..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 29 janvier 2015

Pauvres députés ! (1)






Le dernier scandale à la mode est celui des députés qui achèteraient leur permanence au lieu de la louer et au bout du compte s’en  retrouvent propriétaires ce qui constituerait un enrichissement personnel. Si je comprends bien, on leur reproche d’acheter plutôt que de louer leur permanence et ce avec de l’argent sur l’usage duquel ils n’ont AUCUN COMPTE A RENDRE. Reste à savoir ce qui est le plus économique : acheter ? Louer ? Dans les deux cas, il y a du pour et du contre. Ça dépend des circonstances. Et puis il y a, comme à tout problème, une solution médiane : le député crée une SCI qui achète l’immeuble qu’il loue ensuite pour y installer sa permanence, les loyers paient les remboursements de l’emprunt contracté par la SCI et tout le monde est content. Non ? 


Mais plus que ce détail dont personne ne parlera dès qu’on aura trouvé autre chose, ce dont j’aimerais parler c’est de la dure vie du député, avant et après son élection. Car il est bien beau de jeter la pierre à ce personnage sous prétexte qu’il gagnerait bien sa vie. A ceux qui l’envient et le traitent de pourri, j’ai envie de dire : prenez sa place, allez-y, faites-vous élire et après refusez l’indemnité et les petits avantages, exercez la fonction pour la gloire, faites vous rémunérer par des sourires, des serrements de louches, des tapes dans le dos et l’estime du peuple…

Alors que la vie du député n’est pas simple. Il y a l’avant et l’après élection (dans le meilleur des cas). Beaucoup d’appelés, peu d’élus ! Envisageons le cas du gars qui a envie de devenir élu de la république en partant de la base. En général, il a déjà une bonne situation, un boulot plutôt prenant. En plus de ça, il lui faut se faire connaître, se montrer actif et compétent au sein d’associations diverses et/ou dans un  parti en vogue afin de se voir proposer une bonne place sur une liste municipale. Une fois conseiller, il lui faut continuer de faire montre de talent dans les commissions, sans lâcher pour autant assoces et/ou parti. A force de se mettre en avant, des années durant, il peut envisager de devenir maire, conseiller général et enfin de faire acte de candidature à l’Assemblée.

 Parfois il faut se montrer patient, se taper plusieurs échecs avant de réussir. Quand on réussit… En revanche, ce à quoi on ne coupe pas ce sont les interminables réunions de toute sorte (parti, conseil, commissions, CG) durant lesquelles tout homme ou femme normal(e) mourrait d’ennui, l’obligation de faire bonne figure à tous et toutes, les mains à serrer, les gniards à embrasser, les verres de l’amitié, les tournées de maisons de retraite, l’écoute pseudo-empathique des revendications les plus échevelées et j’en oublie… Tout ça pour une poignée de cerises. Et puis vient le jour où, enfin, on a sa chance, souvent pour des raisons extérieures : un nouveau président est élu, les électeurs, pas chiens et logiques dans leurs errances, offrent à ce dernier une majorité. Il arrive même parfois que l’enthousiasme soit tel qu’un chien avec une casquette, pourvu qu’il soit du parti présidentiel, ait toutes ses chances. Et là le danger est grand : il arrive que comme candidat, au local plus ou moins  blanchi sous le harnois, le parti préfère un plus ou moins jeune homme issu du sérail parisien. La cata !  Deux solutions se présentent. Soit il accepte son évincement et soutient du bout des lèvres celui qu’il déteste de toute son amertume, soit il se présente en dissident avec tous les aléas que ça présente. Dans les deux cas c’est extrêmement frustrant…  Tout ça pour ça !

Le parachuté, en cas de succès, semble connaître une bien meilleure destinée. En fait il n’en est rien. Il ne faudrait pas croire qu’il arrive comme une fleur. Il a dû, lui aussi crapahuter comme un malade. Dans un autre milieu, c’est tout. Il lui a souvent fallu suivre un brillant cursus universitaire (Sciences-po, ENA), choisir avec soin un  parti susceptible d’offrir des opportunités, se faire remarquer par un cacique, lui être dévoué, jouer des coudes et de la brosse à reluire, paraître compétent, parler couramment  la langue de bois, etc.  Et encore une fois, ce n’est pas gagné d’avance car dans le sérail, les dentures à rayer le parquet foisonnent, les requins s’entre-dévorent avec enthousiasme, conscience  et application.  Pour ceux qui n’ont pas la bosse des concours restent les assoces et les partis. Mais dans ces paniers on  est en concurrence avec les crabes ci-dessus évoqués et d’autres de moindre estrace…

Quel que soit le parcours choisi par le combattant, ce n’est jamais de la tarte. Et une fois élu, ça ne s’améliore pas…

mercredi 28 janvier 2015

Orange, oh désespoir !



