Tonton Nico Bédégé* est un conteur né. Il nous fascine avec
ses belles histoires. D’habitude, c’est aux grandes personnes qu’il s’adresse
et, comme il ne les croit pas très malines, il se met à leur portée en
simplifiant tout. Tonton a un idéal, la gauche, et un dieu nommé Pépère. Comme
son dieu, il a un ennemi mais il ne s’appelle pas la finance et a un visage :
M. Sarkozy. Il faut dire que sa haine n’est pas sans motif car selon Tonton
Nico, ce triste personnage a ruiné la France, fait rien que des bêtises et est
accessoirement un criminel multirécidiviste. Car Il en sait des choses, le
Tonton, bien plus que la justice et la police !
Pour varier un peu, aujourd’hui, il a entrepris, dans un
style adapté et avec suffisamment de fautes d’orthographe pour passer pour un
des leurs, de raconter aux enfants l’Affaire
Sarkozy. Pédagogue socialiste né, il respecte leur innocence et ne saurait
leur enseigner que des vérités. Lorsqu’il déclare « Il avait un copain qui
était chef d'un grand pays avec des sous coincé entre l'Egypte et la Tunisie.
Il l'appela : « Dis donc, Mumu, t'aurais pas plein plein plein de
sous à me donner, je te rendrai des services quand je serai président ? » Et
voilà ! Plus besoin de vendre des tee-shirts, la campagne était financée. »,
il ne peut s’agir que de faits indéniables, Tonton devait, lors de cette
conversation être caché sous le bureau du méchant Sarko. Quand un peu plus loin il ajoute «ils [les
enquêteurs] ont pensé qu'il avait arnaqué une pauvre petite vieille mais ils
n'ont pas réussi à le prouver alors que c'était de notoriété publique »,
il sait de quoi il parle. La "notoriété publique", c’est quand même autre chose
que des preuves, non ?
On se demande vraiment pourquoi les gentils juges rouges
perdent leur temps à faire écouter des mois, voire des années durant M. Sarkozy
alors qu’il y a un Tonton qui sait tout et est prêt à les aider. Quels cons,
ces juges ! Quelle honte, cette justice timorée, paralysée par le respect
de la procédure ! Comme si la « notoriété publique » et les affirmations
de Tonton ne suffisaient pas pour envoyer
un innocent aux galères infliger un
juste châtiment au bourreau de la France ? Avec Tonton, plus besoin d’enquête,
de preuves, de jugements : on met ses opposants en prison et puis c’est
marre. C’est pas de la haine, ce n’est que justice.
On me dira que M. Bédégé plaisante, que c’est de l’humour. Admettons.
Que ça ne me fasse pas rire ne prouve rien, après tout il y a bien des gens que
Guy Bedos amuse... Il n’empêche que
porter sans l’ombre d’un début de commencement de preuve de graves accusations
contre quiconque relève davantage de la diffamation que de la plaisanterie, que
cette manière de faire révèle une curieuse conception du débat politique et
rend difficile de tenir en estime ceux qui se livrent à de telles pratiques.
*Acronyme de Blogueur de Gauche