..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 3 avril 2012

Pour un meilleur vivre ensemble !




Vous aimeriez être celui ou celle que l’on fête, que l’on invite partout, sur qui l’on compte pour animer soirées, baptêmes, communions ou mariages ou même banquet des pompiers. Vous vous imagineriez volontiers dans le rôle du boute-en-train de service. Mais vous ne savez trop comment vous y prendre, vous pensez qu’il faut pour cela avoir de l’humour, de la conversation, un sens de la  répartie, un dynamisme, voire un charisme dont vous n’êtes pas  certains d’être doté.

Foin de tout ça, en fait c’est beaucoup plus simple. Pour devenir celui ou celle qu’on s’arrache il vous suffit de quelques chansons. Je vous ai, il y a quelque temps,  fourni  le premier élément du répertoire qui fera de vous la coqueluche des salons et autres noces et banquets.  Aujourd’hui je poursuivrai  l’œuvre esquissée.

Certains me diront que leurs capacités vocales sont restreintes, voire nulles. Que même, dès qu’ils essaient de pousser la chansonnette, on les prie de se taire. Au risque de les froisser, je leur dirai qu’ils se cherchent des excuses pour masquer leur crainte de se mettre en avant. Tout le monde peut chanter : je n’en voudrai  pour preuve que Luciano Pavarotti ou Florent Pagny. S’ils n’avaient pas compensé par un rien d’audace leur médiocre talent, auraient-ils réussi ?  Suivez  leur exemple !

L’important c’est le répertoire. Voici donc un petit bijou ciselé  peu avant la Grande Guerre.  Ce qui caractérise le chef d’œuvre, c’est sa capacité à exprimer l’universel humain.  Par delà  l’élégance du style, l’exigeante recherche lexicale, la finesse de l’humour, et l’entraînante musique qui  en sublime les effets, c’est la poignante humanité qui impose le texte qui suit parmi les fleurons de la poésie lyrique française. Jugez-en plutôt :


LE TROU DE MON QUAI
(Paroles: Paul Briollet, Jules Combe / Musique: Désiré Berniaux,   1906)

Dranem
Autres interprètes: Les Charlots (France) - 1971.


Je demeure dans une maison tout près d'la Seine,
Où l'on fait depuis trois s'maines
Des fouilles et des travaux
Pour faire passer le métro.

De ma fenêtre tout en fumant des pipes,
Je regarde les équipes
Dont les hommes sont occupés
A faire un trou dans mon quai.

Et si vous voulez mon adresse
C'est pas difficile à trouver
Afin que chacun la connaisse
En deux mots j'vais vous renseigner.

Y a un quai dans ma rue
Y a un trou dans mon quai
Vous pourrez donc contempler
Le quai de ma rue et le trou de mon quai.

L'autre jour j'rencontre un vieil ami d'province,
J'lui dis tu tombes bien mon prince
De ma rue je vais t'montrer
Toutes les curiosités.

J'voudrais d'abord voir la gal'rie des machines
J'lui réponds tu t'imagines
Qu'à Paris il n'y a qu'celle là
J'en ai une plus chouette que ça.

Accepte à dîner je t'en prie
Après sans trop nous fatiguer
Je te ferai voir une gal'rie
Qui certainement va t'épater

Y a un quai dans ma rue
Y a un trou dans mon quai
Tu pourras sans t'déranger
Voir le quai de ma rue et le trou de mon quai.

Mais hélas ici bas, la joie n'est qu'un leurre
Et l'on m'a dit tout à l'heure
Que les travaux d'terrassement
Vont s'terminer prochain'ment.
C'est pas drôle pour moi qu'en avait l'habitude
Et ça va m'paraître rude
Quand l'dernier coup d'pelle donné
Le trou d'mon quai s'ra bouché.

Adieu joies et rêveries nocturnes
Adieu journées d'activité
Comme autrefois seul dans ma turne
J'n'aurai plus hélas qu'à chanter.

Y a un quai dans ma rue
Mais y a plus d'trou dans mon quai
J'nai donc pour me consoler
Que la vue du quai de ma rue, j'ai plus d'trou d'mon quai.


Pour vous entraîner, vous trouverez ici une version chantée de l’œuvre. L’image est floue, le son est mauvais mais malgré cela la magie opère !