La première fois que j’ai décroché, une voix de femme, apparemment jeune, me demanda si j’étais M. Seguin. Je lui exprimai mon regret de ne pas l’être ainsi que de ne posséder aucune chèvre. Pensant avoir composé un mauvais numéro, la dame s’excusa de m’avoir dérangé et raccrocha. Quelques secondes plus tard, la sonnerie retentit à nouveau et la même voix s’enquit à nouveau de ma seguinitude. Je déniai de nouveau cette qualité, et lui demandai quel numéro elle avait composé. Il s’agissait d’un numéro local, certes, mais pas du mien. Elle m’assura s’être appliquée en le tapant et que deux erreurs semblables étaient peu probables. J’en convins. Toutefois, je ne pouvais  me seguiniser pour lui faire plaisir. Peu après qu’elle eut raccroché, le téléphone sonna de nouveau et la même voix se fit à nouveau entendre. Devant ce troisième échec, la dame déclara renoncer à sa chasse au Seguin. Elle était bredouille, j’étais perplexe.

Quelques minutes plus tard nouvel appel. On aurait aimé parler à Christophe. Je me déclarai désolé de n’en avoir aucun sous la main et suggérai une erreur de numéro. On s’excusa et raccrocha. Quelques secondes plus tard, après que j’eus dit « Allo ! » d’un ton un peu agacé, on raccrocha sans mot dire.

Ensuite ce fut une voix d’enfant. Puis une dame apparemment âgée qui nia s’être trompée vu qu’elle était la mère de Mme Seguin. Je lui racontai mes déboires, elle comprit ma détresse sans pour autant en cerner l’origine.

Saisissant mon téléphone, j’appelai ma compagne et lui demandai de m’appeler pour voir s’il y avait un problème avec ma ligne. Elle fut étonnée que se soit affiché un numéro sur son téléphone (je suis sur liste rouge). Elle en prit note et vit qu’il s’agissait bien de celui d’un certain Seguin, habitant un hameau à quelques centaines de mètres de chez moi. Comme aucune sonnerie ne  vint ensuite, je rappelai ma compagne qui me dit qu’à mon numéro on tombait sur le répondeur. Pas d’erreur, il y en avait une !

Je téléphonai au service idoine d’Orange. Un automate me demanda si c’était bien au sujet du numéro de Seguin que j’appelai. Je répondis que non. Je tapai mon numéro mais y fis une erreur (je commençais à être un rien nerveux) et il me fut répondu que ma ligne avait été supprimée et que je devais contacter le service commercial.  Une nouvelle tentative où j’acceptai cette fois de parler de la ligne du père Seguin qui était visiblement dérangée (l’accord se fait avec la ligne, pas avec  Seguin dont j’ignore tout de  l’état mental !), une voix m’annonça, sur fond musical que dans moins de deux minutes un conseiller me répondrait. Une demi-heure plus tard, une charmante jeune femme condescendit à entendre mes doléances. Je les lui exprimai et lui donnai un numéro erroné (je me téléphone rarement et mon agacement montait). Le malentendu fut vite dissipé et il me fut annoncé que, normalement, le problème serait résolu dans les 48 heures. Je lui exprimai mon impatience et lui annonçai mon intention de débrancher le téléphone, vu la cadence à laquelle le téléphone sonnait et lui représentai les inconvénients que pourrait connaître Seguin en se trouvant coupé du monde. En insistant, j’obtins que le dossier fut classé « URGENT ».

Nous en sommes là.  Depuis, bien que je n’aie  pas débranché, personne ne semble avoir voulu contacter Seguin. Je conclus de l’aventure que les techniciens d’Orange sont soit maladroits soit facétieux…

mardi 27 janvier 2015

Syriza m’a tuer !



J’entends avec effarement le bulletin d’information de la RSC™. Point n’y est faite la moindre allusion au tsunami qui a balayé pas plus tard qu’avant-hier notre continent. On y parle de descentes anti-terroristes à Lunel et autres lieux, de nouvelles sanctions contre la Russie mais pas un mot sur les aventures du jeune Alexis Tsipras. Comme le disait avec une étonnante  prescience M. Jean-Baptiste Clément : « Il est bien court le temps des Syriza » !

N’empêche qu’il a fait des millions de victimes collatérales : les « Charlie » et leur enfant quasi-mort-né,  l’esprit du 11 janvier. Il faut dire qu’en nos temps de grand zapping, ils avaient quand même pas mal tenu le coup. Certes on ne parlait plus tellement des foules se ruant sur les kiosques à journaux,  d’individus irascibles se frayant à coup de machette un chemin dans les files d’attentes, impatients qu'ils étaient de faire l’emplette de leur périodique adoré, mais d’hommages en enterrements ça occupait les antennes…

