..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 2 septembre 2022

Le beau plan de Tonton Jacquot

Tous les amateurs de pensée profondes et hardies, et plus particulièrement mes fidèles lecteurs d’Oulan-Bator, se désolent du peu de fréquence de mes écrits. A cela, il y a plusieurs raisons : tout d’abord, l’actualité est bien terne ces derniers temps. Le président dégoise à tout va, on va finir par manquer de tout et se les geler quand la bise sera venue (ce qui compensera les effets déplorables de la canicule), les Chances pour la France se rappellent sans faille à notre souvenir avec cette taquinerie qui nous fait les aimer si tendrement, on ne trouve plus de profs qualifiés pour maintenir nos chères têtes blondes dans un état d’ignorance salutaire, les valeurs fondamentales de notre chère république (foot, prix des nouilles, tiercé et droits des LGBTQ) sont défendues becs et ongles par un gouvernement talentueux autant qu’efficace, le système de santé fonctionne comme sur des roulettes, bref tous les indicateurs sont au vert et, en dehors d’un éventuel conflit nucléaire généralisé, rien ne saurait perturber notre bienheureuse routine.

Ensuite il se trouve que ma paresse va croissant au fil de l’âge et que ce que j’accomplissais naguère en un clin d’œil me prend de plus en plus de temps. La moindre tâche me paraissant fastidieuse, je finis par la repousser de jour en jour, lui préférant mots croisés, belote, siestes et relectures diverses.

Il en est une cependant, qui ces derniers temps m’est apparue urgente : la réfection du plan de travail de la cuisine. Lors de la rénovation de cette pièce, j’avais repeint la carrelage dudit plan à l’aide d’une peinture spéciale. Seulement, ces peintures ne sont pas adaptées aux surfaces horizontales et se dégradent rapidement à force de se faire agresser par le dépôt de casseroles ou poêles chaudes. Dans un premier temps, je pensais repeindre le carrelage mais le décapage s’avéra difficile et vu la faible durée que connaîtrait ce pis-aller, peu utile. Je décidai d’abord de remplacer le plan par un plus moderne. Pour cela, il fallait démonter l’ancien et ce démontage ne pouvait se faire sans avoir préalablement fait sauter les carreaux. Ce que je fis. C’est alors que la paresse me saisit : découper le plan à la bonne taille, y ménager un orifice pour y encastrer la plaque de cuisson me parut demander trop d’efforts. Je décidai donc de me borner à remplacer le carrelage par un autre. Je me rendis à Vire mais de carreaux blancs et de 10 sur 10 cm, ils ne disposaient pas. Je pris ce qu’ils avaient, n’ayant nulle envie de me rendre à Saint-lô et encore moins à Caen en chercher.

Voici le résultat : 


Seulement, le démontage de la plaque fut l’occasion de constater que je côtoyais inconsciemment un péril redoutable : en effet, depuis 8 mois, le flexible reliant la bouteille de gaz à la plaque aurait dû être remplacé ! Quelle aventure !

Plutôt que de remercier le ciel, dans son infinie miséricorde, de m’avoir épargné la redoutable explosion que ma coupable négligence aurait dû occasionner, je me contentai d’aller acheter un nouveau flexible et de le fixer en serrant l’écrou menant à la plaque à la main, vu que c’était de cette manière que j’avais dévissé l’ancien. Curieusement, durant l’après-midi, j’eus, comme les Français ont un sentiment d’insécurité, l’impression de sentir comme une odeur de gaz. J’attribuai cela au fait qu’en raccordant la bouteille à la plaque, un peu de gaz avait pu s’échapper. J’ouvris la porte de la cuisine donnant sur le jardin et ne sentis plus rien. En redescendant d’un sieste (plus ou moins) bien méritée, je sentis de nouveau une légère odeur de gaz. Je mis ça sur le compte de l’auto-suggestion et n’y prêtai pas attention. 

C’est plus tard, quand vint l’heure de préparer mon dîner que les choses se corsèrent. Tandis que ma côte de porc grésillait de bonheur sur un feu vif, j’entendis soudain comme le petit bruit d’une faible explosion. Le témoin d’allumage de la plaque électrique, bien qu’elle ne fut pas en fonction, se mit à clignoter avant de s’éteindre. Ces deux faits éveillèrent ma curiosité. J’ouvris donc la porte du placard contenant la bouteille pour apercevoir une jolie flamme bleue dansoter autour du raccord de la plaque. Je coupai l’arrivée du gaz et continuai la cuisson de ma côte sur la plaque électrique. Pour la nuit, je débranchai électricité et gaz et remis l’examen du problème au lendemain.