Ne me dites pas merci. Contentez-vous de me tenir au courant des progrès de votre vie sociale. Je publierai ici-même les témoignages les plus émouvants.

lundi 2 avril 2012

Ça me passera...




J’ai écrit ce texte hier soir. Il faut croire que ma muse vespérale broie du noir. Je le publie quand même.

On a beau se draper dans un cynisme humoristique de bon aloi, on a beau avoir pris le maquis depuis des années pour s’éloigner des villes où les batailles se perdent, on a beau se répéter, façon méthode Coué,  que le pays finira bien par se réveiller, il y a des jours où on désespère.

Parce que la machine à décérébrer fonctionne en permanence. Parce que, comme s’il ne suffisait pas qu’on nous envahisse, on endoctrine nos faibles d’esprit à considérer cette invasion comme je ne sais quelle chance. Parce qu’il y en a d’assez fous pour en venir à considérer le poison qui les tuera comme un élixir de vie. Parce que dire ce que nous sommes n’est même plus toléré. Parce  qu’après chaque couleuvre forcée dans nos gosiers on exige que  nous en réclamions une nouvelle. Parce que de tristes  imbéciles croient se hisser à un niveau supérieur en niant leurs racines.

Il y a des jours où l’on a mal à la France. Je ne parle pas du pays des  « drwadelôm », d’un pays éphémère, à peine bicentenaire sans décompter les éclipses. Je parle du pays millénaire  des cathédrales et des abbayes, du pays de Chambord et de Versailles, de Chartres et de Reims, et de tant d’autres joyaux plus modestes qu’aucune couronne ne saurait porter tant ils sont nombreux, beaux,  légers de style et lourds d’histoire. Je parle d’une langue, d’une littérature, d’une architecture, d’une civilisation, pour tout dire, rarement égalée et sur laquelle des hordes de sauvages viennent essuyer leurs pieds sales  avant de nous réclamer ce que nul ne leur doit.

Oui, il arrive que j’aie mal à la France. MA France. Qui n’est pas un parking pour vagabonds en transit mais lieu d’enracinement, qui n’est pas centre d’accueil pour les SDF de la terre mais demeure héritée.

Il arrive que je ne sache plus vers où me tourner tant ma boussole me semble n'indiquer que le néant.

dimanche 1 avril 2012

Pensées émues pour la gôche

Ça ne doit pas être facile d’être de gôche. Que l’on soit pour M. Hollande ou pour M. Mélenchon, voire pour M. Poutou. Dans ce dernier cas, vouloir défendre les « masses populaires » quand les meetings se font dans de toutes petites salles, même pas remplies, ça risque d’engendrer un sentiment de solitude.

Pour les autres, ce n’est pas brillant non plus.


Prenons les batavophiles. Ils suivent un leader qui leur promet le changement maintenant tout en sachant pertinemment  que,  vue la conjoncture économique, ce n’est pas demain la veille qu’ils le verront, le fameux changement. Bien sûr, les homos pourront se marier, on facilitera l’euthanasie, on taxera peut-être un peu plus les riches, on fera voter les étrangers, mais quand on n’est ni riche, ni homo, ni en phase terminale, ni étranger, qu’est-ce que ça change ? L’immigration et l’insécurité augmenteront, mais vu que ce ne sont pas des problèmes, qu’importe ? L’emploi, le pouvoir d’achat, l’âge de la retraite, leurs VRAIES préoccupations,  ils savent  bien que ça ne risque pas de s’arranger…


Et les mélancholâtres, vous croyez qu’ils sont à envier ? Ils se laissent enjôler par un bonimenteur de foire qui leur promet la lune. On va nationaliser les banques, sortir de l’OTAN, enrichir les pauvres, faire s’agenouiller les riches, on va voir ce que l’on va voir ! Seulement, ils savent très bien que le Mélenchon, il n’a pas plus de chances d’être élu en mai que moi d’être nommé évêque avant Pâques.  Bien sûr, il y a des compensations : on reprend la bastille après avoir traîné ses savates en braillant des conneries et ça, pour un VRAI de gôche, c’est un délice rare.

