..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 10 mars 2014

Marcher sur la tête, quoi de plus « naturel » ?



L’autre jour alors que nous nous promenions avec ma compagne  dans la campagne (paronomase !), je ne sais pourquoi nous en vînmes à parler des ruisseaux qui descendent en nombre des verdoyantes collines alentour. Elle me dit que désormais les cultivateurs n’avaient pas le droit de curer lesdits cours d’eau. Je crus d’abord mal entendre, puis je mis cette affirmation sur le compte des ravages de  l’âge qui sèment le trouble dans bien des esprits. Avant-hier, alors qu’avec le père du gendre de Nicole, nous parlions des diverses réglementations qui viennent chaque jour limiter un peu plus nos libertés (pour le plus  grand bien de la démocratie, ça va sans dire), nous évoquâmes d’abord l’interdiction des feux (variable d’une commune à l’autre) puis il évoqua la fameuse interdiction d’entretenir les ruisseaux.  Je me dis que, décidément, ça devait être contagieux et que les seniors de la Manche entretenaient de bien curieuses et paranoïaques lubies…  Hier enfin, ma campagne, histoire de prouver qu’elle n’était pas en proie au délire comme je semblais le penser, me fit lire un article du journal local, La Manche Libre (adjectif qu’il serait peut-être temps de changer pour « Entravée » afin de mieux coller à la réalité)  consacré au « problème ». 

Il y était dit que la tension montait entre la FDSEA et l’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques), organisme chargé de la « police » des cours d’eaux. Le syndicat agricole se plaint de ce que soient depuis 2013 dressés des procès verbaux  pour curage intempestif de cours d’eaux ou de fossés. Les cultivateurs  se seraient livrés sans retenue à cette criminelle activité sans avoir préalablement demandé d’autorisation administrative ! Ce qui leur valut des amendes allant jusqu’à 1500 €. D’où mécontentement, manifestations devant les locaux de l’office en question et  revendication que le soin d’entretenir les  cours d’eau soit rendu aux agriculteurs.

Je devais me rendre à l’évidence : le délire n’était pas où je l’avais soupçonné. Mais, me direz-vous, pourquoi de telles limitations ? Mais pour préserver la biodiversité, quadruples buses !  Il est urgent de laisser les branchages former des barrages afin de mieux inonder, les terres entraînées par le ruissellement transformer le bas des pentes en marécages afin que le triton à crête mordorée et le turlupin salace y prolifèrent ainsi que leurs prédateurs !  Il en va de l’ « écosystème », nom de diou !

Mouais, à part que l’ « écosystème »  qu’on nous présente comme naturel ne l’est  pas plus que le tablier dont se vêtent nos élégantes vaches où les bretelles qui maintiennent en place les pantalons de nos chers lapins. Cet «écosystème » n’existe que parce que l’homme, par des siècles d’efforts a modelé la nature. Par exemple, mon coin regorge de geais des chênes, joli corvidé se nourrissant en partie des glands (d’où son nom) qu’il récolte à la bonne saison et enterre en vue de temps moins fastes.  Sa présence, en l’absence de forêts,  s’explique par le fait qu’en haut des talus les paysans ont planté des chênes qui leur fournissent un bois de chauffage de qualité et abritent leurs champs et prés des vents tempétueux. Sans ces arbres, point de geais. On pourrait multiplier les exemples de ce genre.

Reste à savoir ce que l’on recherche. Voudrait-on faire « revenir » nos campagnes où ABSOLUMENT RIEN n’existe qui n’ait été modifié par l’homme à un état  « naturel » fantasmé ? Ne s’agit-il que de soumettre toute activité humaine à des réglementations propres à  l’aliéner chaque jour un peu plus ? La campagne a-t-elle pour but essentiel la prolifération du triton à crête mordorée et du turlupin salace ? N’a-t-elle pas également pour fonction  de nourrir les hommes ? De plus, sauf à croire en la génération spontanée, la fameuse biodiversité préexistait à l’interdiction des curages…