Le matin venu, après le petit déjeuner, je m’attaquai à la question. Laquelle était simple : soit le tuyau était défectueux, soit le joint s’était abîmé au montage, soit c’était un problème de serrage. Le démontage me permit d’exclure la responsabilité du joint. Une série de tests me permit de constater la parfaite étanchéité du flexible. Chose dont je me réjouis, vu qu’au cas où tel n’eût pas été le cas, j’aurais considéré comme potentiellement dangereux tout tuyau de remplacement. C’était donc une question de serrage. Je serrai donc, vérifiai à l’aide d’un pinceau trempé dans un mélange d’eau et de liquide-vaisselle qu’aucune bulle n’apparaissait aux raccords et nous étions repartis pour 10 ans de tranquilité.


samedi 20 août 2022

Je suis de ceux qui obtempèrent !

 

Ils sont depuis revenus au calot ! 

C’est mon côté vieux jeu, je sais. Ne pas s’arrêter quand la police vous le demande est plus tendance, même s’il arrive que cela ne porte pas chance aux « jeunes » qui se livrent à cet innocent passe-temps. Et c’est logique. Une des raisons, en dehors évidemment de mon civisme exemplaire, pour lesquelles je préfère l’obtempération à la fuite c’est que les forces de police sont armées et que je ne le suis pas,ce qui peut rendre la confrontation inégale. N’importe comment le vol de voiture, l’assurophobie (provoquée par des tarifs jugés prohibitifs) et le défaut de permis n’étant pas dans mes pratiques, les risques encourus en désobéissant aux force de l’ordre pouvant s’avérer nettement plus graves qu’une amende ou même qu’un « rappel à la loi », il faut avoir l’ingénuité d’une racaille pour les prendre.

Ma confiance en l’être humain étant limitée, je me méfie des gens armés qu’ils soient assermentés ou non. Qu’est-ce qui vous dit que le jugement du gendarme ou du policier n’est pas altéré par de trop généreuses libations (ça donne soif, tous ces contrôles d’alcoolémie !), une blanquette de veau qui passe mal, un entretien avec sa belle-mère au point qu’il prenne votre délit de fuite pour une faute grave et se mette à vous canarder ?

Il m’est une fois arrivé de songer à ne pas m’arrêter. Il faut dire que la nuit tombait et que, sans doute pour leur donner un aspect plus moderne, la gendarmerie venait de doter ses militaires de casquettes qui de loin rappelaient celles dont les « jeunes » sont si friands. Je vois donc, dans la pénombre, un gars au milieu de la route qui me fait signe de m’arrêter. Je n’étais pas au courant de cette innovation vestimentaire aussi ma première idée fut que, me prenant pour un perdreau de l’année un « jeune » voulait me faire le coup du gars en panne pour me dépouiller. Cependant, je ralentis et pus, en approchant constater mon erreur de jugement. Ça se termina par une forte amende et trois points de permis. En effet, sur cette descente d’une route bien dégagée et déserte mon véhicule avait atteint 130 km/ h au lieu des 90 réglementaires. Cela n’affecta pas ma bonne humeur et nous nous quittâmes bons amis.

mardi 9 août 2022

Des crapauds, des princesses et des amerloques


Cette image semble illustrer de près ou de loin le conte des frères Grimm racontant l’histoire d’une jolie princesse qui, jouant près d’une fontaine avec sa balle en or la fait malencontreusement tomber dans l’eau. C’est ballot. Survient un crapaud bien laid (en existe-t-il de beaux?) qu’on devine libidineux. Il lui propose un marché : il se fait fort de récupérer la balle, de la lui remettre et en échange lui demande de devenir sa compagne. La princesse accepte. Le crapaud la lui ramène et, comme on pouvait s’y attendre, la rouée prend ses jambes à son cou et rentre au château du roi son père. Si le crapaud avait eu un minimum de jugeote, il aurait laissé la belle fille chialer, attendu qu’elle s’en lasse et parte, aurait récupéré le précieux objet, quitté le pays et serait allé dépenser le fruit de sa rapine en compagnie de roturières peu farouches. Le crapaud étant aussi têtu que sot, se rendit au château pour y réclamer son dû. Elle l’envoya dinguer mais son père, homme de parole, lui enjoignit de tenir sa promesse. Ils passèrent la nuit ensemble et au matin, la princesse éblouie constata que le crapaud s’était transformé en prince charmant. Comme quoi la vie réserve bien des surprises.

