Je ne veux pas parler ici de mon blog
où je prêcherais d’autant plus dans le désert du fait de la
suppression des commentaires il y aura bientôt deux semaines. En
fait, l’absence de réaction à mes bavardages me gêne nettement
moins que les âneries de certains qui tenaient à en signaler en
permanence la futilité quand j’avais d’emblée affirmé mon
désir de me montrer futile.
C’est
de la désertification médicale en espace rural dont je traiterai.
Figurez vous que la semaine dernière j’avais rendez-vous avec le
pneumologue de l’hôpital de Vire, lequel me suit depuis plus de
deux ans suite à une pleurésie. Pour une raison qui m’échappe,
j’étais persuadé que c’était la veille de mon anniversaire que
je devais le rencontrer. Quand je me présentai au service de
radiologie, j’eus la surprise de me voir indiquer que j’aurais du
me présenter le jour d’avant. Je regardai la carte de rendez-vous
que j’avais apportée et mon erreur fut confirmée. J’en
ressentis une forte contrariété car je mets un point d’honneur à
être présent aux jours et heures convenus.
Je
me rendis au service de pneumologie afin de fixer une nouvelle date,
en adressant à la secrétaire mes plus plates excuses. Il me fut
répondu qu’il n’y avait plus de plages disponibles. J’insistai,
disant qu’il ne s’agissait pas d’une urgence. On m’apprit
alors que le pneumologue prenant sa retraite sans que quiconque
vienne le remplacer, ce n’était plus une question de date…
La
même chose m’était arrivée avec mon généraliste,
mon cardiologue et mon
dermatologue récemment. Si on ajoute à ça le fait qu’il n’existe
plus aucun médecin pour les 3 000 et quelques Sourdevalais et que
ceux de Mortain (12 km) et de Vire (15 km) ne prennent plus de
nouveaux patients, on se demande où nous pourrons être soignés.
La population communale,
du fait du départ des jeunes étant souvent âgée et nécessitant
plus de soins, cela finira par poser de très sérieux problèmes.
De plus, selon une
étude de 2020*, en 2018,
47 % des médecins généralistes
avaient 55 ans ou plus et 30 %
plus de 60 ans. Nous ne sommes donc qu’au début des réjouissances.
Les
causes à ce regrettable état de choses sont diverses. La réduction
depuis les années 80 du numerus clausus en est une. Les effets de sa
récente augmentation ne se feront sentir que dans quelques années.
Et cela seulement si les nouveaux médecins daignent venir
s’installer dans les espaces ruraux ce qui est rarement le cas. Le
nombre des généralistes libéraux tendant à stagner quand la
demande augmente du fait du vieillissement de la population,
n’arrange rien. Pour finir, il semble que les nouveaux praticiens
étant plus amateurs de loisirs aient tendance à se montrer moins
volontiers actifs que les anciens.
Il
semble que les « partis de gouvernement » ne se soient
aucunement donné les moyens de remédier à un état de faits
pourtant prévisible depuis des lustres. Dans ce domaine comme dans
bien d’autres, ils se sont contentés d’expédier les affaires
courantes plutôt que de prendre les mesures radicales qui étaient
nécessaires, quitte à mécontenter l’Ordre des Médecins. Et ils
ont eu bien raison vu que l’électeur continue à leur faire
confiance ou du moins à les élire par défaut. Jusqu’à quand ?
*
Je ne saurais trop vous en recommander la lecture !