samedi 8 mars 2014

La loi des affaires



Il serait urgent  que le parlement vote une loi  régulant  le droit aux affaires des Français. Car si, et ce n’est que justice, d’affaires  nous ne manquons pas, il faut bien reconnaître que celles-ci éclatent de manière anarchique, ce qui nuit gravement à l’intérêt qu’elles suscitent. On a à peine commencé à s’intéresser à la nouvelle qu’une autre vient la supplanter, elle-même éclipsée par une affaire toute neuve.  Du coup, le citoyen ne sait plus trop où donner du dégoût ou de l’indignation. D’autant plus que les affaires n’ont pas toutes la qualité qu’on serait en droit d’attendre. A force de voir les montagnes accoucher de souris, le chaland finit par se lasser.  Il risque de finir par tout mélanger, penser que cette histoire de Sarkozy se rendant nuitamment en scooter chez  M. Buisson afin d’y enregistrer en cachette, sur un dictaphone surfacturé,   les conversations de M. et Mme Copé parlant de la pluie et du beau temps avec les Strauss-Kahn-Diallo, est bien embrouillée. Le grand danger, c’est que, comme Guyot, la presse perde toute crédibilité et qu’une affaire gravissime survienne sans que quiconque n’y prête la moindre attention.  Ce qui serait finalement la porte ouverte à bien des excès. Le président pourrait alors se mettre l’ensemble du budget national dans la poche, révolvériser ses opposants et ceux de son propre parti qui lui font de l’ombre lors d’une petite sauterie élyséenne sans que personne y trouve à redire ou se donne la peine d’évoquer ces faits. Avant que nous n’en soyons là, il faut LÉ-GI-FÉ-RER.

Légiférer est bien, utile, essentiel même, mais tant qu’à  s’y mettre, autant le faire avec soin. Je suggérerais à nos parlementaires deux axes qui me paraissent indispensables à la bonne santé des affaires. Tout d’abord, il faut réglementer leur fréquence. Croyez-vous que M. Dreyfus continuerait, plus d’un siècle après ses problèmes, à être connu de tous si le lendemain des accusations dont il fut l’objet  la presse  avait accusé le président d’avoir entamé des pourparlers avec l’Angleterre pour lui restituer le Pas-De-Calais  moyennant une grosse somme payable en Suisse ?  Pour bien se développer, les affaires, c’est comme les poireaux : il faut un certain temps. Il serait donc souhaitable que n’éclate aucune affaire moins de trois mois après la précédente. Ensuite, afin d’examiner la qualité des  affaires, il serait bon que soit créé  un corps d’experts (plus ou moins indépendants). Cela permettrait que n’éclatent que des affaires intéressantes, sérieuses et dotées de solides bases susceptibles d’envoyer le ou les mis en cause aux galères ou à l’échafaud, au cas bien entendu où ces peines seraient judicieusement rétablies. De telles affaires ne se trouvent hélas pas sous le pas d’un cheval, il se peut même que l’on se voit contraint à user de faux afin de mieux les étayer mais, que voulez-vous, quand on lutte contre la corruption, tous les moyens sont bons…

On me dira qu’il existe des risques de voir cette loi mener à une certaine censure. Et alors ? La censure n’existe-t-elle pas déjà ? Les trois affaires de la semaine passée ne concernent-elles pas uniquement des personnalités de l’ex-majorité et même directement ou indirectement l’ex-président ? Quand on dispose d’une presse et de media uniquement prêts à  faire écho aux « scandales » de « droite », qu’est-ce que ça changerait ?  Les media sont plus que dociles, ils seraient ravis de pouvoir servir leur idéologie progressiste en démolissant ceux qu’ils  haïssent sans se trouver au bout du compte un peu ridicules quand leur brouhaha ne mène à rien.

J’espère que ma suggestion sera retenue par un pouvoir qui faute d’être en position de résoudre quelque problème que ce soit ne peut espérer une éventuelle reconduction qu’en détruisant ses opposants.

vendredi 7 mars 2014

Parlons des vrais problèmes !