De cette histoire absurde on a retenu que par un baiser les princesses pouvaient transformer les crapauds en princes. Il faut croire que les amerloques, toujours prêts à croire en n’importe quoi, ont pris l’histoire au pied de la lettre et que d’une certaine manière ça a marché. Il se trouve que dans leur merveilleux pays, vit une espèce de crapauds qui exsude des substances hallucinogènes que l’on peut ingérer en le léchant. Toujours, comme les y incite leur constitution, à la recherche du bonheur fût-il artificiel il faut croire qu’influencés par le conte des frères Grimm certaines jeunes amerloques ont tenté le coup du baiser et que leurs hallucinations ont pu prendre la forme d’un prince (ou d’un trader). Toujours est-il que la pratique s’est développée et que l’on peut aujourd’hui acheter un de ces crapauds en Europe et s’offrir ainsi des excursions dans le bizarre.

Vous ne me croyez pas ? Ce lien vous mènera à un blog suisse où vous pourrez entendre une émission où le professeur Kurt Hostettman parle de cette curieuse pratique et d’autres tout aussi étonnantes que répugnantes. Redoutant une mystification, j’ai tapé « Kurt Hostettman crapaud » sur Google et j’ai pu vérifier que le personnage non seulement existait mais était un scientifique internationalement reconnu expert en drogues naturelles.

Si vous vous interrogiez sur ce qui a pu m’amener à ces étranges découvertes je ne vous le cèlerai pas plus longtemps. L’épidémie de variole du singe qui frappe notre malheureux continent m’a grandement inquiété et fait songer que si la pratique qu’eurent un temps les princesses d’embrasser des crapauds perdurait, il serait bon de vérifier que cela ne risque pas de faire se répandre la vérole du crapaud ou toute autre maladie sexuellement transmissible. Si tel était le cas mon devoir eût été d’alerter les membres des familles régnantes ou déchues sur les risques que cette tradition leur ferait encourir.


samedi 6 août 2022

Je vis dans l’angoisse !

 


Comme M. Léon, troll en résidence de ce blog, il vous est difficile, voire impossible, de vous passer de la lecture de ces pages où alternent visions politiques hardies et récits d’aventures inouïes que seul le proverbial sérieux de leur rédacteur rend crédibles.

Eh bien, un nouvel événement vient de bouleverser mon existence. Alors que j’étais allé rendre visite à ma fidèle Nicole en la belle cité de Saint-Lô, la conversation roula comme à l’accoutumée sur les grandes questions qui agitent cette première moitié du vingt-et-unième siècle. Conflits géopolitiques, phénomènes macroéconomiques, prix du paquet de nouilles, changement climatique, génie du macronisme, tout y passa.

Tout en devisant gaiement, mon amie prépara le plat de résistance, à savoir des aiguillettes de poulet sautées nappées de crème à la MOUTARDE. Il s’agissait en l’occurrence de la version « à l’ancienne » de ce précieux condiment à laquelle va sa préférence. Le plat s’avéra excellent, mais comment le déguster sans évoquer la pénurie qui m’affecte et dont le peuple de France souffre tant ? Il faut croire que, douée d’une miraculeuse prescience, Nicole avait eu la sagesse de l’anticiper et se trouvait être en possession de trois pots de l’inestimable denrée. Outre la moutarde à l’ancienne dont je ne suis que modérément friand, elle possédait dans son placard ce pot de 300 g de moutarde Maille (celle qui me va vu qu’il n’y a qu’elle qui m’aille) que vous montre la photo. Émue par ma détresse et la lueur de convoitise qui traversa mon regard, la généreuse amie m’offrit ce pot. J’eus d’abord du mal à croire qu’un tel sacrifice fût possible, qu'on pût m'offrir un tel trésor ! C’était pourtant vrai et je partis avec le bocal.

C’est alors qu’à l’instar du savetier de La Fontaine* l’angoisse s’empara de moi. Je ne descendis de ma voiture qu’après m’être assuré qu’aucun rôdeur n’était en vue. Où allai-je mettre mon pot de moutarde à l’abri des envieux ? Quelle cachette serait sure ? Ne serait-il pas prudent d’installer une alarme ? La solution ne serait-elle pas de louer un coffre à la banque puis de m’y rendre en prélever une cuillerée en cas de besoin ? Je ne sais plus que faire !

*Pour ceux qui ne connaîtraient pas la fable en voici l’esprit sinon le verbatim : Un savetier avait pour voisin un financier. Le premier était gai comme un pinson et chantait à tue tête du Tino Rossi dès l’aube, réveillant ainsi le second qui, assiégé par ses soucis avait le sommeil agité (et accessoirement préférait le rap). Le financier fit venir chez lui son voisin, l’interrogea sur ses ressources, en conclut qu’il était bien gueux et lui donna quelque biffetons. Se croyant riche, le savetier perdit sa bonne humeur, se mit à craindre qu’on le volât, n’en dormit plus et cessa de chanter, soulageant ainsi son riche voisin. Réalisant l’origine de son mal-être le gueux se rendit un triste matin chez le riche et le pria de reprendre son pognon et de lui rendre son sommeil et sa gaîté roucoulante. L’histoire s’arrête là. On ne nous dit pas si le financier accepta le marché mais selon moi il aurait été bien sot de le faire, tant souffrir de pollutions sonores vous pourrit la vie.

mercredi 3 août 2022

Salauds d’Anglais !

