..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 15 mars 2019

On dorlote les vieux jetons !

Je reçois ce matin un courrier de Mme Carsat dont le nom entier, Caisse d'Assurance Retraite et de la Santé au Travail, si aristocratique qu'il paraisse n'en est pas moins étrange : je n'avais pas jusqu'ici rencontré personne ainsi prénommée. La chère dame m'apprend que près de chez moi, l'ASEPT Basse-Normandie(à ne pas confondre avec ARTE, excellente chaîne Franco-allemande homophone), une copine à elle, organise près de chez moi une pièce de théâtre (ce qui laisse penser qu'auparavant cette œuvre théâtrale était désorganisée). Son titre , « Qu'est-ce qu'on attend pour être vieux ? » me laisse un peu perplexe car il me semblait jusqu'ici que le vieillissement était un processus inéluctable autant que continu et donc peu susceptible de provoquer la moindre attente. Ne se contentant pas d'être théâtral, ce spectacle est de plus musical et surtout GRATUIT et cela pendant 1h05.

M'attendant à quelque chose de bien rigolo, je fus très vite déçu car il est dit balayer (d'un revers de main?) des thématiques en lien avec le « bien vieillir ». Les guillemets semblent mettre en cause la réalité d'un tel concept, mais passons. Lesquels sont les suivants
  • entretenir sa mémoire, stimuler son cerveau (jeux, lecture, sorties, voyages...)
  • Rester en forme, tonifier son corps (activité physique quotidienne, alimentation équilibrée...)
  • Partager et rester en contact (relations amoureuses, amicales et familiales, bénévolat...
  • Penser à soi et veiller à sa santé

Mais ça ne s'arrête pas là, une fois la comédie musicale terminée, seront présentées les actions préventives de l'ASEPT : « ateliers bien vieillir », ateliers « nutrition santé seniors » ou « prévention des chutes », « ateliers mémoire », etc.

Il semblerait que les ateliers et les thèmes de la pièce se recoupent fidèlement si on fait abstraction du mystérieux « etc. ». Si j'ai bien compris, afin de se ménager une entrée réussie à l'EHPAD, on devrait jouer (au casino comme le fit mon défunt père sur le tard ?), lire (mais quoi ? L'horaire des chemins de fer ? Les panneaux routiers?) sortir (en boîte?) et voyager. Rester en forme me paraît une excellente idée, tonifier son corps aussi à condition de ne pas trop prendre de cocaïne, bien sûr. Pour ce qui est de rester en contact et de partager, je ne suis pas d'accord sur tout. Si j'ai des des amis sur facebook et qu'il m'arrive de partager avec eux statuts et liens, il se trouve que je ne suis pas très famille. Quant aux relations amoureuses, j'ai déjà beaucoup donné mais je doute d'être capable aujourd'hui d'en assumer plusieurs de front (comme l'indique le pluriel) à la satisfaction générale. Je pratique certes le bénévolat mais à mon seul profit. Étant d'un naturel plutôt introspectif, je pense souvent à moi. En revanche, j'ai beaucoup de mal à veiller sur ma santé : vu la déplorable hygiène de vie qui fut de tout temps la mienne, je doute du profit que je trouverai à m'en inquiéter maintenant.

Ne pensant cependant pas répondre à cette invitation, je n'en suis pas moins ému de voir que de braves personnes se dévouent corps et âme à la noble cause du « bien vieillir ». J'espère même qu'en cas de succès et dans un soucis de logique ils aborderont ensuite le thème du « bien mourir » qui lui s'adresse à tous et est rarement traité.

mercredi 13 mars 2019

Une époque formidable !

Ce matin, j'entends au poste que la prochaine vedette du Crazy Horse, célèbre temple du « nu chic » sera une unijambiste. Craignant être victime d'une surdité soudaine mais conscient que nous vivons des moments inédits, je fais une recherche sur le Net et suis bien vite rassuré quant à l'acuité de mon oreille et confirmé dans l'idée que nous vivons une époque merveilleuse : en effet, une certaine Viktoria Modesta (qu'on peut espérer savoir rester simple dans le triomphe) sera bien, du 3 au 16 juin prochains, intégrée à la troupe du fameux cabaret parisien.

