..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 5 février 2017

De la honte des veaux et du vacarme des moutons.

Un certain général qui connut ses heures de gloire au siècle dernier avait traité les Français de veaux. Je conçois qu'il n'ait eu qu'une estime relative pour ses compatriotes mais pourquoi cette comparaison hasardeuse avec d'indolents mammifères ?  Ces pauvres bêtes ne brillent certes pas par l'intelligence ni le sens politique mais de là à les ravaler au rang de certains Français ! Car s'il est une chose qu'on ne saurait reprocher à ces jeunes bovins, c'est un caractère agressif. Tandis que certains Français...

L' « affaire » Fillon, nous offre l'occasion de voir à quel point certains sont stupides, vétilleux, rageurs, inconsistants, ne savent pas compter, pratiquent l'amalgame, sont hypocrites et mélangent tout. Il a suffi qu'une torche-cul à scandales (et qui, alors qu'il est déjà bénéficiaire touche des subventions de l'État qui lui permettent d'arrondir son magot !), relayé par tout ce que la France compte de media prompts à céder au buzz, fasse planer sur un homme politique des soupçons d'emploi fictif pour que ces « braves » gens (qui disent ne pas faire confiance aux media), non seulement leur emboîtent le pas mais les devancent ! Quand les moutons se mettent à courir vers le but que leur assignent les bergers, laissant ceux-ci loin derrière, on ne peut même plus parler de panurgisme.

Nos moutons saisis de rage confondent conditionnel et indicatif, soupçons et culpabilité, brut et net, décennies et mois, avantage et privilège, licite et illicite, bref font preuve d'une grave confusion mentale tout en réclamant d'autrui une probité totale qui n'est n'est pas forcément un de leurs traits marquants. Toutes choses dont on ne saurait accuser les veaux.

Je crains donc que le vieux général n'ait grandement surestimé certains de ses compatriotes.

samedi 4 février 2017

Faux débat

La France connaît une croissance molle et un taux de chômage élevé. Comment en sortir ? La solution est simple si j'en crois les distingués économistes qui doctement débattaient dans le cadre de l'émission On n'arrête pas l'éco* sur le fleuron de la radiodiffusion de service public. C'est l'immigration. Elle ne coûte rien, elle rapporte même et fait progresser le PIB. C'est indéniable : selon l'un des deux clowns de service, 1 % d'immigration entraînerait 1 % d'augmentation du PIB. De plus, sans le faire baisser, elle n'augmenterait pas le chômage. Admettons. On ne voit pas très bien comment ça peut faire avancer le schmilblick car au niveau du PIB par habitant c'est la stagnation.

Si on suit ce raisonnement, en laissant entrer en Doulce France 66 millions d'immigrés, on doublerait le PIB et cette France de 132 millions d'habitants deviendrait, devant le Japon, la 3e économie mondiale. Ce qui nous ferait la jambe belle, vu que les habitants (pourrait-on encore parler de Français?) ne verraient aucune amélioration de leur situation économique.

Bien entendu, mon extrapolation est ridicule. Il est évident qu'en un court laps de temps il serait rigoureusement impossible de laisser rentrer des dizaines de millions de personnes sur notre territoire sans que s'y installe le chaos. Elle n'a pour but que de montrer le côté absurde du raisonnement de ce distingué économiste.

Quand bien même 1% d'immigrés amènerait 2% de croissance, ces raisonnements purement économiques omettent de prendre en compte les données culturelles du problème. Si les dits immigrés (ou migrants) venaient de pays de cultures très éloignées de la nôtre, il serait difficile voire impossible que notre société ne devienne multiculturelle avec tous les risques qu'entraîne la juxtaposition de gens aux mœurs et croyances différentes sur un même territoire.

La question n'est donc pas de savoir si l'immigration est ou non rentable mais de choisir le type de société que nous voulons. Et cela dépasse le seul problème de l'immigration. Les politiques tendent à confiner le débat au seul champ économique. Ce faisant, ils se transforment en petits comptables dont les actions ne tendraient qu'à renouer avec la sacro-sainte croissance, seule susceptible de résoudre en deux coups les gros tous les problèmes du pays.