Comment peut-on s’intéresser aux « affaires » ? Comment frémir  au nouveau record de plongée de la cote de popularité du président ? Comment se passionner pour l’Ukraine qui au fond ne fait que remplacer provisoirement la Centrafrique, le Mali ou la Syrie et bien d’autres pays au hit-parade des soucis  internationaux du citoyen du monde qui a sur la question des idées aussi arrêtées que son ignorance est encyclopédique sur la matière ?  

Il serait temps de revenir aux véritables problèmes parmi lesquels le plafond écaillé tient une place de choix. Car quel spectacle est de nature à davantage désespérer une âme noble et exigeante que celui  qu’offre un plafond de cuisine qui se délite ?

Au début, c’est presque rien. De minuscules cloques se développent à la surface du plafond,  seulement visibles à l’œil de qui passerait son temps à le fixer. Mais à ce stade, rares sont ceux qui les remarquent, occupés qu’ils sont à préparer les repas. Et puis les cloques enflent, se rejoignent craquent et offrent  au regard un spectacle d’apocalypse volcanique. Ce n’est plus un plafond, mais une triste évocation de la surface lunaire. Que faire ? Baisser les yeux ? Se résigner ? Ce serait tentant si c’était possible. Mais irrésistiblement le plafond attire le regard et sa vue ravive la douleur. Vous ne voyez que lui, vous ne pensez qu’à lui. La terreur s’installe : et si un éclat, une plaque d’enduit peint venait à se détacher et tomber dans le miroton qui doucement mijote ?  Du coup votre cuisine, ancien  lieu de félicité,  devient paradis perdu, enfer dantesque (en pire).  Vous y pensez sans cesse. Elle hante vos cauchemars. A quoi bon vivre si ce n’est que pour voir ce qu’on a de plus sacré se corrompre ? Les idées noires se bousculent. On se prend à envier ceux dont les plafonds sont exempts de craquelures. A presque souhaiter la désespérante cloque à ceux qui vous blessèrent. On a beau lutter, l’obsession s’installe.

Il existe pourtant un moyen de mettre fin à telle géhenne : la réfection. Seulement, n’est pas réfecteur de plafond qui veut. Tous en rêvent, peu y parviennent. On ne le devient qu’après un long apprentissage semé d’espoirs et de désillusions, on va d’échecs en demi-succès. Et puis un jour, miracle, on y parvient. J’ai parcouru ce lent et difficultueux chemin initiatique. J’en suis sorti blessé, usé avant l’âge mais j’ai survécu et triomphé : hier, j’ai réalisé le plafond parfait, rêve du réfecteur.

La situation était grave : Nicole, ma compagne, n’en pouvait plus. La douleur était telle qu’elle en vint à surmonter la perspective des inévitables et immenses désagréments qu’entraîne inéluctablement telle entreprise. Les matériaux étaient pourtant là, depuis longtemps acquis. Manquaient  l’étincelle, la goutte d’eau, qui font qu’on saute le pas, qu’à la longue hésitation succède, irrévocable, la décision. Elle me la signifia. Reculer me fut impossible.

C’est soumis aux tourments que connaît l’esprit le plus rassis quand il est le siège d’un  combat entre devoir et appréhension que je me rendis chez elle, muni des outils nécessaires. Platoir, couteaux à enduit, ponceuse, rouleau et pinceau à colle, cutter allaient entrer en action. Dès après le déjeuner, je commençai à décoller au couteau l’enduit endommagé. Suivit, au platoir et au couteau l’application d’un nouvel enduit. La nuit passa qui permit à ce dernier de sécher. Dès le matin commença le ponçage recouvrant tout de poussière blanche.  Après un dépoussiérage à l’éponge, la surface était prête. J’encollai le plafond avant d’y poser  le revêtement intissé. Il ne fallut que quelques heures pour que l’opération fût terminée. Restait à découper au cutter le surplus de revêtement et nos yeux ébahis purent contempler un plafond parfaitement exempt de la moindre irrégularité, faisant douter qu’un jour et demi plus tôt il offrait un  désolant spectacle.

