J'entendis, pas plus tard qu'hier, la
présidente de l'UNEF se plaindre, dans une torrentielle logorrhée,
de l'inadmissible sélection que le nouveau système d'admission
post-bac ferait subir à une jeunesse méritante autant que
studieuse. Je conçois que cette jeune personne ait des inquiétudes
concernant l'avenir des jeunes et le sien plus particulièrement. En
effet, diriger ce syndicat, c'était jusque récemment s'offrir la
possibilité d'une brillante carrière d’apparatchik au PS.
Seulement, vu le triste état de ce parti, il devient de plus en plus
problématique d'espérer en obtenir un fromage. Mais bon, la
verbeuse présidente en avait surtout contre la sélection dans le
supérieur. Comment ne pas lui donner raison ? Est-il acceptable
qu'un analphabète se voit refuser l'accès à des études
littéraires ? Au nom de quoi refuserait-on d'admettre en
faculté des sciences un nul en mathématiques ? Ce serait
bafouer le droit imprescriptible qu'a tout jeune d'aller se vautrer
pitoyablement dans un domaine pour lequel il n'a pas plus de dons que
de goût !
Ensuite, si toute sélection est
inadmissible pourquoi continuerait-on à lier l'obtention d'un
quelconque diplôme à l'acquisition par l'impétrant d'un niveau de
compétence ? Pour bien faire, ne faudrait-il pas inscrire
chacun dans la filière de son choix puis lui garantir l'obtention
d'un diplôme à son goût ? Voilà qui serait juste !
Seulement, une fois leurs études
terminées, nos chers jeunes se trouveraient face à l'épreuve
extrêmement sélective que constitue l'obtention d'un emploi. En
effet, il est de coutume de ne retenir pour un poste qu'une seule
personne quel que soit le nombre de candidats. C'est d'une cruelle
injustice mais on ne voit guère d'autres solutions.
Et s'il n'y avait que l'emploi !
Mais en matière de sport, ne parle-t-on pas de sélection, qu'elle
soit nationale ou autre ? Et même dans des domaines plus
intimes, comme celui du choix d'un partenaire sexuel, ne voit-on pas
la plupart des personnes se montrer plutôt sélectives sur la base
d'une combinaison de critères tels que l'attrait physique, l'esprit,
la fortune, la religion, les opinions politiques, etc.? Même pour
une simple amitié, on sélectionne...
Curieusement, notre belle jeunesse ne
semble pas être choquée par les sélections qui s'opèrent dans
tant de domaines. C'est un peu comme avec les injustices : on ne
s'indigne que de celles auxquelles on pense pouvoir remédier...