Il paraît que les Français sont souvent pessimistes. Parce
que la crise et tout ça. Et puis il y a les
nouvelles, généralement
mauvaises : guerres, paix, racisme, antiracisme, pédophilie,
pédophobie, grèves, reprise du travail, licenciements, embauches,
délocalisations, relocalisations, montée du FN, élection de Hollande etc. Ma
liste des mauvaises nouvelles est loin d’être exhaustive. J’ai simplement pris
soin d’y respecter la diversité des points de vue. Il ne faudrait pas oublier
que ce qui apparaît catastrophique à l’un paraît salutaire à l’autre.
Lorsque, avant hier, se sont terminés les jeux olympiques, pour
moi, ce fut une excellente nouvelle : depuis quinze jours on nous tannait
avec la victoire de Trucmuche ou celle
de Machin. Eh bien, c’est fini. Et pour quatre ans. Vous vous rendez
compte ? Quatre années de trêve ! Si tous les sujets qui me
gonflent offraient ce genre de répit, ce
serait le rêve.
Je dois vous l’avouer : j’ai une sainte horreur du
sport. Depuis toujours. Question de nature. Déjà tout petit je préférais aux
jeux bruyants la tranquillité de la lecture. J’étais plus heureux seul dans
mon coin avec un bouquin qu’à courir
derrière une baballe. Et en plus je n’étais pas doué pour ça. J’étais carrément
nul dans tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un exercice sportif. Oh, j’ai bien fait, de temps à autres un peu
de natation ou de marche dans le cadre d’une remise en forme mais qui n’a pas
ses faiblesses ? Ça n’a d’ailleurs jamais duré longtemps.
Le sport me paraît parmi la multiplicité des activités plus
ou moins futiles qui occupent l’humain celle qui décroche le pompon. Courir
quand on n’a rien d’urgent à faire, personne à attraper et que personne ne vous
poursuit me paraît ridicule. Monter des côtes à vélo pour avoir le plaisir de
les redescendre n’est guère mieux. Sauter en l’air quand il n’y a rien à saisir,
nager à toute vitesse dans une sorte de bocal oblong quand on n’est tombé d’aucun
bateau et qu’aucun requin ne s’annonce, jeter au loin un javelot quand aucun
ennemi ne vous menace, courir en zigzags derrière une baballe qu’on n’aurait
aucun mal à mettre dans le filet que l’on vise si en face d’autres abrutis ne tentaient (allez savoir
pourquoi ?) de vous en empêcher, essayer d’envoyer au tapis à coups de
poing un adversaire à l’heure où on peut se procurer une kalachnikov
pour une poignée de cerises, tout cela et le reste me paraît bien vain.
Admettons que cela distraie. Après tout, en période de paix,
il faut bien que les agités s’occupent. Mais il y a pire : les spectateurs
ou supporters. Des voyeurs généralement braillards qui ressentent les
« victoires » de ceux qu’ils observent comme si elles étaient les
leurs. Ils en crient, ils en pleurent, ils en exultent. Alors qu’ils n’y sont
pour rien. Parce qu’en plus, les agités sportifs n’ont qu’une idée :
gagner. Quand ils y parviennent, ils sautent en l’air, pleurent de joie, se
mettent à hurler ou font des gestes
bizarres. Imaginez un
physicien apprenant qu’on lui a attribué
le prix Nobel et qui se comporterait de la sorte ! On le penserait digne du cabanon plus que de
la récompense !
Même quand il n’y a pas compétition le sport m’ennuie en ce
qu’il ne sert à rien sinon à se maintenir en forme du moins à doses
raisonnables. Je ne conçois l’effort physique que lié à un résultat tangible.
Je bêche le jardin en vue de récoltes futures. Je marche à grands pas derrière
ma tondeuse afin que la pelouse ne se transforme pas en jungle. Je soulève des
plaques de plâtre pour en habiller les murs. Faire l’équivalent pour
rien ? Non merci.
On me dira dépassement de soi (faut-il pour ce faire mettre
préalablement son clignotant en action ?), beauté du geste, gratuité, sens
de l’effort, que sais-je encore… On pourra me dire tout ce qu’on voudra, ça ne changera
rien : le sport continuera de m’emmerder.
Et écrire des conneries sur un blog, comme vous le faites, ça sert à quelque
chose, peut-être ? La réponse est bien évidemment non. A part m’offrir
l’occasion de trouver une formule, de tenter la phrase élégante ou amusante et
éventuellement de faire partager le plaisir que j’en retire à quelques lecteurs ça ne sert strictement à
rien. Même pas comme l’insinuent certains à pousser des abrutis à passer à
l’acte à force de répandre des idées malsaines (comme si ce qu’ils écrivaient
convertissaient d’autres abrutis à pratiquer l’imbécilité militante et la haine
de soi). C’est mon genre de futilité. Ça se pratique dans le calme, loin du
bruit, de la foule, en toute sérénité. Chacun ses marottes…