Ça ne les empêchera pas de voter pour leur champion, mais l’enthousiasme n’y sera pas. A part pour quelques militants qui croient vraiment que tout va changer. Mais ces derniers ne sont-ils pas les plus à plaindre ? Entretenir avec la réalité des rapports si distants ne doit pas leur rendre le quotidien aisé.

samedi 31 mars 2012

Pas de hiérarchie, s’il vous plaît !




Il semblerait qu’en ce moment ait lieu une campagne en faveur des langues régionales. Hier, je voyais à la télé un reportage sur l’apprentissage du créole à l’école ; ce matin, à la radio, c’était une bretonne qui expliquait à quel point il est enrichissant de posséder deux langues.

Voilà qui est bel et bon. Il se trouve que quelque part je me sens concerné par ce problème : mes deux parents étant  bretons bretonnants, j’ai bénéficié indirectement de ce bilinguisme. Dans les années vingt qui virent leur jeunesse, le breton était leur langue maternelle.  Le français, on l’apprenait à l’école. Et c’est de ça que j’ai tiré profit. Élevé par des gens qui parlaient un français pur, non contaminé par un quelconque patois  ou des tournures dialectales, je mes suis toujours exprimé dans une langue correcte. C’est un avantage.

Mes parents n’ont pas jugé utile de nous enseigner le breton. Il faut dire que son usage était d’une utilité relative dans la banlieue parisienne où nous habitions. Et puis, le breton, ils le réservaient pour  régler leurs dissensions, car ils en avaient,  sans que nous ne puissions les comprendre. Donc, à part quelques mots, je ne comprends ni ne pratique cette langue. Il est à noter que mes cousins ou cousines restés au pays ne le pratiquent pas davantage.

Il  semblerait qu’en dehors de quelques milliers ou quelques dizaines de milliers de locuteurs ayant appris un breton de synthèse dans les écoles Diwan (3500 élèves en 2011), seuls les très vieux continuent à s’exprimer dans cette langue ou plutôt dans un de ses dialectes locaux. Car chaque pays  a son dialecte. Ma mère me disait ne pas comprendre le breton pratiqué par les habitants du village voisin situé en pays de Cornouailles alors que sa commune était en Trégor. Il n’est donc pas garanti que les élèves de Diwan soient parfaitement compris par les locuteurs naturels…

Tout ça pour dire que mon attachement aux langues régionales est très modéré. Comme le regretté Georges Frêche, je ne saisis pas toujours l’intérêt d’apprendre une langue qui vous permet de parler avec des gens qui habitent à 3 kilomètres de chez vous.

Quoi qu’il en soit, si certains tiennent absolument à parler picard, breton, occitan, créole, basque ou toute langue locale, je ne vois pas au non de quoi on pourrait s’y opposer. A condition que ça ne se fasse pas au détriment de l’apprentissage du français. Ça comporte même des avantages : être bilingue facilite l’acquisition d’autres langues. Reste à savoir si cet apprentissage scolaire est susceptible de mener au bilinguisme. Quand on voit ce à quoi mène l’enseignement de l’anglais, on est en droit d’émettre des doutes.

Là où le bât blesse, c’est  le discours tenu par ceux qui militent en faveur  de ces langues : s’agissant du créole comme du breton les intervenants ont déclaré qu’ils visaient à effacer la hiérarchie entre les deux cultures. La française, allez savoir pourquoi, ayant jusque là tendance à écraser la locale de sa prétendue supériorité. On croit rêver ! Même si certaines langues locales, Mat vous l’exposera mieux que moi,  comme le picard et l’occitan peuvent se vanter d’une culture littéraire aussi ancienne que la française,  il me semble qu’aucune ne puisse, et de loin, rivaliser au fil des âges en volume et en qualité avec  cette dernière. Sans parler des autres domaines culturels. De combien de publications scientifiques  le picard peut-il se vanter ?

Tout cela relève d’une mentalité qui tend à soutenir que tout se vaut. Nous en avons eu une illustration par la levée de boucliers qu’ont provoquée les déclarations de M. Guéant sur la hiérarchie des cultures. C’est d’autant plus inquiétant qu’on peut se demander  quel avenir peut avoir un pays qui ne croirait pas plus à sa culture qu’à celle de n’importe quelle autre, si rudimentaire soit elle.