantissent la savane de leurs abominables
déjections. Il s’attaque de préférence aux jeunes sans défense ou aux adultes
malades. Preuve qu’il n’est pas fou, le bougre ! Bien moins rapide que certaines de ses
proies, il est très résistant et finit par les épuiser avant de leur déchirer les
entrailles dès qu’elles donnent des signes de mollesse du genou. Tentez de
semer un lycaon à la course avec ce qui reste de vos intestins traînant par
terre et vous comprendrez qu’une éventration par une bande de lycaon annonce un
bien sombre avenir. Il arrive même qu’un lion solitaire se voit traiter de même
façon par une meute de ces canidés. Il faut dire à leur décharge que le lion,
de son côté, n’hésite pas à tuer ces redoutables concurrents. Comme quoi, faute
d’une éducation citoyenne, le vivre ensemble n’est que rarement la règle…
Comme bien des blogueurs, on n’a jamais vu le lycaon boire
de l’eau. Le ferait-il en cachette ? Une énigme, encore ! Toutefois, sous
des dehors bourrus, le lycaon cache une âme généreuse. En effet, après une
chasse fructueuse, il nourrit ceux des siens qui n’y ont pas participé qu’ils
soient handicapés, trop vieux ou restés garder les mouflets. Apprivoiser un de
ces canidés afin qu’il vous nourrisse de sa chasse tandis que vous restez à la
maison à regarder Les feux de l’amour
pourrait donc se concevoir à la condition que vous soyez friand de viande ou de
tripailles régurgitées.
Chez Lycaon, on ne badine pas avec la hiérarchie. Seul le
couple dominant a le droit de se reproduire. Si des impudents batifolent les
leaders tuent le fruit de leur péché. La femelle dominante met au jour une
dizaine de lycaounets que l’ensemble de la meute protège et nourrit car ils ne
sont pas rancuniers.
Malheureusement, la survie de cet espèce est menacée tant
par la maladie que par l’homme africain qui n’est pas suffisamment entré dans l’histoire
pour comprendre que les prédateurs de ses troupeaux sont à protéger. Espérons
que la folie humaine ne viendra pas priver la création d’un de ses fleurons !