Ne nous méprenons pas : il ne
s'agit pas de quelque gourgandine qui, après m'avoir séduit puis
abandonné, serait, à l'instar de la Pomponnette de Pagnol, revenue
vers moi. Non, je veux parler de cette chose infâme et blanche qu'un
ciel cruel fait tomber sur la terre et qui recouvre routes et chemins
de son froid manteau, la neige puisqu'il faut l'appeler par son nom.
Tout petit déjà, j'en avais une
sainte horreur. Oh, j'en ai bien fait, comme tout enfant, des
bonhommes. Que celui qui n'a jamais péché me jette la première
boule. Mais vu que j'ai horreur du froid (comme des trop fortes
chaleurs) et qu'il est rare qu'il neige par temps doux, mon
enthousiasme était pour le moins modéré devant la poudreuse. Les
batailles de boules de neige ne m'ont jamais inspiré non plus.
Recevoir en pleine figure un projectile glacé ne m'a jamais séduit
et cela d'autant moins que certains camarades d'école avaient,
histoire de se fendre la gueule, une fâcheuse tendance à placer un
caillou au milieu de leurs missiles. C'est qu'on savait déjà rire
dans le bon vieux temps !
Pour moi, les sports d'hiver devraient
être la sévère punition qu'on inflige à des délinquants
multirécidivistes. Quand je pense que certains sont prêts à payer
pour descendre des pentes neigeuses qu'il s'empressent de gravir à
nouveau en vue d'une nouvelle descente et dans l'espoir souvent déçu
de se casser une jambe ou à défaut un bras ou la colonne
vertébrale, ça me laisse pantois.
Donc elle est revenue, elle est là. Je
n'y peux rien. Nul n'y peut rien. A croire que le réchauffement
climatique tant redouté par les amis du froid n'en est qu'à ses
premiers balbutiements. S'il est inéluctable, ne pourrait-il pas se
cantonner à l'hiver qui, comme chacun sait depuis que le
pauvre Charles d'Orléans l'a dénoncé dans un célèbre poème,
n'est qu'un sale péquenaud ?
Le pire dans tout ça c'est qu'il ne me
servirait à rien de tenter de fuir cette diabolique blancheur vu
qu'en Corrèze la situation est bien pire comme en témoigne cette
photo prise cette nuit à quelques pas de ma maison :
Ma seule consolation est que le temps
d'hiver finira bien par disparaître au profit de plus de douceur.
Reste à savoir quand...