Selon lui, M. Macron n'est NI de droite
NI de gauche mais (en même temps) il est de droite ET de gauche. Ce
qui peut paraître habile mais (en même temps) présenter des
dangers.
Le but de cette formule est d'une part
de se présenter comme en dehors (ou au-dessus) des clivages
politiques traditionnels et d'autre part de se montrer ouvert,
capable d'adopter, quelle que soit son origine, une idée pourvu
qu'elle soit bonne. L'idée étant de fédérer les Français de tout
bord autour de sa personne. Ça rappelle, l'ouvrage qu'un
ex-président avait intitulé Deux Français sur trois (qui
n'était aucunement, comme on serait tenté de le croire, consacré
aux partouzes homosexuelles) paru en 1984 et visant à rassembler une
majorité de Français autour d'idées consensuelles. Cette tentative
de rassemblement l'avait dans un premier temps mené à une défaite
électorale et l'ouvrage en question ne parvint pas à rassembler
autour de lui deux tiers des électeurs.
Car être n'être nulle part et partout
à la fois crée une certaine confusion. Contrairement à ce qu'il
semble penser et que répètent à l'envie les media, M. Macron n'a
pas été élu parce qu'il avait su démontrer l'obsolescence des
partis traditionnels mais par défaut, suite à une série
circonstances favorables à l'émergence d'un homme « nouveau » :
l'impopularité abyssale de son prédécesseur qui eut pour
conséquence l'explosion du parti dont celui-ci venait, une avalanche
savamment orchestrée d' « affaires » disqualifiant
le candidat de la droite, et enfin et surtout la présence au second
tour d'une candidate FN que n'importe quel autre candidat aurait
battu tant des décennies de diabolisation rendait impossible sa
victoire.
Bien sûr les partis traditionnels en
ont pris un sacré coup. De tout côté des opportunistes ont quitté
le navire. Des législatives ont donné une majorité au nouveau
président, affaiblissant leur position au parlement. Mais est-ce que
pour autant les cartes ont été redistribuées et les clivages
effacés comme par magie ?
Je crains que non. Les sondages, jamais
euphoriques, sont, après une courte embellie, redevenus bien
mauvais. Et je crains que cette descente ne s'accentue au fur et à
mesure que ses réformes seront mises en application. S'ils l'ont
jamais quitté, les Français retourneront à leur bercail. Des
raisons opposées les réuniront dans le rejet, les gens de gauche
les trouvant trop à droite et ceux de droite trop timorées. Il se
peut même que l'échec du « en même temps » accentue
les clivages, que les dommages causés aux partis dits « de
gouvernement » profite au bout du compte aux extrêmes. Sans
compter qu'une vision purement économique des problèmes du pays,
comme semble l'être celle du président actuel, laisse en suspens
certains problèmes sociétaux auxquels il serait urgent de s'atteler
afin d'éviter qu'ils n'empirent.
La formule du p'tit père Macron
pourrait donc s'avérer celle d'un apprenti sorcier plus que d'un
magicien. L'avenir nous le dira.