..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 15 novembre 2011

Idée de réforme électorale





Si l’assemblée nationale doit refléter le corps électoral français,  une  catégorie, malgré son importance, n’est  pas du tout représentée : les abstentionnistes.

Il est courant de dire qu’ils constituent  le premier parti de France. Il lui arrive même, lors de scrutins particulièrement dénués d’intérêt d’obtenir la majorité absolue. Et malgré ça, aucun  élu. Vous me direz que les abstentionnistes constituent un groupe disparate. Certains ne participent pas au scrutin parce qu’ils n’ont pas que ça à foutre, d’autres parce qu’ils sont malades,  quelques uns parce qu’ils pensaient que les élections avaient lieu la semaine d’après, d’autres encore parce que c’est tous des pourris, etc. Il y a probablement plus de raisons qui font que l’on s’abstient  que de motivations pour voter pour tel ou tel candidat. N’empêche, dans une démocratie représentative digne de ce nom, ce ne serait que justice qu’ils aient des élus et cela à tous les niveaux.

Des élus qui ne se rendraient à aucun prix aux séances de leurs assemblées respectives pas plus qu’ils ne participeraient au vote. Ils resteraient chez eux, iraient à la pêche, ou se tromperaient de jour, enfin bref. Évidemment, ils toucheraient  leurs  indemnités. Il n’y a pas de raison. Ils n’auraient  cependant, pour des raisons évidentes,  droit à aucune compensation pour leurs frais de secrétariat ni de déplacement ce qui en ferait les élus les moins coûteux.

Petit problème cependant : comment déterminer qui serait l’élu abstentionniste ?  La solution est simple : on le tirerait au sort parmi les plus constants non-voteurs de la circonscription

Afin d’éviter qu’une assemblée ne se retrouve composée d’une majorité, voire d’une totalité de non-voteurs qui leur piqueraient leur place, les candidats se verraient contraints de proposer à leurs électeurs des programmes à la fois attrayants,  réalistes et clairement identifiables. Ça nous changerait.

lundi 14 novembre 2011

Quel grand timide ce Montebourg !



J'entends le bel Arnaud dire, pour justifier son idée d'un âge limite à la candidature aux législative,  que les parlementaires ne représentent pas la population française parce qu'ils sont, en moyenne trop vieux. Son raisonnement me paraît tout de même un peu spécieux. Le critère de l'âge qu'il retient est-il vraiment pertinent ? Et surtout le bouillant ex-candidat à la candidature ne se montre-t-il pas un peu timoré ?

Examinons d'abord la question de l'âge.

Jusqu'ici, le seul critère retenu semblait, pour ceux censés mener la politique du pays, être les orientations politiques. Curieux, non ? Admettons cependant qu'on tienne compte de l'âge pour assurer une meilleure représentativité que remarquons-nous ?

Après bien des calculs que je vous épargne mais que vous pouvez faire si ça vous amuse, je me suis aperçu que les plus de 65 ans sont SOUS-représentés à l'Assemblée et que les plus SUR-représentés sont les 60-65 ans . C'est donc, si on accepte l'âge comme critère ces "jeunes" sexagénaires qu'il faudrait virer au profit de plus vieux. 

En fait, selon l'homme fort de la Saône-et-Loire, ce sont les moins de quarante ans qui seraient en trop petit nombre. C'est indéniable vu qu'ils ne sont que 16 à l'assemblée. Peut-on cependant raisonnablement penser que les plus de 68 ans virés comme il le préconise, les suffrages se reporteraient automatiquement sur des moins de 40 ans ? A moins, bien entendu de présenter en position d’éligibilité un nombre suffisant de jeunes. En espérant que les vieux briscards, évincés, ne se présentent pas face au candidat officiel. D'autre part, le corps électoral étant ce qu'il est, en quoi ces jeunes représenteraient-ils mieux les électeurs de leur circonscription dans la diversité de leur âge ?

Après mure réflexion voilà ce que je proposerais pour aller vers une meilleure représentativité.

Pour que cette représentation soit fidèle, il faudrait que le corps électoral soit, au niveau national, divisé en classes d'âges : Collège des 18-39 ans, des 40-59 ans et des 60-68 ans, par exemple. Quid des plus de 68 ans ? Il me semblerait logique de penser que s'ils sont trop gâteaux pour légiférer, ils le sont également pour voter. On leur supprimerait donc le droit de vote.

D'autre part, il serait, si l'âge doit être un critère retenu, logique de contraindre les électeurs de chaque collège à ne voter que pour des candidats de leur classe d'âge sous-peine de non-représentativité de leur élu.