Mais attention, si la belle (il se trouve qu'elle l'est) fut amputée d'une jambe à 20 ans, cela ne signifie pas qu'elle dansera le French cancan sur une jambe, performance délicate s'il en est. Car elle est équipée de prothèses. Non pas comme celle que chanta Dranem d'une jambe de bois mais de prothèses qui sont de véritables œuvres d'art. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais personnellement j'ai du mal, au contraire de la directrice artistique de l'établissement où elle se produira, à penser que« Dans un monde en plein questionnement sur le rôle et l’image de la féminité, la rencontre des univers du Crazy Horse et de Viktoria Modesta permet de mettre en scène une autre vision de la femme, de la sensualité et de la beauté au XXIe siècle ». Je ne suis pas non plus très convaincu par ce que la personne qui rédige l'article déclare au sujet de la nouvelle « évolution » qu'on constate dans le domaine de la mode en évoquant une top model amputée des deux jambes, une autre souffrant d'une maladie rare ou une autre encore trisomique.

J'ai plutôt l'impression que sous le prétexte progressiste de donner à chacun sa chance, on a fait un grand bond en arrière à savoir qu'on en est revenu à l'exhibition de « phénomènes » comme jadis on en montrait au public avide de curiosités dans les foires. Tout est bon pour faire du fric et d'autre part, cela permet aux performeurs « atypiques » de mener une vie moins frustrante que celle de simple handicapés. Il n'empêche que je ne trouve pas cette recherche du sensationnel très saine.

Je sais qu'aujourd'hui on nage à travers la manche sans bras, à travers l'Atlantique sans jambes et que la femme à barbe gagne le concours de l'Eurovision mais où s'arrêtera-t-on, si jamais on s'arrête ? Verra-t-on bientôt des trapézistes tétraplégiques, des tournois de mikado pour parkinsoniens, des compétitions de triple saut pour culs-de-jatte ?

En attendant la réponse, je vous propose cette chanson très fine de l'immense Dranem que mon père aimait à fredonner en des temps barbares : 



lundi 11 mars 2019

Le Crotale du Texas



Vous vous sentez bien seul depuis que vous avez confié votre hippopotame au restaurateur chinois d'en bas de chez vous qui vous avait promis d'en prendre le plus grand soin. La tristesse de cette séparation s'est décuplée quelques jours plus tard, alors que vous dégustiez chez lui un 21 (chop suey au cheval de rivière, plat nouvellement apparu sur sa carte que vous aviez la curiosité de découvrir), il vous annonça, des sanglots dans la voix, que, profitant d'une porte que la distraction de son commis de cuisine avait laissé ouverte, votre hippo s'était enfui et que, malgré tous ses efforts, le retrouver s'avéra impossible. Votre infinie tristesse se doubla alors de culpabilité. Vous vous reprochez de ne pas l'avoir gardé et craignez, en ces temps de disette généralisée, que des Gilets Jaunes ne l'aient abattu pour remplir un frigo désespérément vide.


Cessez de vous passer la rate au court-bouillon ! Peut-être que loin d'avoir été victime de prédateurs humains ou autres, votre cher Léon prend du bon temps dans quelque méandre d'un fleuve. N'importe comment, depuis qu'il avait grandi, votre baignoire ne lui permettait plus d'assouvir son goût immodéré des bains. Il eût avec vous mené une bien triste existence. Il vous faut RE-BON-DIR ! Et pour cela, la meilleure solution n'est-elle pas d'adopter un crotale du Texas ?

Cet animal est, n'ayons pas peur de le dire, le meilleur ou au moins l'un des meilleurs compagnons dont on puisse rêver. Sa taille est raisonnable : 1,20 à 1,50 m. et pèse entre 1,8 et 2,7 kg. Donc, bien enroulé dans votre sac-à-dos, vous pouvez l'emporter partout. De plus vous avez le choix de sa couleur puisqu'il peut être brun, rosé, rouge, jaune, rose ou blanc sale, avantage non négligeable que ne présentent ni le poisson rouge, ni le lézard vert et encore moins l'ours brun. Il est d'autre part d'une frugalité exemplaire : quand les circonstances l'exigent, il peut se passer de nourriture près de deux ans ! Autrement, il se nourrit essentiellement de petits rongeurs. Si votre logement est infesté de rats, c'est un plus ! Dans son pays d'origine il n'est généralement actif que de mars à octobre et, principalement diurne, il devient nocturne au plus chaud de l'été. Mais nous ne sommes pas au Texas. Si votre appartement est chauffé et que vous faites l'emplette d'une lampe solaire, il est possible qu'il reste actif toute l'année durant. De même il restera diurne dans notre climat tempéré. Vous pourrez donc profiter de lui à plein temps et en toute saison.