Il me semble qu'une nation a plus besoin de croire en en elle-même et en son avenir qu'en un taux de croissance. Ce qui n'exclut pas l'on se préoccupe de la rigueur de la gestion économique, bien entendu.

* On n'arrête pas les cons non plus !

vendredi 3 février 2017

Mort aux privilèges ! Vive l'égalité !

L' « Affaire » Fillon démontre si nécessaire à quel point les Français, peuple de grande vertu, détestent les avantages dont bénéficie autrui et qu'avec véhémence il renomme « privilèges » afin de mieux les flétrir. Seulement, pour que lcette nation d'élite atteigne la pureté morale cristalline à laquelle elle aspire, il ne suffit pas de s'attaquer aux « privilèges » des mieux nantis. C'est certes nécessaire mais insuffisant et de plus, on pourrait soupçonner qu'entre dans la juste indignation de ceux qui les décrient une note, oh, très discrète, d'envie ce qui n'est évidemment pas le cas.

Toujours désireux d'aider mes semblables à mieux cheminer sur la route de la perfection dont ils rêvent et qu'ils chérissent, je prendrai quelques exemples parmi tant d'autres de ces « privilèges » dont bénéficient certaines professions et qu'une exigence d'égalité et de justice imposerait qu'on supprimât.

Je commencerai par une profession que je connais bien : les enseignants. Outre celui d'exercer le plus beau métier du monde, ces héros de la République bénéficient, par rapport au vulgus pecum d'un nombre inouï de semaines de vacances quand le péquin de base ne s'en voit octroyé que cinq malheureuses. Est-ce acceptable ? Bien sûr que non ! On me dira que ces vacances sont destinées à permettre aux enfants de se remettre des incroyables efforts qu'exigent d'eux leurs apprentissages. Certes. Mais les enseignants ne sont pas des enfants, ce sont de robustes gaillard(e)s qui n'ont pas plus besoin de repos qu'un terrassier ou un maçon. On pourrait donc réduire leurs congés à cinq semaines et le reste du temps les utiliser à des travaux d'intérêt général (ramassage des papiers gras, curage des fossés, comptage des p'tits zoziaux, etc.).

Et les cheminots ? Voilà des gens qui prennent leur retraite bien tôt ! De 50 à 57 ans suivant les catégories et les situations ! Sera-ce encore tolérable quand un enseignant, rompu par ses activités de ramassage des papiers gras, curage des fossés, comptage des p'tits zoziaux, etc. prendra la sienne à 62 ans ? Ces mêmes privilégiés et leur famille bénéficient, sous certaines conditions, de billets de train gratuits alors que si vous choisissez de voyager à l’œil, l'amende vous guette !

A l'EDF, agents et retraités ont un tarif spécial qui leur fait payer 5 à 10% du prix normal. Mais ce n'est là qu'un des multiples avantages dont ils bénéficient. La liste en serait trop longue, vous la trouverez ici.

Quant à ces saints laïcs qui, jour après jour, nous apportent la lumière avec une honnêteté que n'égale que leur impartialité, ces êtres célestes qui nous aident à démêler la complexité du monde, les journalistes puisqu'il faut les appeler par leur nom, ils bénéficient d'un abattement fiscal de 7650 €.

Vous, pauvre salarié ordinaire, qui vous n'avez que peu de vacances, dont la retraite s'éloigne à mesure que vous en approchez, qui payez vos transports, votre gaz et votre électricité, pour qui pas plus d'abattement fiscal que de beurre en broche, qu'attendez-vous pour réclamer une nouvelle nuit du quatre août où chacun, vous y compris si par extraordinaire vous bénéficiiez d'un quelconque « privilège » si minime soit-il, viendrait renoncer à des « privilèges » en attendant leur abolition ?

Mais ce serait encore insuffisant : resteraient (entre autres) les inégalités financières : il serait urgent que toute propriété individuelle soit abolie et qu'un salaire unique soit institué. Mais ça ne serait pas suffisant : nous ne serions encore égaux ni en beauté, ni en sagesse, mi en stature, ni en courage, ni en poids, ni en âge, ni en santé, ni, ni, ni, ni, ni...

