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Cette affiche m'a fait bien rire tandis que je traversais le Lot-et-Garonne l'an dernier |
Le véganisme serait tendance. Et pour
bien des raisons : d'abord parce que ce n'est pas bien de tuer
de mignons animaux ensuite parce que l'obtention de protéines
animales nuit gravement à la planète car elle épuise ses
ressources. De tels arguments ne peuvent que toucher la sensiblerie
des écolos amis des bêtes, c'est à dire de ce qu'une culture
dégénérée produit de plus avancé (comme peut, justement, l'être
une viande c'est à dire à la limite de la putréfaction).
J'entendais ce matin un gentil végan narrer son évolution vers un
véganisme pur et dur. D'abord, ami des animaux, il s'aperçut qu'il
y avait une contradiction à en manger puis, petit à petit, la seule
vue d'une boucherie lui devint insoutenable, enfin, parvenu au stade
ultime de son chemin vers la sainteté, il montre à ceux qu'il voit
manger de la viande des photos de petits animaux mignons. Bref un
emmerdeur doublé d'un couillon.
Ce genre d'attitude me rappelle celle
de certains anti-tabac du temps béni où l'on pouvait encore fumer
au restaurant (je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne
peuvent pas connaître). Au début des années quatre-vingts,
mangeant en compagnie de ma chère et tendre épouse dans un
restaurant chinois de la rue Saint-Jacques, un brave jeune homme
occupant la table voisine me pria d'éteindre ma cigarette car sa
fumée le gênait. Un brin étonné de cette curieuse requête, je
lui répondis par un élégant « J't'emmerde !» et
l'affaire s'arrêta là. Et puis les choses ont évolué, on a
d'abord parqué les fumeurs dans des salles spéciales, avant de ne
plus les tolérer que dans des lieux ouverts. Nous verrons-nous un
jour réduits à ne pouvoir consommer de la viande qu'à
l'extérieur ?
Tout cela, comme les chemins qui mènent
à l'Enfer part de bonnes intentions : quoi de plus touchant en
vérité qu'un jeune agneau gambadant dans un pré ? Ne
retrouve-t-on pas dans l’œil du veau les mêmes lueurs
d'intelligence qui illuminent le visage d'un végan ? Quant au
porcelet, une fois bien lavé, n'incarne-t-il pas de tout son être
une pureté et une innocence rare chez l'humain ? Seulement,
ces braves bêtes que leurs amis défendent avec la juste hargne du
zélote, ont un défaut majeur, celui d'être les produits d'une
domestication n'ayant pour but que de transformer des mammifères
sauvages en producteurs de viande. Sans l'élevage en vue de
satisfaire les tendances carnassières de l'homme pas plus de
porcelets mignons que de tendres agneaux ou d'espiègles veaux. Ce
qui, reconnaissons-le contraindrait les irréductibles carnassiers à
chasser avec pour conséquence, vue la prolifération des humains,
une rapide et totale extinction de leurs équivalents sauvages.
Privés de leurs animaux chéris, les végans n'auraient-il pas, en
ce cas, l'impression de s'être tiré une balle dans le pied ?
Ces âneries végétariennes ont pour
origine un anthropomorphisme qui amène les âmes délicates à voir
tant de points communs entre eux et l'animal que les manger
reviendrait à une forme insupportable d'anthropophagie. On peut les
comprendre : n'ont-elles pas l'intelligence du veau,
l'imagination de l'agneau et l'élévation morale du porcelet ?
Toutefois le végan s'alimente de végétaux. Oublieraient-il que le
poireau, le chou, la patate, le soja sont des êtres vivants que
l'on arrache, coupe, ou moissonne de manière brutale ? Au nom
de quoi mettraient-ils fin à des vies qui, tout bien réfléchi,
sont plus sereines que celle d'Aymeric Caron ? Quoi de plus
aimable qu'un jeune poivron ? Quoi de plus émouvant qu'un petit
cornichon ? Quoi de plus subtil qu'une betterave naissante ?
On respecte TOUTES les vies ou AUCUNE.
Je conseillerais donc aux végans et
autres âmes d'élite d'abandonner les légumes et céréales pour se
nourrir uniquement de cailloux. En évitant bien entendu les roches
calcaires, vu que celles-ci sont le produit de la sédimentation des
coquillages et squelettes des micro-algues et animaux marins et
reviendrait donc à manger du cadavre.