C’est bien connu, l’homme heureux n’a pas de chemise. Reste
à savoir s’il prend des vacances. On serait tenté de répondre par
l’affirmative, vu que sa tenue le prédispose à la plage bien que pour les
sports d’hiver elle ne soit pas idéale. Maintenant qu’est-ce au juste que des vacances ?
Il semblerait que ce soit un temps de liberté et de loisir
durant lequel on peut se livrer à des
activités différentes de celles que l’on exerce d’ordinaire ou tout simplement
ne rien faire. Cette dernière possibilité est difficile à mettre en œuvre :
en effet, dormir, lire, se promener, visiter un monument, se dorer au soleil n’est
pas rien et ne dispense pas de s’alimenter
d’entretenir son hygiène corporelle, etc. Si peu énergiques que soient nos actions,
on fait toujours quelque chose.
Ces vacances peuvent se passer chez soi ou ailleurs. Il est
rare que quand on choisit la seconde solution ce soit pour trouver un
hébergement bien meilleur. On quitte souvent un logement confortable pour des
locaux plus spartiates, inconvénient
censé être compensé par un climat meilleur ou un environnement plus reposant. Il est d’ailleurs remarquable
qu’en été on va rechercher le beau temps alors qu’en général c’est le moment où
ce dernier est le plus agréable dans son lieu habituel de résidence. On se
prive donc des meilleurs moments qu’on pourrait passer chez soi pour une quête d’un ailleurs à l'ensoleillement aléatoire.
Il est très concevable que quand on vit dans un
environnement désagréable où on se livre à d’ennuyeuses activités
professionnelles, on ait envie de s’en évader et d’occuper son temps
différemment ou le moins possible.
Mais qu’en est-il de l’heureux homme libre, celui qui est en
mesure de choisir aussi bien son lieu de vie que des activités,
professionnelles ou non, qui le satisfont ? On peut imaginer que son désir
de vacances soit motivé par la curiosité, l’envie de découvertes. Là encore on pourrait se demander si ce désir de changement n’est pas dû au fait que la satisfaction
que l’on retire de sa vie n’est que partielle.
Va-t-on visiter la voisine quand on est vraiment heureux en ménage ?
A moins encore que la migration saisonnière soit ressentie comme faisant partie
intégrante du mode de vie : mer, campagne ou montagne quand la saison s’y
prête…
Personnellement, je suis totalement dépourvu de ce genre de curiosité.
Je me plais à l’endroit où je suis, je passe mon temps à l’améliorer et je ne m’en
éloigne qu’à regret même pour d’agréables rencontres ou de belles visites. Je
pars (rarement) avec l’impatience du retour.