Il faut dire que Syriza est moins consensuel. C’est même clivant. Certes annuler, réduire, étaler la dette est une excellente  idée, seulement certains esprits chagrins se refusent à voir dans aucune de ces trois options un début d’esquisse de queue de solution. Ils continuent de penser, ces obstinés, que la vraie solution est d’opérer des coupes drastiques dans une dépense publique qui a entraîné cette année un déficit de 4% de PIB de la France.  Une paille…

Sauf que, si on transforme ce pourcentage un peu abstrait en chiffres concrets, c’est quand même un peu inquiétant. Le PIB de la France en Euros constants étant, en 2013 et selon la  Banque de France d’environ 2060  milliards d’ € et vu qu’il n’a pratiquement pas bougé depuis, 4 % ça fait quand même la bagatelle de 82,4  milliards d’€,  divisé par les quelques 66 millions d’habitants de notre cher et beau pays on obtient une augmentation par tête de pipe de 1248 €, soit pour une famille de 4 personnes  4993 € pour ne pas dire 5000.

Les « Syrizistes » de tout poil vous diront que tout ça est sans importance, que le salut est dans l’augmentation du déficit et le non remboursement. Si on les suit, on pourra dire que les Charlot on remplacé les Charlie

lundi 26 janvier 2015

D’un autre temps ?



Hier soir, comme ça arrive à peu près deux fois par mois, j’ai eu une longue conversation téléphonique avec ma fille. Nous avons parlé bouquins, politique, boulot (pour elle), grand-mère (les « aventures » de mon ex-belle-mère sont  un sujet inépuisable et toujours réjouissant) de tout et de rien, comme d’habitude. Nous nous entendons très bien et ces  échanges sont très agréables, même quand  nos opinions divergent sur certains points de détail. Elle occupe le poste de DRH dans un grand magasin de province et, alors qu’elle évoquait un des nombreux sujets de discorde entre la direction et les représentants du personnel, nos avis différèrent ce qui me valut la remarque suivante : « Tu es quelqu’un du siècle dernier ! ». Loin de m’en offusquer, je ne pus qu’admettre cette évidence : étant né en 1950, j’ai été formé et ai passé l’essentiel de ma vie professionnelle (et probablement de ma vie tout court) au XXe siècle.  Ensuite, j’ai réfléchi à ce constat…

Est-ce vraiment à cause de mon appartenance à ce temps révolu que j’ai certaines conceptions de la hiérarchie ou bien faut-il en chercher la genèse autre part ? Contrairement à M. Noiret dans Coup de torchon, à force de réfléchir, je suis arrivé à une conclusion et celle-ci est claire, nette et précise : si je n’ai jamais attendu de mes supérieurs qu’ils soient exemplaires et me suis, passée ma prime jeunesse,  abstenu de participer à tout mouvement revendicatif, ce n’est pas dû à mon appartenance à une quelconque génération mais plutôt à mon tempérament profondément individualiste. Une grande partie de la  génération soixante-huitarde à laquelle volens nolens j’appartiens et sur laquelle certains jeunes font peser la responsabilité de tous nos malheurs actuels, avait un sens très développé de la revendication et de l’action collective. Elle se voulait antihiérarchique, « libertaire », collectiviste. Tout ce que je ne suis pas.

Ce que je demande à un dirigeant à quelque niveau que ce soit, c’est de diriger et non d’être un parangon de vertu. Il y a bien longtemps que je n’ai pas ressenti le besoin de « modèles ». Tant que je suis d’accord avec ses options et quelque soit la manière qu’il prend pour les atteindre, je suis. Si, avec ou sans l’assentiment de ses subordonnés, il me semble qu’il va dans le mur ou qu’il m’y mène, je quitte. Ainsi ai-je démissionné trois fois dans ma vie et cela sans avoir de solution de remplacement. J’ai toujours fini par en trouver de plus ou moins satisfaisantes. Je n’ai jamais hésité non plus, du moins quand je le jugeais utile,  à exprimer mes divergences, souvent ironiquement, à ma hiérarchie. Ça ne s’est pas toujours bien passé, mais qu’importe ? A mes yeux, le rapport qu’on entretient avec ses supérieurs est individuel. Dans une grande structure,  le dirigeant immédiat ne fait souvent que mettre en application des directives venues d’en haut.  Il se peut que lui-même les désapprouve. En ce cas, il peut tenter de les contourner ou s’y soumettre à regret en attendant d’hypothétiques « jours meilleurs ».  On ne saurait donc lui en vouloir personnellement mais il n’empêche que, quand le désaccord devient insupportable, et que la direction prise l’est avec l’assentiment enthousiaste, tacite ou résigné de la majorité des parties prenantes, il devient impossible de rester en place.

Je ne crois pas que ma conception des choses soit celle d’un siècle ou d’un autre. Je crains même qu’elle n’ait été de mode à aucune époque tant le grégarisme est une tendance constante de l’humain.  Idéalement, je crois que plutôt que pour diriger ou être dirigé, j’étais fait pour être rentier ou à l’extrême rigueur travailleur  indépendant…