Pas facile à établir l'Égalité, hein ? Heureusement, il y a, à part M. Fillon, des choses que partagent tous les Français : une moralité intransigeante , une honnêteté vétilleuse et surtout un amour inné de la justice.

jeudi 2 février 2017

Grave défaut et témoignage

J'ai récemment avoué un handicap. Aujourd'hui je dois confesser un défaut. Et pas un petit. J'ai en effet tendance à sous-estimer la profonde stupidité de certains de mes contemporains. Sondez-les, ils vous diront accorder peu de crédit aux media. Faites une campagne médiatique bien orchestrée et les voilà qui se mettent à partager l'avis des journaleux et à faire leurs les plus foireux arguments qu'on leur susurre à l'oreille. Et s'il n'y avait que ça ! Figurez-vous qu'ils vivent chez Walt Disney. Il ne sont qu'honnêteté, vertu, rigueur. Afin de renforcer ces qualités, ils ont besoin de modèles. Et où vont-ils les chercher, mais selon leur logique implacable chez les politiques qu'ils déclarent volontiers tous pourris. Ajoutons encore qu'ils font montre d'un sens politique qui ferait honte à une une amibe morte quand, sciant la branche qui les porte, il ne voient pas les néfastes conséquences d'une telle action.

C'est des personnes qui se déclarent de droite qu je découvre abasourdi la foncière stupidité. Les gens de gauche ne valent souvent pas plus cher mais vu que les « valeurs » dont ils se disent porteurs sont pour moi mortifères et que les objectifs qu'ils s'assignent mènent à mon avis aux pires catastrophes, ce qu'ils peuvent bien penser, dire et faire, je m'en tamponne le coquillard tant qu'ils me semblent en perdition et voués à une heureuse et proche disparition. Mais quand je vois, comme récemment, les braves gogos que j'avais cru de mon camp tomber avec entrain dans un panneau grossier, je ressens un découragement certain.

Cette « affaire » Fillon, j'ai commencé par m'en moquer comme de l'an quarante. Dans ma grande innocence, je croyais que rares seraient les sots qui en tiendraient compte. Mea maxima culpa ! Je sous-estimais leur capacité à se voir manipulés et aussi et surtout leur capacité à mal évaluer l'importance relative d'un quelconque fait par rapport à ce qui est en jeu, à savoir le relèvement de la France et la mise au rencart d'une gauche qui ne rêve que de détruire le peu qu'il en reste.


Cela dit, j'aimerais vous communiquer le texte de Vincent Goyet, ex-assistant parlementaire qui expose en détail ce que peuvent être les fonctions de ces professionnels, l'enveloppe dont disposent les députés et sénateurs pour rémunérer leur personnel et l'usage qu'ils en font ou peuvent en faire. Le texte est long mais à mon sens il mérite d'être lu dans son intégralité. Je suis responsable des passages en gras.

DERNIÈRE MINUTE : pour ceux qu'une longue lecture lasserait, j'ajoute à sa suite un texte plus court tout aussi édifiant.