Rompu, courbaturé, couvert de poussière blanche mais transporté du bonheur ineffable qui emplit le cœur du héros triomphant, je pris une douche avant de regagner mes pénates.  

mercredi 5 mars 2014

Allemagne



L’Allemagne est un pays à frontières variables à l’Est comme à l’Ouest. L’Allemand, à la différence du Français,  semble mal comprendre le concept de frontières naturelles ce qui crée des malentendus entre eux suivis de conflits parfois longs et meurtriers. La frontière naturelle entre la France et ce pays est le Rhin, nom que ces balourds de teutons écrivent Rhein, ce qui en dit long sur leur maladresse. Du point de vue de la géographie physique, l’Allemagne ne présente que très peu d’intérêt. Son climat laisse souvent à désirer. La population y est nombreuse mais depuis quelque temps renâcle à se reproduire et du coup elle tend à baisser. Heureusement, ils ont trouvé l’astuce le truc le Turc pour limiter la casse. Cette stagnation n’est pas forcément regrettable dans la mesure où à l'époque où sa population était en expansion, le pays avait tendance à déborder. On y parle Allemand, ce qui est bien pratique et témoigne d’une certaine cohérence même si ça pose des problèmes de compréhension à la plupart des étrangers. Cette langue présente la particularité de se hurler en temps de guerre, période où son vocabulaire se réduit considérablement,  « Raus ! » et Schnell ! » en devenant les composantes essentielles.  La paix revenue, l’Allemand  retrouve un ton plus calme et sa complexité comme en témoignent les expressions « Ach, guerre gross malheur ! », et « Du bist ein gross filou ! » qui faisaient naguère tout l’intérêt des échanges entre villes jumelées.

Les Allemands sont de chauds partisans de l’unité européenne. Pour atteindre ce but, tous les moyens leur sont bons comme l’ont montré MM. Hitler et Adenauer ainsi que plus récemment Mme Merkel. L’histoire de ce pays est courte et sans grand intérêt. D’une multitude de principautés insignifiantes, a fini par y  émerger un puissant royaume, la Prusse, qui a réussi à réunir sous sa houlette le reste de ce beau pays suite à un conflit avec son voisin occidental duquel il annexa une province et un bout d’une autre  afin de pallier le douloureux manque de cigognes dont  souffrait son pays. Admirateur inconditionnel de l’architecture d’intérieur  du Grand Siècle Français, mais trop timide pour en demander la permission à Napoléon III, le roi de Prusse se vit contraint, en compagnie de quelques collègues, d’envahir la France afin de pouvoir se faire proclamer Kaiser dans la galerie des glaces à Versailles, seul cadre digne selon lui d’une tel événement. Quelques conflits s’ensuivirent. Pour l’instant, la France semble avoir récupéré durablement ses cigognes. 

L’Allemand est souvent grand et gros en son âge mûr. Sa femme (généralement prénommée Gretchen) aussi. Cela est dû à un goût immodéré pour la bière et les saucisses. Jusque là, rien à redire. Hélas, il a d’autres caractéristiques moins glorieuses : le bougre est travailleur et méticuleux, défauts qui l’ont amené à créer une puissante industrie produisant divers appareils, machines et automobiles  supposés être de qualité. Ces produits se vendent à des prix qui rendent toute critique improbable : quand vous avez payé une berline plus de 60 000 €, sauf à vouloir passer pour le dernier des gogos, vous vantez ses mérites et fermez les yeux sur ses défauts. En conséquence de quoi l’Allemand tend à se croire plus fort que tout le monde. A tort, bien entendu.  Le premier partenaire économique de l’Allemagne est la France. Les deux pays collaborent également dans l’industrie télévisuelle : ils ont créé une chaîne, Arte, qui est principalement consacrée à la deuxième guerre mondiale et dont la qualité est telle qu’elle inspire un respect teinté d’épouvante qui l’amène, bien qu’étant la préférée du public, à être très peu regardée.

