Je suis pour la réouverture des petits commerces. 8 ans durant j’ai été commerçant indépendant en moyennes surfaces et en libre-service. J’ai connu les affres que l’on traverse quand on voit son gagne-pain, pour une raison ou pour une autre, devenir un gouffre financier qui engloutit tout ce qu’on a et surtout ce que l’on a pas, la peur qu’engendre la perspective de se retrouver sans emploi, sans indemnités aucunes, couvert de dettes, sans avenir imaginable. Certes, comme de toute expérience, on en tire des leçons. Ça renforce même à condition de s’en sortir et de ne pas se retrouver indéfiniment contraint à une vie misérable.
C’est pourquoi je trouve inadmissible que des confinements à répétitions suivis d’une molle reprise limitée par des protocoles d’accès viennent inéluctablement mener à la ruine un nombre immense de petits commerçants et les plonger, avec leur famille, dans des années de misère voire les amener à des gestes de désespoir. Surtout que leur rôle dans la propagation du virus me semble plutôt négligeable, au moins en dehors des centres urbains où les clients ne se bousculent pas et où les rues commerçantes sont loin d’être encombrés par des foules nombreuses.
Plutôt que de les rouvrir, le gouvernement qui n’en rate pas une à préféré interdire à la grande distribution de vendre des produits qui ne seraient pas de première nécessité (concept on ne peut plus flou). Ainsi, plus de textile, de vaisselle, de livres, de jouets chez MM. Leclerc, Carrefour, Lidl et consorts. Afin d’empêcher une concurrence déloyale, nous dit-on. C’est stupide, car voyant leurs chiffres baisser, les grandes surfaces mettront une partie de leur personnel en chômage partiel. Sans compter que si, comme c’est très probable, cette situation se prolonge bien au-delà du 1er décembre, seuls MM. Amazon, Cdiscount et autres Rakusen obtiendront un monopole de fait du vêtement, des jouets, de la vaisselle et de bien d’autres choses. On pourrait, en poursuivant la logique gouvernementale, interdire ces ventes au e-commerce, ce qui entraînerait encore plus de chômage et une baisse des rentrées de TVA.
Plutôt que de tout interdire, ne vaudrait-il pas mieux tout autoriser et faire confiance au civisme ? N’importe comment, ceux qui en manquent ne se gêneront pas pour contourner les interdictions.
Ce n’est pas par amour du petit commerce que je dis ça. En fait, je suis un inconditionnel de la grande distri et ni le sourire commercial des boutiquiers ni leur conversation n’ont d’attraits pour moi. Je fais toutes mes courses en grandes et moyennes surfaces, généralistes ou spécialisées et ce qu’ils ne proposent pas, je me le procure sur le Net. A cela plusieurs raisons : Les centre-villes où sont les boutiques posent des problèmes de parking, je ne suis pas intéressé par le lèche vitrine, j’ai horreur que l’on vienne m’importuner sous prétexte de m’aider dans mes choix, et les prix et les promotions sont y sont nettement plus intéressants. Je laisse donc le plaisir des boutiques aux badauds et à ceux qui apprécient le « contact humain » qu’on y trouve. Leur fermeture ne me gène en rien, je ne vois cependant aucune raison valable pour qu’on les assassine.