..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 5 septembre 2012

Excursion en socialie


Le bâtiment entouré, en bas à droite est le préfabriqué où j'enseignais


En mars 1973, il y eut des élections législatives. Je me trouvais alors enseigner à Dreux dans le quartier un temps célèbre puis débaptisé des Chamards. Cette résidence de 400 logements conçu au début des années soixante abritait dix ans plus tard un mélange d’autochtones et d’immigrés. Le gérant, ancien combattant d’Algérie, pratiquait une politique de ségrégation raciale basée sur la hauteur : les arabes dans les petits immeubles et les souchiens dans les hautes tours. C’était comme ça. Le « brave homme » était sans états d’âme…

Or donc, en la bonne ville de Dreux qui devait  s’illustrer dans les années 80 en devenant le premier bastion conquis par le FN, la campagne électorale faisait rage. En bon petit soldat gauchisant, j’y pris une part active : la nuit venue, en compagnie d’autres militants, je collais des affiches. Au deuxième tour, ce fut le candidat socialiste, Maurice Legendre, qui se trouva porter les couleurs de la gauche.  Cependant, une chose me chiffonna durant les affichages : en dehors de militants communistes, j’étais le seul à coller.  On sentait comme une animosité de ces manieurs de pinceaux vis-à-vis des  « sociaux-traîtres ». Il leur fallait mobiliser tout leur sens de la discipline pour faire campagne pour des gens qu’ils détestaient profondément.  Une autre caractéristique amusante de mes rouges camarades  était l’ardeur avec laquelle ils se ruaient sur les affiches des gauchistes pour les réduire en lambeaux tandis qu’ils épargnaient les affiches  de l’UDR.

Legendre l’emporta. M. Badinter, un moment pressenti pour représenter le PS dans la circonscription mais qui vit sa candidature rejetée par les locaux, vint même le soutenir lors d’un meeting. Je ne pus m’empêcher de remarquer l’empressement que mit l’avocat-milliardaire-par-sa-femme (fait que j’ignorais alors)  à s’éclipser son intervention finie, refusant la proposition du candidat de prendre un pot avec les militants. Être socialiste est une chose, se mêler aux ploucs en est une autre… Je suis méchant : peut-être faudrait-il n’y voir qu’un reste de rancune suite au rejet.

Mais cette victoire, me laissa un goût amer. Mon anticommunisme était déjà virulent. Le militantisme et le nombre de ses membres me fit craindre qu’en cas de victoire de la gauche le Parti Communiste ne prît le dessus et n’imposât ses vues un rien particulières sur la démocratie. Innocent que j’étais !  Je plaiderai la jeunesse. Toujours est-il que je pris alors la décision d’adhérer au PS, pensant qu’il était urgent d’en renforcer la base militante.

Cette expérience fut  ennuyeuse. Les réunions de section étaient surtout consacrées aux problèmes « institutionnels ». Si je me souviens bien, suite aux problèmes d’investiture, la section avait été dissoute et il fallait trouver une solution pour la reconstituer. On ne parlait que de ça. L’un brandissait une lettre de Pierre Maurois, l’autre laissait entendre que sa lettre, il pouvait se la carrer où je pense. Débats animés mais sans intérêt. Je sympathisai avec une militante dont les idées, très à gauche, me semblaient compatible avec les miennes. Elle militait au sein du CERES, un courant mené par un jeune loup : Jean-Pierre Chevènement. Il est, au passage, curieux de noter comme le temps transforme en vieux jetons les jeunes loups. De plus, ce sympathique courant était d’un anticommunisme rabique. Tout pour plaire. Malheureusement, la section était plutôt de tendance ex-SFIO et  évitait les débats idéologiques.

Une jeune camarade nous rejoignit en la personne de Françoise Gaspard, fille d’un vieux militant local, qui devait quelques années plus tard devenir maire de Dreux puis députée. Agrégée, Sciences-po, elle s’apprêtait à rejoindre l’ENA.  Compensant son brillant cursus par une froideur et une distance remarquables cette passionaria du lesbianisme devait perdre la ville en 1983 au profit d’une alliance FN-RPR.

Quelques mois plus tard, je partis passer un an Outre-manche. On continua de m’y envoyer les convocations pour les réunions de section.

