Supposons que le 5 septembre de l’an de disgrâce 2020, un media quelconque ait décidé d’organiser un micro-trottoir sur les motivations qui, en ce samedi, jour de marché, avaient poussé les gens à se rendre à Saint-Junien, deuxième ville du département de Haute-Vienne, et que le hasard fît qu’on me tendît ledit micro. L’honnêteté m’eût alors dicté de répondre que la première d’entre elles était d’y faire l’emplette d’un petit réchaud électrique. Motivation qui, faute d’être majoritaire, n’en était pas moins justifiée par les circonstance ici décrites dans mon billet du 6 septembre.
Seulement, une fois acquis l’appareil convoité, il eût été bien léger de ma part de repartir sans avoir visité la collégiale à laquelle la ville devait son nom. Je pris donc la direction du centre. La première chose qui attira mon œil fut une R 16 dans un état magnifique. Cette vision me ramena à l’époque insouciante du début des années soixante-dix, quand mon copain Philippe avait l’inconscience de me prêter la sienne et, partant, me permettait de voir avec quelle facilité elle permettait d’atteindre et de dépasser les 160 km heure sur la RN 10. En descendant la rue commerçante qui menait à la collégiale, je constatai ici ou là la présence de véhicules de diverses décennies du siècle dernier. Ce qui m’intrigua. Les Saint-Juniauds portaient-ils un soin tel à leurs automobiles que celles-ci traversaient les âges dans un état de conservation remarquable ou bien s’agissait-il d’une réunion de collectionneurs ? J’optai pour la seconde hypothèse.
Arrivé sur le parvis de l’église je constatai que des commerçants ambulants encombraient l’endroit ainsi que les rues avoisinantes. J’en déduisis que, si le dimanche est, à Bamako, le jour du mariage, à Saint-Junien, le samedi est celui du marché. Comme quoi chaque ville a ses usages. L’exiguïté de la place rendit difficile la prise d’une photo rendant justice à sa façade.
Puis entrai par le portail ogival de la fin du XIIe siècle dans cette église dont la nef et le transept remontent à la fin du siècle précédent. J’ y découvris, entre autres merveilles des fresques, une mise au tombeau hélas bien abîmée, un christ en croix du XIIe Siècle, des statues polychromes de divers siècles et l’impressionnant tombeau de Saint Junien, richement sculpté sur trois faces au XIIe siècle :
En résumé, s’il vous arrive de passer dans la région de Limoges, faites le détour par Saint-Junien, ça vaut le coup, même si vous n’avez aucun réchaud ou autre babiole à y acquérir...