Adieu le 3, bonjour le 2 ! |
Vous savez à quel point j’attends impatiemment la moindre déclaration de notre révéré président. Je l’écoute religieusement avant de méditer sur la profonde sagesse de sa pensée complexe. C’est pas de la tarte mais j’en tire bien des leçons.
Ainsi, quand il a annoncé la fin de l’abondance et de l’insouciance, quand il nous a exhortés à « accepter le prix de notre liberté et de nos valeurs », en ai-je été vachement tourneboulé et pour tout dire quasi-bouleversifié . « C’est pas con, c’qu’il nous dit ! » fus-je sur le point de m’exclamer. « Vu le peu de liberté qu’il nous reste et l’état dans lequel se trouvent nos valeurs, ce n’est vraiment pas le moment de chipoter sur les prix » ajoutai-je in petto.
Étant d’accord sur le principe, je ne pouvais qu’accepter les sacrifices que la précarité énergétique, due en partie aux sanctions contre la Russie, nous imposaient. Il faut dire qu’un examen de mes factures de fioul domestique renforça ma conviction que limiter ma consommation était urgent. Ce faisant, non seulement je sauverais notre liberté et nos valeurs (et accessoirement la Planète) mais j’éviterais de me retrouver en état de précarité financière, faisant ainsi d’un pierre trois coups !
Soyons précis : le 22 décembre 2020, me furent livrés 1058 litres de fioul pour la somme de 750, 12 € TTC. Un peu moins d’un an et demi plus tard, le 5 mai 2022, ce furent 1515,85 € que je dus débourser pour 948 litres. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais ça fait quand même une augmentation de 124 % et des broutilles. Mes retraites n’ayant pas connu la même évolution, mon intérêt pour la liberté et les valeurs (et accessoirement la Planète) s’en trouva décuplé.
N’étant pas homme à prendre des demi-mesures, je décidai de retarder au maximum la mise en route du chauffage. Il faut dire que j’y fus aidé par un mois d’octobre particulièrement doux. Ce n’est que le 3 novembre que je me résignai à faire passer la chaudière en mode hiver. Seulement, au lieu des 21 ° auxquels j’avais chauffé l’hiver dernier, outrepassant les conseils de notre bon gouvernement (19°), je me contentai d’un petit 17°. Bien sûr, je me les caille un peu mais ce n’est pas si terrible que ça. Après tout, durant mon enfance je doute que mes parents aient chauffé plus que ça et dans la chambre des enfants, située sous les combles, il n’y avait pas de radiateur,tout juste un chauffage au pétrole que mon père allumait une heure durant avant notre coucher. Nous n’en sommes pas morts en dépit de rudes hivers (1956 et 1962).
Bien entendu, ces mesures que d’aucun jugeront drastiques ne sauront en aucun cas compenser le surcoût occasionné par l’augmentation des cours du pétrole. Cela limitera simplement la casse. Je pense d’ailleurs que je ne serai pas le seul à me résoudre à cette frugalité énergétique. Je crains même que nombre de nos concitoyens ne se voient contraints à bien pire malgré les diverses aides qu’on leur alloue (auxquelles je n’ai pas droit, vu mes ressources) et qui dans le « meilleur » des cas sont inférieures au montant des taxes que percevra l’état sur leur combustible (environ 30 % entre TIPP et TVA). Tout ce que je peux leur souhaiter, c’est que leur amour de la liberté et des valeurs (ainsi accessoirement de la Planète) leur fera oublier ces légères contraintes.