Parce que j'ai été attaché parlementaire, beaucoup de ceux qui me connaissent m'ont demandé comment faire le tri entre tous les éléments qu'ils ont lus dans la presse ces derniers jours à propos du fonctionnement de l'équipe qui entoure chaque député.
Je tiens à préciser tout de suite que je soutiens François Fillon depuis la défaite et le départ de Nicolas Sarkozy en mai 2012. Comme ça, les choses sont dites. Les éléments que je donne ci-dessous sont ma propre analyse et mon propre ressenti, issus de mon expérience personnelle. Je laisse chacun y puiser ce qu'il voudra.
Avant tout, le cabinet parlementaire fonctionne de fait comme une TPE. Le député embauche et rémunère librement ses collaborateurs, sur la base de contrats de travail de droit privé, qui prennent automatiquement fin en cas d'interruption du mandat parlementaire.
Pour rémunérer ses collaborateurs, chaque député dispose d'une enveloppe mensuelle de 9 561 € (lorsqu'il laisse l'Assemblée nationale gérer ces contrats et payer les charges patronales), 14 341 € s'il décide de tout gérer lui-même. Sur les 9 561 €, il doit donc encore acquitter les charges salariales (précision technique pour les puristes).
Dans les faits, l'immense majorité des députés laisse l'Assemblée s'occuper de tout.
Chaque député organise à sa guise le travail de son équipe, avec des collaborateurs dont le travail peut être très divers : agenda, logistique, courriers, dossiers législatifs, dossiers locaux, réunions, questions au Gouvernement, amendements, relations presse, relations avec les élus, relations avec la population, communication, rendez-vous, représentation, conseil, etc. Ce travail répond en fait aux trois fonctions remplies par un parlementaire : 1/ il représente le peuple ; 2/ il vote les lois ; 3/ il contrôle l'action du Gouvernement et des administrations.
Bref, le travail est gigantesque, et la politique est bien souvent le lieu où les militants viennent donner un coup de main bénévole (mise sous pli, distribution de documents à la population, logistique des réunions publiques, réseaux sociaux, etc.). Il y a plutôt trop de travail que pas assez !
François Fillon est aujourd'hui attaqué non pas pour avoir rémunéré son épouse et deux de ses enfants, mais parce que certains soupçonnent qu'il s'agirait d'emplois fictifs, sans travail réalisé en contrepartie.
Comme je viens de le souligner, ce n'est pas le travail qui manque autour d'un député. J'ai croisé des dizaines et des dizaines de parlementaires, davantage encore de collaborateurs, et la plupart d'entre eux sont des passionnés, qui ne comptent pas leurs heures. De même, il est inimaginable qu'un élu fasse une carrière politique durant 35 ans (François Fillon a été élu pour la première fois en 1981) sans que sa / son conjoint(e) ne lui apporte au quotidien un soutien et une aide de tous les instants, surtout si elle / il n'a pas une autre activité professionnelle à côté.
Quid du niveau de rémunération pour le conjoint non salarié du chef d'entreprise ? Comme dans n'importe quelle TPE, il est fréquent que le conjoint participe de fait à l'activité sans percevoir de salaire. Quand la structure trouve l'espace d'une rémunération, il peut y avoir ensuite une forme de rattrapage salarial, en contrepartie de toutes les années de bénévolat.
S'agissant de Pénélope Fillon, elle n'a pas été rémunérée entre 1981 et 1988. Puis elle a bénéficié d'un salaire comme attachée parlementaire jusqu'en 2013 (avec manifestement un rattrapage salarial). Elle a perçu 639 000 euros net sur cette période (les médias parlent en brut pour gonfler la somme). Ramené à 35 années de travail aux côtés de son mari, nous arrivons à l'équivalent d'un salaire net mensuel de 1521 €. Tous ceux qui se scandalisent du montant de 830 000 € brut devraient méditer sur la période concernée... Si j'avais travaillé durant 35 ans aux côtés de François Fillon, sur la base du salaire de 2600 € net que je touchais en 2007, j'aurais coûté bien plus de 830 000 € brut (faites le calcul : 1,4 million d'euros brut - et par souci de simplicité, je n'ai pas tenu compte du 13e mois...).
Mais quel travail a donc bien pu réaliser Pénélope Fillon ? Sans doute un travail de petite main pour un grand nombre de courriers reçus au domicile (François Fillon n'avait pas de permanence parlementaire en circonscription). Un soutien logistique également. Un travail de conseil, relecture (c'est ce qui semble ressortir de la bouche de l'avocat de François Fillon). Un travail de représentation, aussi, accompagnant son mari, ou se substituant à lui quand il n'était pas disponible.