 

Qu’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas de critiquer le bellicisme de M. Boris Johnson. Ce titre m’est inspiré par un article que je viens de lire sur Facebook consacré à l’achat par un couple d’Anglais, dans une commune proche de chez moi, de ce hameau pour la modique somme de 26 000 euros :


Bien plus que le papier d’un journaliste en manque d’inspiration, ce qui m’a frappé ce sont les nombreux commentaires qu’il a suscités. Si nombre d’entre eux saluent le courage de ces braves gens, certains se montrent critiques quand ils ne sont pas carrément insultants. Ce qui permet de réaliser à quel point l’envie, la bêtise et l’ignorance crasse se portent bien dans notre pauvre pays.

Précisons que ces deux hommes (car il s’agit d’un couple homosexuel) qui avant d’y acheter une première maison habitaient le Kent, en Angleterre, dans une caravane qu’on leur prêtait. Ils n’avaient donc rien de magnats de l’immobilier. On peut également s’interroger sur leur capacité à mener à bien le projet puis à l’administrer. Pour le financer ,ils ont participé à une émission de la chaîne de télé Channel Four appelant à aider financièrement ceux qui ont acheté un village abandonné en Europe. L’ambitieux plan de ces entreprenants britanniques serait de transformer leur acquisition en une destination touristique de prestige. Je leur souhaite de réussir mais j’ai du mal à me retenir d’exprimer des réserves quant à l’atteinte de leur but. Avant de louer à prix d’or à de riches touristes cet ensemble de bâtiments sur le point de crouler, il leur faudra réunir et employer à bon escient des centaines de milliers d’euros, si ce n’est plus. Pari qui n’est pas gagné d’avance. Combien d’Anglais, rêvant de vivre dans l’opulence grâce aux revenus que leur procureraient des gîtes se sont vus contraints d’abandonner leur projet sans parvenir à le terminer ? Combien, ayant atteint leur but, jettent l’éponge faute de pouvoir rentabiliser l’affaire ? Les annonces immobilières du coin montrent que ça arrive !

Cela dit, que disent nos envieux ? Que ce n’est pas juste ! Qu’eux-mêmes ne se voient pas proposer de telles « affaires » ! Que vendre à des Anglais devrait être interdit vu qu’ils ont quitté l’Union Européenne ! Qu’il y a anguille sous roche (l’un d’eux va jusqu’à parler de dessous de table pour une acquisition dont une personne raisonnable ne voudrait pas pas si on la lui offrait) !

La bêtise engendrant l’ignorance, à moins que ce ne soit l’inverse, les critiques vont bon train. Ce n’est pas en gîtes de luxe mais en logements sociaux que devraient être transformées ces quasi-ruines. L’idée est certes généreuse. Est-elle réaliste ? J’en doute. Comme j’émettais des réserves sur ce point un commentateur me répliqua qu’il y avait des milliers de personnes en France rêvant d’habiter ce genre d’endroit. Curieuse remarque qui témoignait de sa totale méconnaissance de la situation démographique de la commune où se trouve le hameau et de bien d’autres dans le Sud-Manche. Ayant dépassé les 2500 habitants dans la première moitié du XIXe siècle, Saint-Cyr-de-Bailleul (puisqu’il faut l’appeler par son nom) n’en comptait plus que 945 en 1954 et 369 en 2019 (population divisée par 2,5 en 65 ans). L’enthousiasme pour ce « genre d’endroits » où l’emploi ne court pas les rues semble donc modéré. En imaginant qu’il y existe une demande de logements sociaux, serait-il plus rentable pour la commune de rénover ces bâtiments que d’en construire de neufs ? Rien n’est moins assuré : refaire des toitures, installer une électricité et une plomberie aux normes, isoler correctement ces passoires thermiques, installer des systèmes d’assainissement des eaux usées, rendre le tout habitable coûterait des fortunes. Et avec quoi se retrouverait-on ? Un ensemble de logements mitoyens que le public apprécierait d’autant moins qu’il resterait en pleine campagne !

Plutôt que de se déchaîner contre ces salauds d’Anglais, il serait raisonnable de se réjouir de ce que nos régions rurales en voie de désertification les attirent. Il sauvent le patrimoine bâti de la ruine et font marcher le commerce et l’artisanat. Mais allez faire admettre cela aux crétins envieux et ignares qui « débattent »...