A mon retour d’Angleterre, je partis étudier à Tours. Je ne renouvelai pas mon adhésion et là, suite à des déceptions syndicales, j’abandonnai  définitivement  mes convictions de gauche.

mardi 4 septembre 2012

Trop d’argent ?




Comme tout un chacun, enfin pas tout à fait, j’ai passé ma vie à courir après le sou qui me manquait pour faire un franc. Ça n’avait rien à voir avec le niveau de mes ressources qui a beaucoup varié. Ce n’est pas forcément au moment où je gagnais le plus que j’en manquais le moins.

Et puis, tout d’un coup, voilà que je me retrouve avec plus d’argent que je ne saurais en dépenser. Et pourtant, j’ai perdu près de 30 % de mes revenus depuis un an que je suis à la retraite.

Apparemment paradoxal, cet état de chose s’explique par plusieurs facteurs.

D’une part, j’ai fini par vendre ma maison d’Eure-et-Loir. Ensuite j’ai cessé mes navettes incessantes entre Beauce et Normandie. Je ne fais plus trente et quelques kilomètres par jour pour aller au boulot. Mon budget carburant est  ainsi passé d’important à négligeable.

Mon héritage m’a permis de finir de payer ma maison et d’y faire des travaux.

Ma baisse de ressources combinée au fait que je n'ai plus qu'une maison m’amène à payer beaucoup moins d’impôts.

En résumé, si mes revenus ont baissé, mes dépenses fixes, elles, se sont trouvées divisées par 3 ou 4. Et puis, peut-être et surtout, j’ai atteint une forme d’équilibre de vie qui fait que ce que j’ai me suffit et que les sirènes de la consommation peuvent chanter autant qu’elles veulent  sans m’attirer.

Je pourrais m’acheter une belle voiture neuve, mais pour quoi faire ? Pour rouler à 90 à l’heure ?  Histoire de perdre X milliers d’Euros par an afin d’impressionner le gars de la déchetterie quand je vais y porter gravats et saloperies diverses ? Pour ça mon break de 10 ans d’âge suffit et suffira encore longtemps…

Je pourrais me payer de jolies vacances mais pourquoi m’éloigner de l’endroit où je vis bien pour moins de confort et plus d’ennui ?

Je pourrais multiplier les exemples de ce qui ne me dit rien. 

Tout ça a pour conséquence qu’au lieu de mes perpétuels découverts, il me reste des sous en fin de mois. Je ne dirai pas que c’est un problème. Simplement que ça me crée un sentiment de légère gêne. 

Il y a des malheurs plus poignants.

lundi 3 septembre 2012

Selon certains culs-de-jattes, ce sont leurs ailes de géant qui les empêchent de marcher…


« Les cons, ils osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. »  disait le bon Michel Audiard.  Ce qui est remarquable est également leur incapacité à s’évaluer et à identifier l’origine de leurs problèmes. D’ailleurs, ils n’en ont pas. Ainsi telle personne se déclarera spécialiste en histoire, en philosophie, en linguistique et en politique alors que ses « connaissances » étalées ne sont qu’une maladroite régurgitation d’articles mal compris.

Face à la critique, ce genre de personnes a des réponses toutes faites : si on ne comprend rien à son galimatias, c’est qu’on n’a pas le niveau. Si on relève dans ses élucubrations de grossières erreurs, c’est qu’on n’y connaît rien.  Si sa logorrhée se contredit d’un jour sur l’autre, ceux qui le déplorent  manquent de souplesse d’esprit.

Faut-il en pleurer ou en rire ? Je suis tenté par la deuxième option. Après tout, ces ravis de la crèche mènent une heureuse existence. La distance qui les sépare de la réalité les rend quasi-invulnérables. Ils traversent la vie, sourire aux lèvres, certains  de leur supériorité, prennent les lazzis pour des cris d’envie, confondent railleries et compliments, considèrent les rares andouilles qui les encensent pour de grands esprits et se croient admirés quand la foule n’est là que pour rire d’eux.  On a vu sort plus triste.

Oies culs-de-jattes aux ailes coupées, ils se rêvent albatros. Rien ne les réveillera.

