Même ceux qui naguère encore se
prononçaient pour un confinement quasi-éternel se mettent à
présent à prôner un retour plus rapide à la « normale ».
A une exception près : les plus fragiles devraient continuer de
limiter leurs contacts et de prendre moult précautions. Faisant
moi-même partie de ces plus fragiles, je veux bien admettre qu’une
certaine prudence soit de mise. Seulement, il y a fragile et fragile.
Certains très vieux, probablement très fragiles, me semblent avoir
du mal à assimiler les règles censées les protéger.
J’en
veux pour preuve la visite que je fis samedi à la supérette. Ayant
acheté deux trois bricoles, je me rendis vers les caisses. Il y
avait du monde. La file d’attente se prolongeait dans une allée,
au-delà du marquage au sol. Un brave vieux, sans masque, vint se
coller juste dernière moi. Je lui fis remarquer qu’il ne
respectait pas les distances préconisées. Le pauvre se rapprochant
encore me répondit par un « Comment ? » me révélant
sa surdité. Je lui expliquai qu’il se trouvait trop près de moi.
Sa réponse me sidéra : « Il n’y a pas de ligne par
terre ! » . Ainsi, le brave homme semblait penser que la
distanciation physique consistait à respecter le marquage au sol et
qu’en son absence, on pouvait s’en dispenser.
Sur
ces entrefaites, une autre bien vieille, munie d’une canne, n’ayant
pas remarqué que la file d’attente se trouvait dans l’allée
alla directement à la caisse en arrivant par le côté. Je lui fis
remarquer son erreur. Elle réalisa alors que cette caisse était
largement aussi fréquentée que l’autre et retourna à la
première.
Ces
deux exemples montrent que le grand âge ne va hélas pas sans perte
d’agilité intellectuelle permettant d’analyser les situations et
d’intégrer réellement les règles préconisées. S’ils prennent
ces risques, ce n’est pas une question de mauvaise volonté.
La
chose rassurante est que, vu le peu de cas constatés dans mon
département (47 victimes pour 500 000 habitants depuis le début de
l’épidémie), il y a peu de chance que ces braves vieux se voient
contaminés.