A cela s'ajoute, bien évidemment, le problème de la parité homme/femme. On pourrait donc subdiviser les collèges d'âge selon le sexe, les hommes ne pouvant voter que pour des hommes et les femmes que pour des femmes.

Pendant qu'on y est, on pourrait également envisager d'ajouter d'autres critères comme la taille, le poids, la couleur des cheveux, les orientations sexuelles, les convictions religieuse etc.

Ce genre de scrutin ne pourrait s'organiser que dans le cadre d'une consultation nationale à la proportionnelle. Ainsi pourrait-on voir élus des gens réellement représentatifs du genre : Marie-Thérèse Dugenou, députée socialiste des petites grosses homosexuelles athées de  moins de quarante ans aux cheveux roux ou Ali Ben Mohamed, député UMP des hétérosexuels sexagénaires grands maigres à cheveux frisés et poivre et sel de confession musulmane.
 

dimanche 13 novembre 2011

Les paysans ? Ils ne pensent qu'à s'amuser !



Tout près de chez moi vit un ménage de paysans. J'ai bien dit de paysans. Pas d'agriculteurs ou d'exploitants agricoles. La différence ? Elle est partout. L'exploitant agricole, c'est un chef d'entreprise, un œil sur le cours des matières premières agricoles l'autre sur ses courbes de production. Il est informatisé et passe plus de temps sur le net qu'au cul de ses vaches. Le paysan, lui, ne pense qu'à s'amuser.

Ceux d'à côté de chez moi, je les observe du coin de l’œil, mine de rien. Ils sont beaux bien que plus très jeunes. Bien entendu l'homme porte la casquette, une belle cotte de travail verte et est chaussé de bottes. La femme, elle n'a pas de casquette mais est dûment bottée et porte une blouse. Ils ont une gamine qui doit aller au collège et leurs aînés, fille et garçon, ont quitté le nid familial. Leur maison est grande. Le jardin fleuri. Ils ne sont pas très causants. Quand on se voit, c'est juste bonjour-bonsoir voire un simple signe de la main quand ils passent en tracteur. Bref de parfaits voisins.

Mais qu'ils sont joueurs ! Leur principale facétie consiste à embourber la route. Pas simplement y laisser quelques mottes de terre arrachées aux champs par les roues du tracteur, non : l'embourbage est conséquent, systématique, profus. Au point que ma fille, la première fois qu'elle est venue, a cru que son GPS déconnait et l'avait amenée dans une cour de ferme alors qu'une fois passé la portion qu'ils occupent de part et d'autre de celle-ci la route redevient route. Ce mélange de boue et de bouse rend inutile tout lavage de voiture puisqu'au premier passage on se retrouve aussi crotté que devant. 

En fait, ils passent leur temps à jouer. Tout leur est prétexte à faire un tour de tracteur : charrier du fumier, transporter de l'engrais, du foin, du bois. Je les soupçonne même de faire des tours à vide, juste pour rigoler.

Un des jeux favoris de la femme, c'est d'aller promener les vaches. Tous les matins, à neuf heures, elle les emmène gambader au pré. Le soir, elle les ramène à l'étable. A 6 heures l'été. Avant la tombée de la nuit en hiver. C'est amusant comme tout. Pour ça, on sort le chien, qui fait le pitre autour des vaches tandis que la paysanne, à vélo et munie d'un bâton,  leur gueule dessus et jure à faire rougir le charretier le plus endurci. Bien entendu, pas question d'avoir quelqu'un devant pour prévenir les éventuels automobilistes de l'arrivée du troupeau. Il faut dire qu'après avoir failli aller dans le décor en traversant le cloaque sus-mentionné, le conducteur le plus pressé reste sur ses gardes.

Il ne faut pas croire que leurs jeux se limitent aux vaches et au tracteur. Loin de là : ils jouent aussi à couper du bois égayant nos oreilles de la plainte stridente de la scie des jours entiers, ils s'amusent à élaguer les pommiers dont ils brûlent les rameaux inutiles en de grands feux de joie, ils jardinent, labourent, hersent, épandent le fumier...

Amis des animaux, ils en ont par dizaines, peut-être même centaines : poules, oies, pintades, lapins, chats même, et bien entendu chiens. Tout ça fait un raffut du diable.

C'est bien simple : ils n'arrêtent pas de s'amuser,  du matin au soir, sept jours sur sept. A l'exception du mardi matin ou comme tout un chacun ils vont faire leur petit tour au marché, vêtu de leurs plus beaux atours.