Voilà. Vous savez tout, ou du moins tout ce qu’il est essentiel de savoir à l’homme et la femme cultivés pour tenir leur rang.

mardi 4 mars 2014

Quoi que c’est-y donc, la culture ?



Je relisais hier un billet de M. Didier Goux , à moins qu’il ne se fût agi d’un billet modifié avant d’être incorporé à son excellent En territoire ennemi.  Intitulé Les générations, il est précédé d’un extrait du journal de M. Renaud Camus où l’écrivain affirme que ne sont cultivés que les enfants de gens cultivés. Il faudrait d’après lui, sauf rare exception,  trois générations pour produire cette merveille qu’est un homme de culture digne de ce nom. Moi je veux bien tout ce qu’on veut (c’est mon côté con sensuel) mais il faut tout de même croire que ces  petits bijoux humains comptent forcément parmi leurs ancêtres tout un tas de gros bœufs dont la lignée s’est trouvée sauvagement interrompue par un être « de génie ou de talent véritablement exceptionnel » qui, allez savoir pourquoi, se soit mis en tête de devenir cultivé  et, aussi improbable que ça puisse paraître, y soit parvenu. Avec un peu de chance, et bien qu’il leur manquât une génération, il est parvenu à rendre ses enfants cultivés et ces derniers ont eu des rejetons cultivés de plein droit. On ne nous dit pas combien il faut de générations pour obtenir des gens TRÈS ou EXQUISEMENT cultivés mais on imagine que ça ne se fait pas en trois coups de cuiller à pot.

Il se trouve que je manque désespérément de génie et que mes ancêtres en ayant été également dépourvus, je ne serai jamais cultivé selon les critères camusiens. Dire que j’en souffre serait exagéré. Surtout que  je suis convaincu qu’une culture ne peut-être que relative. Sans compter qu’elle est indissociablement liée au milieu social dans lequel on évolue. La culture dont parle M. Camus est une culture humaniste, celle de l’honnête homme au sens plus ou moins classique, principalement basée sur la pratique d’une langue pure, un certain savoir-vivre, des connaissances littéraires et artistiques approfondies, ensemble qui permet à qui le possède de ne pas passer pour une buse dans la « bonne société », voire de briller en son sein. Tout ça est un peu clanique et discriminant, mais dans le fond permet de cerner à quoi sert la culture, quel que soit son niveau, à savoir qu’elle permet à l’individu de s’intégrer à un milieu social donné. Ce faisant, elle coupe autant qu’elle intègre.

Pour moi, tout humain a une culture et est cultivé. Raymond, mon voisin, passe son temps de retraite à s’occuper de brebis et d’agneaux, il élève des truites, prend soin de ses pommiers, vous parle avec un accent bas-normand suffisamment marqué pour ne pas être pris pour horsain* tout en restant compréhensible, vous offre le café et une rincette avec naturel, bricole, cultive, jardine avec talent, sait manœuvrer un tracteur et sa remorque, utiliser bien des machines, bref, il connaît les us et coutumes, les savoir-faire et les savoir-être nécessaires à une bonne intégration à son environnement social. Il se pourrait que M. Camus ne possède que très partiellement ces savoirs et que si les aléas de la vie le contraignaient un jour à devoir vivre la vie de Raymond, il ait plus l’air d’un con que d’un archevêque, sensation désagréable que ressentirait également Raymond s’il se trouvait par aventure être condamné à passer le reste de sa vie à converser littérature ou musique dans les salons.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas là de renvoyer tout le monde dos à dos, de dire que tout se vaut mais de signaler que réduire la culture (je m’efforce de ne pas l’affubler d’une majuscule) à quelques domaines est exagéré. Chacun a sa culture, ensemble de savoirs qui lui permettent de s’intégrer à un ou plusieurs milieux(ou, si telle est son ambition et que ses talents l’y autorisent, d’y briller d’un éclat particulier). L’étendue de ladite culture étant liée à la curiosité de chacun,  à la diversité de ses centres d’intérêts et à sa capacité d’assimilation. Toutes choses relatives.

*Un horsain est, en Basse-Normandie, quelqu’un qui n’est pas du pays.