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mercredi 13 mars 2019

Une époque formidable !

Ce matin, j'entends au poste que la prochaine vedette du Crazy Horse, célèbre temple du « nu chic » sera une unijambiste. Craignant être victime d'une surdité soudaine mais conscient que nous vivons des moments inédits, je fais une recherche sur le Net et suis bien vite rassuré quant à l'acuité de mon oreille et confirmé dans l'idée que nous vivons une époque merveilleuse : en effet, une certaine Viktoria Modesta (qu'on peut espérer savoir rester simple dans le triomphe) sera bien, du 3 au 16 juin prochains, intégrée à la troupe du fameux cabaret parisien.

Mais attention, si la belle (il se trouve qu'elle l'est) fut amputée d'une jambe à 20 ans, cela ne signifie pas qu'elle dansera le French cancan sur une jambe, performance délicate s'il en est. Car elle est équipée de prothèses. Non pas comme celle que chanta Dranem d'une jambe de bois mais de prothèses qui sont de véritables œuvres d'art. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais personnellement j'ai du mal, au contraire de la directrice artistique de l'établissement où elle se produira, à penser que« Dans un monde en plein questionnement sur le rôle et l’image de la féminité, la rencontre des univers du Crazy Horse et de Viktoria Modesta permet de mettre en scène une autre vision de la femme, de la sensualité et de la beauté au XXIe siècle ». Je ne suis pas non plus très convaincu par ce que la personne qui rédige l'article déclare au sujet de la nouvelle « évolution » qu'on constate dans le domaine de la mode en évoquant une top model amputée des deux jambes, une autre souffrant d'une maladie rare ou une autre encore trisomique.

J'ai plutôt l'impression que sous le prétexte progressiste de donner à chacun sa chance, on a fait un grand bond en arrière à savoir qu'on en est revenu à l'exhibition de « phénomènes » comme jadis on en montrait au public avide de curiosités dans les foires. Tout est bon pour faire du fric et d'autre part, cela permet aux performeurs « atypiques » de mener une vie moins frustrante que celle de simple handicapés. Il n'empêche que je ne trouve pas cette recherche du sensationnel très saine.

Je sais qu'aujourd'hui on nage à travers la manche sans bras, à travers l'Atlantique sans jambes et que la femme à barbe gagne le concours de l'Eurovision mais où s'arrêtera-t-on, si jamais on s'arrête ? Verra-t-on bientôt des trapézistes tétraplégiques, des tournois de mikado pour parkinsoniens, des compétitions de triple saut pour culs-de-jatte ?

En attendant la réponse, je vous propose cette chanson très fine de l'immense Dranem que mon père aimait à fredonner en des temps barbares : 



6 commentaires:

  1. Vous oubliez tous ces admirables méritants, de plus en plus nombreux, qui se lancent courageusement dans la traversée de l'existence sans cervelle : ils ont droit, eux aussi, à notre respectueux respect respectatif, il me semble !

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    1. " la traversée de l'existence sans cervelle" n'a rien de monstrueux. Il me semble que ce soit la norme, non ?

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  2. A cette exhibition de monstres de foire en live, je préfère encore revoir "Freaks",le film de Todd Browning, où on a déjà tout ce qu'il faut et un ensemble très représentatif.

    Vendémiaire.

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  3. La différence, c'est qu'il me semble qu'à l'époque de Dranem on faisait tout pour cacher ses infirmités, tandis qu'aujourd'hui on les exhibe !

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    1. C'est ce qui caractérise notre époque : l'anormal devient normal et le normal détestable. On y est même fier d'être anormal.

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