Si on l'appelle vulgairement « serpent à sonnette » c'est qu'au fil des mues se créent une série d'anneaux cornés à son extrémité caudale que, quand il se sent menacé, il agite, produisant un bruit de crécelle. Il ne vous prend donc pas en traître. Évitez cependant de le menacer car son moindre défaut est que sa morsure peut être mortelle. Tout revers ayant sa médaille, le crotale du Texas, en plus d'être de bonne compagnie est un excellent animal de garde. En effet, si un malfaiteur tentait d'entrer chez vous par effraction, il ne manquerait pas, après les sommations d'usage (bruit de crécelle), de le mordre surtout si le malandrin, qu'il soit sourd ou peu au fait des mœurs de ce reptile, a le malheur de lui marcher dessus.

Toutefois, les conséquences de ladite morsure lorsqu'elle n'est pas soignée ne sont qu'entre 10 et 20 % létales. Le reste du temps, selon M. Wikipédia, les effets sont les suivants : « des douleurs, une hémorragie interne, un fort gonflement accompagné de dommages musculaires, d'ecchymoses, de cloques et de nécroses. À cela peut s'ajouter des maux de tête, des nausées et vomissements, des douleurs abdominales, des diarrhées, des étourdissements et des convulsions. » ce qui, convenons-en, n'est pas très agréable. Toutefois, s'il arrivait que votre animal vous mordît, rappelez-vous de ce que disait Lao-Tseu (qui en possédait un et fut mordu à maintes reprises) : « Il n'est d'amour sans douleur ».

Un petit truc pour éviter trop de problèmes avec la police s'il vous arrivait, de retour chez vous, d'y trouver un cambrioleur mort ou agonisant dans d'atroces douleurs : placez sur votre porte un panneau « Attention, crotale méchant !».  La bête n'en prendra pas ombrage, car elle est souvent analphabète et, comme bien des Texans, n'a aucune notion de français.

dimanche 10 mars 2019

Arnaque à la con !

L'autre jour, allez savoir pourquoi, j'ouvris un spam, chose que je ne fais qu'extrêmement rarement avant de les détruire. Dans un anglais approximatif, un brave garçon (ou une brave fille) m'informait que son boulot de hacker l'avait conduit à s'approprier mon mots de passe, à installer un bidule d'espionnage sur mon ordi et ma caméra et qu'ainsi il avait des vidéos de moi me masturbant en regardant un site porno. Jusque là, bien qu'infondé, ce mailn'avait rien de bien inquiétant. Après tout, si ces soi-disant enregistrements pouvaient apporter quelques moments de bonheur à leur auteur, quel mal y aurait-il eu à cela ? Seulement, tel n'était pas le but de mon correspondant. Ensuite il me demandait, sous peine de divulguer ces images à mes contacts et à ma famille (il s'en était également procuré, grâce à son logiciel espion, la liste) si je ne lui envoyais pas une somme dont je ne me souviens plus le montant en Bitcoins. J'avais 48 h pour m'exécuter sinon honte et mépris s’abattraient sur moi comme vérole sur bas-clergé.

Cette arnaque est très répandue. Elle tend même à remplacer celle du fameux héritage africain qui nous fit tant rire. M. Le Parisien, à qui rien n'échappe, lui a consacré un de ses savoureux articles. Il est probable que des gens s'y laissent prendre. Seulement, elle a ses limites. D'abord, la plupart des gens ne lisent pas les spams, ne serait-ce que parce qu'ils sont souvent en langue anglaise et qu'ils ne la comprennent pas. D'autre part les lire ne signifie pas que l'on prenne la menace au sérieux. . Le logiciel étant installé sur un site porno, ceux qui ne s'y rendent jamais parce que c'est en regardant la météo de Louis Bodin ou des documentaires animaliers sur la 5 qu'ils se masturbent, ne se sentent pas concernés. Parmi ceux qui y croient, certains se sont tellement endettés afin de recevoir leur héritage africain qu'il ne leur reste plus un rond et que personne ne veut plus leur en prêter. Et puis il y a ceux qui se foutent comme de l'an quarante que l'on apprenne leurs innocentes marottes. Ne restent donc plus comme proies potentielles que des paranoïaques naïfs et parmi ces derniers des gens qui n'auraient pas compris qu'en payant, au cas où la menace serait réelle, ils entreraient dans une spirale infernale. En fin de compte, relativement peu de monde.