Quelle belle vie ! Qui peut se vanter, des décennies durant, de s'être autant diverti ? Il y a fort à parier que leurs parents avant eux, un cheval remplaçant le tracteur, avaient menée, à un rythme plus lent, la même vie. 

Leurs enfants feront-ils de même ou bien le fils, s'il reprend les terres, deviendra-t-il un exploitant agricole qui nettoiera la route, agrandira le troupeau, mettra fin à la quasi-autarcie et s'endettera jusqu'au naufrage ? Ce serait dans l'ordre des choses : on arrête pas le progrès.

samedi 12 novembre 2011

La longévité ? Bof...





S’il est une chose qui a la cote dans notre société, c’est bien la longévité. Avec l’argent, évidemment, mais ça c’est vieux comme le monde. La longévité, c’est plus moderne. J’entendais même récemment à la radio, suite à je-ne-sais-quelle découverte sur le rajeunissement des cellules, quelqu’un envisager la fin du vieillissement, la jeunesse éternelle, l’immortalité en quelque sorte.  A condition, évidemment, d’éviter de se faire rouler dessus par un bus, poignarder à 247 ans en sortant de boîte par un mari jaloux, de recevoir sur la tête un mouton tombé du balcon du quinzième étage ou de se voir buter par un tueur aux gages d’héritiers impatients.  En voilà une chose qu’elle serait bien ! D’un autre côté, ça pourrait poser des problèmes aux caisses de retraite si on ne relevait pas l’âge de départ. Mais ne pinaillons pas.

D’où nous vient cette curieuse envie de vivre vieux ? Le bon Alphonse Allais regrettait que l’allongement de la vie se fasse par le mauvais bout. Car vivre longtemps signifie être vieux longtemps.  Evidemment, on s’imagine vieux et gaillard, du genre à faire du parapente,  à courir le guilledou, à en remontrer à ces faignasses  de jeunes.  Pas du tout décati, bourré de rhumatismes  et d’arthrose. D’ailleurs on ne vous montre que des vieillard(e)s sémillant(e)s, agités comme des queues de chien par une énergie indomptable.  Il faut bien entretenir la foi.  Le vieux, la vieille pas présentables, on nous les cache. C’est de bonne guerre.

Je peux me tromper, mais j’ai l’impression que l’amour de la longévité découle à la fois du progrès de la médecine (que l’on souhaite infini) et de la baisse du sentiment religieux : ne croyant plus à une vie éternelle dans l’au-delà, on se contenterait d’une longue, TRES longue vie. Un lot de consolation, en quelque sorte.  Curieusement l’idée  n’est pas si nouvelle : en atteste l’âge incroyable atteint par les patriarches. Comme si passer des siècles à promener son troupeau dans un quasi-désert était sort enviable.  Peut-être en rêvait-on vaguement, comme on s’imagine parfois voler de ses propres  ailes, au sens propre. Mais ça s’arrêtait là. Ce qui est récent, c’est  la quasi-exigence chez nos contemporains de devenir au moins nonagénaires, et en pétant le feu, s’il vous plaît.  J’ai souvent entendu des vieux plutôt caducs s’écrier à l’annonce d’une mort « Quatre-vingts ans, c’est jeune ! ». Tu parles que c’est jeune, quatre-vingts ans ! C’est tout juste si à cet âge, quand tu vas acheter des clopes ou une bouteille de whisky  on ne te demande pas ta carte d’identité !

Même en admettant que les progrès de la médecine nous permettent de vivre très vieux en bonne santé, il y a un petit hic à ce projet d’égaler  Mathusalem :  on est le produit d’une époque et le monde change.  On n’y peut rien. Prenez par exemple Stéphane Hessel : i l a des solutions, des idées nouvelles. Enfin qui étaient plus ou moins nouvelles quand il était fringuant jeune homme il y a soixante et quelques années…

Vous vous imaginez ce que ça donnerait aujourd’hui, une personne de 120 ans, née en  1891, même pas gâteuse, élevée dans l’esprit de la revanche contre les fridolins, ayant de justesse raté la Grande Guerre, déjà trop vieux en trente-neuf ? Surtout s’il avait été élevé par des réacs ? Vous croyez qu’il irait applaudir la gay-pride ?