Si d’aventure un de ces personnages venait à lire ce billet il se dirait surement qu’il s’agit d’un autoportrait de son auteur. A part que je ne suis spécialiste de rien et considère mes bavardages avec une certaine distance.

dimanche 2 septembre 2012

Le meilleur plongeur de France



Notez que j'ai choisi une photo flatteuse !


Paris ne s’est pas fait en 100 jours, qui va lentement va surement, la tortue bat le lièvre à la course, on ne répare pas 10 ans d’erreurs en quelques mois, etc. Que ces paroles sont douces à entendre !

Les sondages ne sont pas excellents pour Sa Normalité. Il n’y a pas eu d’état de grâce, mais la dégringolade ne se fait pas attendre. Alors, ses partisans réclament du temps. Le changement, c’est maintenant mais maintenant, c’est plus tard. Avec la crise et l’héritage, faudrait quand même pas compter sur un redressement trop rapide. Attendez un peu et vous allez voir ce que vous allez voir…

Je constate quand même un (léger) progrès dans les discours de gauche. On commence à admettre qu’il y aurait comme un semblant de début de crise en plus de l’héritage. C’est nouveau, cette prise de conscience. C’est en vain qu’on aurait cherché tout au long de la merveilleuse campagne du candidat normal la moindre allusion à une quelconque crise. Si on osait dire que par rapport à bien des pays d’Europe, la France se tirait mieux de la crise, les partisans de M. Hollande vous toisaient comme l’eût fait un évêque voyant son homélie interrompue par les aboiements d’un chien (il est vrai que le droit du chien à regarder l’évêque est  généralement reconnu, mais de là à aboyer…).

C’est déjà un changement. De plus, le fort taux de croissance qu’on allait imposer à notre économie par décret est revu à la baisse. Le brave M. Ayrault, notre charismatique premier ministre après avoir repoussé l’idée, laisse entendre que l’on pourrait envisager, si nécessaire, après concertation, en prenant son temps, sans mettre la charrue devant les bœufs, une augmentation de la CSG. De combien de points ? On entend parler de 3%... 60% des français y seraient opposés… A croire que 40 % n’ont pas compris à quel point une  telle augmentation réduirait leur pouvoir d’achat.

On a supprimée l’augmentation prévue de la TVA. Pas sociale, qu’elle était ! Alors que la TVA est un impôt totalement indolore, pas forcément répercuté sur les prix de vente en période de forte concurrence. En revanche, le gars qui gagnait 1500 € par mois et qui n’en recevra plus que 1455, avant de s’en réjouir risque de passer par un moment d’abattement où il trouvera le changement saumâtre. Il se peut qu'il en veuille au gouvernement, vous savez, les gens sont ingrats…

Dimanche prochain, le président normal va s’inviter pour la troisième fois à la télé. Il faut dire qu’on ne l’y voit d’habitude que tous les jours. Il va nous sortir un de ces discours à vous dérider le grognon, je ne vous dis que ça. Si sa cote ne remonte pas en flèche, c’est que les Français ne sont pas normaux !

Ce qui est ennuyeux, c’est que les journaleux, pourtant naguère si aptes à bouffer du Sarkozy tous les matins, semblent avoir eux aussi perdu leur enthousiasme. Ils se posent des questions, ces belles âmes. Du genre : « Et si continuer de soutenir comme des fous un président qui plonge amenait nos lecteurs à se détourner de nous ? » Alors, n’écoutant que leur haute conscience morale, sans vraiment tourner casaque, ils vous ont des prudences de rosière…

Dire que tout ça m’attriste serait faux. Après tout, voir plonger un président élu de justesse sur un malentendu et un déni de réalité ne m’ennuie que modérément. Entre les déçus de sa gauche et de son propre parti et  une droite qui n’a pas changé d’avis je crois que la dégringolade n’en est qu’à ses débuts, qu’elle sera rapide et enverra  bientôt M. Hollande explorer des gouffres d’impopularité qui rendront tout espoir d’une réélection illusoire. Pour lui et les siens. Et pour longtemps.

D’un autre côté si c’est pour voir l’insipide Fillon remplacer l’inexistant Hollande… Mais bon, comme disent les partisans de Sa Normalité, nous avons 5 ans devant nous.