Et les malheureux qui on cédé à cet odieux chantage, leur sort vous laisse-t-il de marbre, homme sans cœur ? Disons que je me console de mon manque d'empathie en me disant que ce sont des victimes-nées et que d'une manière ou d'une autre ils se font toujours arnaquer...


vendredi 8 mars 2019

Une si longue absence...




L'avantage des vacances (car, ne l'oublions pas, n'ayant entrepris aucun travail de rénovation depuis quelque temps, je me considère en vacances), c'est que l'on peut consacrer son temps libre à des tâches que l'on n'aurait, autrement, pas le temps d'accomplir. Par exemple, j'ai pu labourer mon futur potager, faire du ménage et restaurer mon blolo bian.

Il y aura en novembre 10 ans de cela, une grande partie dema demeure eurélienne fut ravagée par un incendie. Ma chambre en fut le point de départ. Comme le montrent les photos qui suivent elle s'en trouva très affectée :


Ça, c'était sa cheminée avant.



Ça c'était après.

Pour une fois, je serai d'accord avec Fredi M. : c'était mieux avant !

Sur la première photo, à l'extrême gauche du manteau de la cheminée se trouvait mon blolo bian (statuette Baoulé). Autant vous dire que le pauvre bonhomme, comme le reste de la pièce avait légèrement noirci. L'épaisse couche de fumée noire qu'avait dégagé en se consumant la mousse de mon matelas en fut la cause. Je tentai ultérieurement de le décaper mais, le jeune impatient que j'étais alors (la jeunesse est une notion relative) se laissa vite décourager par la difficulté de la tâche et la statuette alla attendre des jours meilleurs dans un carton. Elle y demeura plus de neuf ans tandis que son pendant féminin (ou blolo bla) poursuivait sa vie décorative du fait que, trouvant l'élément masculin, plus fin de traits et plus esthétique, je l'avais reléguée à un endroit moins prestigieux.

Et puis, voici quelques jours, dans une chambre servant provisoirement de débarras, je retrouvai en compagnie d'autres bibelots le petit homme et décidai, si possible, de lui rendre son lustre de jadis. A l'aide de lessive St Marc, de tampons de laine de fer et de beaucoup d'huile de coude, je parvins à le libérer de sa gangue de noir de fumée. Seulement, il s'en trouva bien blanchi. Je le passai au cirage et le tour fut joué, bien que son teint fût plus clair que celui de sa compagne. J'hésitai à les réunir car, imaginant que ces fétiche étaient mari et femme, cette longue séparation eût pu provoquer une tension entre eux. Mettez-vous à la place de la blolo bla : votre conjoint revient après neuf ans d'absence, la peau plus claire qu'avant et quand vous lui demandez ce qu'il a fait toutes ces années, il vous répond qu'il était prisonnier dans un carton ! Vous avouerez qu'il y a de quoi se montrer un brin dubitatif voire irrité.

Les renseignements que j'obtins grâce à des recherches sur le net me rassurèrent. Ne m'étant jamais renseigné sur la nature de mon couple (j'ignorais jusqu'à leur nom) voici ce que j'appris : 

"La statuaire baoulé relève de la divination et de la psychiatrie et non pas d'un culte d'ancêtres comme les Européens l'ont longtemps cru. `Blolo` est l'autre monde, double du nôtre, lieu de notre origine et de notre fin; l'existence suit une rotation perpétuelle d'un espace à l'autre. Dans le premier, l'individu a laissé une famille, femme et enfant, qui se rappelle à lui sur le tard, à l'adolescence ou à l'âge adulte, lorsqu'apparaissent des problèmes psychologiques ou sexuels. On consulte alors le devin qui établit l'origine du mal, envoyé par l'époux (blolo-bian) ou l'épouse (blolo-bla) par jalousie envers l'autre conjoint. Un sculpteur professionnel est alors chargé de réaliser sur les indications très précises du devin une figurine à l'effigie de l'époux de l'au-delà, accueillie comme un véritable époux par une cérémonie de mariage et de réconciliation. La statuette est ensuite conservée dans la chambre de l'époux, nourrie et entretenue, garantissant ainsi sa santé morale et physique."

Vu qu'ils n'étaient aucunement mariés ensemble, je pouvais donc les réunir sans que cela posât problème. Ce que je fis.