On m’objectera qu’on peut se tenir au courant, vivre avec son temps. Mouais… Je fais souvent  le test de demander à mes congénères de me citer une belle actrice de cinéma. A tous les coups j’ai droit à la Brigitte, à la Sofia ou à la Marylin. Quand je les presse de trouver quelqu’un d’un rien plus actuel, j’obtiens Adjani, une gamine de 56 ans… C’est comme ça : on garde les admirations de sa jeunesse.  Parce qu’elles sont plus fortes. En littérature même : on peut généralement déterminer l’âge approximatif d’un lecteur en parcourant les titres de sa bibliothèque.

Qu’on le veuille ou non, on appartient à une époque et on finit fatalement par devenir  un vieux con, un quasi-fossile encroûté dans  des goûts et des valeurs périmées. Quel serait l’intérêt de vivre dans un monde qu’on ne comprend plus et qui ne vous tolère que dans le rôle du vieux schnock ?

La longévité est un rêve d'inconscient.

vendredi 11 novembre 2011

A la barre à mine !



Je me suis initié, ces derniers temps, au maniement de la barre à mine. Outil redoutable et efficace. Je voulais implanter une haie le long de la clôture qui me sépare du voisin. Pour vivre heureux, vivons cachés.Seulement, ce n'était pas évident : le fermier qui m'a précédé en ces lieux avait, comme c'est souvent le cas, un tracteur. Il faut bien que ces gens-là s'amusent ! Pour meubler ses nombreux loisirs, il s'adonnait aux joies simples du ramassage scolaire et garait le car à la maison. Homme pratique, plutôt que de régulièrement s'embourber dans la bouillasse quand par malheur la pluie détrempe les sols, il avait empierré la passage. Sage précaution car les précipitations ne sont pas si rares dans nos vertes collines.

Sage précaution, certes, mais quand on a une haie à planter dans un terrain empierré, on se prend à regretter de ne pas avoir été précédé par un insoucieux. Comment creuser une tranchée dans un sol qui, attaqué à la pioche, n'en semble pas plus affecté que ça ? 

Il y a bien le marteau-piqueur. C'est de ce délicat instrument que j'avais usé l'an dernier pour installer ma clôture. J'en ai gardé de longs mois un souvenir douloureux : sa pointe s'étant coincée entre des cailloux dans le trou que je perçais, j'entrepris, pour l'en extraire de le faire basculer latéralement. Ces mouvements finirent par atteindre leur but mais de manière un peu brutale : d'un seul coup, la pointe se dégagea et, entraîné par l'élan que je lui avais imprimé, le corps du lourd outil vint violemment frapper le côté interne de mon genou droit me causant une violente douleur et me contraignant plusieurs mois durant à claudiquer en m'aidant d'une canne. Peu rancunier, je demandai pourtant au voisin de me prêter le sien. Évidemment, il l'avait prêté à un autre. Ainsi sont les voisins. En acheter un ?  Le louer ? Coûteux, tout ça... 

C'est alors que la barre à mine m'apparut comme une solution. On ne pense que trop rarement à cet outil. Vous qui me lisez, pouvez-vous sans mentir m'affirmer y songer souvent ? Homme d'action autant que de réflexion, je me rendis donc sans délai  au Magasin Vert le plus proche pour en faire l'emplette. Ils en avaient une ! Elle était belle, peinte en bleu. 

Je pus donc commencer ma tranchée. Dire que ce fut une partie de plaisir, ces quarante mètres à creuser, serait exagéré. Mais à raison de quelques heures de maniement par jour, j'en vins à bout. Avec un minimum d'énergie et de constance, les résultats sont là. En la maniant, je me disais que cette barre pouvait constituer une arme redoutable entre des mains rompues à son usage. Si on peut de sa pointe faire éclater le granite, quels dommages n'infligerait-elle pas à un malotru ? J'en vins à imaginer que l'on pourrait très bien, plutôt que de s'user en vaines polémiques, régler ses différends par un duel à la barre, l'offensé ayant droit à un coup franc. Combien de vaines disputes seraient ainsi évitées ? On y regarderait à deux fois avant d'offenser...

Depuis, je rêve d'un monde apaisé et serein où les conflits se règleraient à coups de barre à mine.

jeudi 10 novembre 2011

C'est la crise !



J'entendais, hier, à la télé un journaliste déclarer sans rire que, crise oblige, les français regardaient à la dépense et étaient contraints de faire des choix. Ce qui voudrait dire qu'en période de non-crise, ils ne seraient pas contraints à ces mesquines prudences. 

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi ça a toujours dû être la crise. Quel qu'ait été mon niveau de ressources, et il a amplement varié le bougre, il m'a toujours fallu regarder à la dépense et faire des choix. J'aurais bien aimé connaître ces périodes bénies ou l'on dépense sans compter et où l'on s'offre toutes ses fantaisies. 

Seulement, ça n'a jamais dû exister nulle part à aucune époque. Même les plus riches sont contraints de rester dans les limites de leur fortune. Je ne dis pas que Bill Gates soit contraint de choisir entre se payer un Big Mac et aller au cinéma. Il peut s'offrir les deux. Il est également en mesure de s'acheter la salle de cinéma et le restaurant Mc Do afin d'y être plus tranquille. Mais ça s'arrête vite... Vu qu'il est philanthrope comme un malade, s'il voulait effacer toute la misère du monde ce ne sont pas ses quelques malheureuses dizaines de milliards de dollars qui le lui permettraient... Même pas foutu de racheter la dette grecque, qu'il serait, c'est dire !

Pour être plus exact, le journaliste devrait dire que, vu la crise, les gens ont tendance a y regarder un peu plus que si nous jouissions d'une croissance forte. Dire que la crise n'est pas responsable de tout, qu'elle n'affecte, au moins pour le moment, en France,  que marginalement la plupart des gens, ce serait désespérant. En effet, reconnaître cela voudrait dire que la sortie de crise tant attendue ne changerait rien de fondamental. Les politiciens ne pourraient pas nous promettre un changement radical. Les indignés passeraient pour des cons. On aurait même du mal à regretter le bon temps d'avant, quand, soi-disant,  on vivait au pays de cocagne.

Dieu merci, du plus loin que je me souvienne, et ça commence à faire un bout de temps, je n'ai jamais connu d'époque où nous n'étions pas en crise. Du moins selon certains...




mercredi 9 novembre 2011

Pour un droit à la casquette (plate).



Quand j'étais jeune, il y a très longtemps, les vieux portaient des casquettes et les jeunes allaient tête nue. Entendons-nous bien : quand je parle de casquette, je ne parle pas de celle qu'arborent les djeuns d'aujourd'hui, ce produit d'importation qui met une touche finale à la toilette de l'ado, mais de la vraie, la plate.

Vu leur grand âge, je me disais alors qu'un temps viendrait où les vieux à casquettes s'éteindraient d'eux-mêmes comme de vulgaires dodos. Eh bien, il n'en est rien. Me voici entré dans le troisième âge et le vieillard casquetté est toujours là, pas plus fringuant que jadis, mais solide au poste. Et pourtant ça ne peut pas être les mêmes. Le vieux à casquette avait, en mon jeune âge, au moins soixante-soixante-dix ans. Ce qui l'amènerait maintenant à dépasser allègrement la centaine. Je sais, la vie s'allonge mais à ce point...

Donc, d'une manière ou d'une autre le vieux à casquette se perpétue. Pourtant il ne se reproduit pas. La fable selon laquelle dans certaines maternités spéciales naîtraient des vieillards tout encasquettés ne tient pas. 

Reste à savoir si, avec le temps, la casquette vient à l'homme ou si c'est l'homme qui vient à la casquette. C'est bien entendu la deuxième option qui s'impose. Son port fait suite à un achat ou à un vol. Plus généralement à un achat, vu que l'arthrose du casquettophile le dissuade généralement de pratiquer le vol à la tire. Trop risqué. 

Jasper Carrot, comique britannique, disait que l'âge mûr commençait quand, en passant devant un magasin  spécialisé dans le vêtement classique, on se disait : "Pas mal ce cardigan!" Il faut croire que la vieillesse débute quand on ressent l'impérieux besoin de s'acheter une casquette. La calvitie joue probablement un rôle dans cette addiction mais ne nous y trompons pas : certains chevelus la partagent.


L'autre jour, au marché, devant le nombre de vieux encasquettés j'en suis venu à me demander si la casquette ne serait pas, en fait, obligatoire. Du coup, je me suis senti mal à l'aise, comme pas en règle.C'est ainsi que m'est venue l'idée du droit à la casquette : à un âge déterminé par la loi, tout français l'obtiendrait. Moyennant une infime cotisation, il acquerrait,sa vie active durant, des points, qui, l'âge venu et en fonction de la hauteur de ses contributions, lui donnerait droit à une casquette plate plus ou moins luxueuse et renouvelable annuellement. Il n'y aurait pas d'âge limite. On pourrait même renoncer, par coquetterie à cet acquis social. De même, les plus fortunés pourraient anticiper, à leurs frais, l'âge de leur casquette.

A l'heure ou le débat électoral s'enlise, il me semble que les candidats à la magistrature suprême feraient bien de reprendre l'idée.