Pénélope Fillon n'aurait-elle pas pu remplir toutes ces tâches sans être rémunérée ? Si, sans doute. Mais en France, la loi autorise les parlementaires à salarier leurs proches. De très, très nombreux élus le font, ponctuellement ou de façon pérenne. C'est fréquemment le cas pour les enfants étudiants des députés ou sénateurs, dont les parents mettent ainsi le pied à l'étrier professionnel.
Mais alors, pourquoi cette brusque poussée de fièvre concernant François Fillon ? Qui ne voit pas l'opération de déstabilisation à quelques semaines de la présidentielle ? "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose", proclame Francis Bacon dans son Essai sur l'athéisme.
Interrogeons-nous maintenant sur le niveau de rémunération des enfants de parlementaires : n'est-il pas excessif ? On peut parfaitement le penser dans certains cas. Mais 1/ ce montant reste à la discrétion du parlementaire et 2/ on sort du débat sur le caractère fictif de l'emploi. Les enfants de Fillon avaient fait des études de droit, l'un d'eux a d'ailleurs obtenu son diplôme d'avocat l'année suivante. Ils avaient donc des compétences utiles pour aider leur père dans ses missions parlementaires. Il ne s'agit pas d'emplois fictifs. Or, c'est là-dessus que Fillon est attaqué.
Certains s'étonnent aussi que Pénélope Fillon n'avait pas de badge pour accéder à l'Assemblée, ni d'adresse e-mail personnalisée. J'ai travaillé durant 5 ans à l'Assemblée (entre 2002 et 2007), j'avais évidemment un badge pour accéder à mon lieu de travail, mais ce n'était pas le cas de tous mes collègues de circonscription. Je n'ai par ailleurs jamais eu d'adresse e-mail professionnelle à mon nom : j'ai toujours utilisé l'adresse des parlementaires pour lesquels j'ai travaillé.
Autres questions légitimes que se posent beaucoup de gens : pourquoi Pénélope Filllon a-t-elle été rémunérée par le suppléant de François Fillon ? A quel travail est-ce que cela correspond ? Pourquoi un salaire si élevé ? Lorsqu'un parlementaire devient ministre, il conserve un lien avec le territoire d'où il est originaire. Les collaborateurs du suppléant devenu député font souvent le lien et la navette entre la circonscription et le ministère. Et Pénélope Fillon a pu être d'autant plus sollicitée dans ce cadre que l'agenda de son mari le rendait beaucoup moins disponible. Le suppléant de François Fillon était par ailleurs peut-être davantage présent en circonscription qu'à Paris, n'ayant pas forcément les mêmes ambitions et appétences pour le travail législatif que son prédécesseur.
Enfin, un élément important : jusqu'en 2012, les députés pouvaient conserver le reliquat du crédit collaborateurs qui leur était attribué. Cet argent ne serait donc pas resté dans les caisses de l'Assemblée. Ceux qui demandent à Pénélope Fillon de "rendre l'argent" ignorent manifestement qu'il s'agirait de le rendre... à François Fillon lui-même.
Mais alors, pourquoi Pénélope Filllon a-t-elle dit qu'elle ne travaillait pas et ne s'était jamais mêlée de politique ? Peut-être simplement parce qu'elle ne considérait pas son action comme un travail, mais comme un engagement aux côtés de son mari. Il n'empêche que si elle n'avait pas été là, toutes les tâches qu'elle a accomplies auraient dû l'être par quelqu'un d'autre. En outre, un attaché parlementaire ne fait pas de politique : il travaille dans le domaine politique, mais c'est le parlementaire qui fait de la politique. Pas ses collaborateurs. Enfin, de la part de celle qui était la conjointe d'un parlementaire puis d'un ministre, il aurait été désobligeant de se présenter simplement comme "l'assistante". Pour des raisons évidentes, Pénélope Fillon ne s'est manifestement jamais considérée comme telle.
Posons-nous maintenant la question de l'orchestration de cette affaire politico-médiatique :
- le mercredi 25 janvier, le Canard Enchaîné publie un article
- le jeudi 26 janvier, le Parquet national financier ouvre une enquête judiciaire
- le vendredi 27 janvier, ce même parquet auditionne plusieurs témoins
Une vitesse absolument stupéfiante !
Pour rappel, le parquet national financier a été créé par Christiane Taubira en 2014, qui y a placé ses amis : le procureur du PNF, Eliane Houlette, était commissaire du gouvernement auprès du Conseil des ventes volontaires. Elle doit son incroyable et fulgurante promotion au Garde des Sceaux de l'époque, laquelle a également constitué une équipe de procureurs adjoints et vice-procureurs parmi ses très proches (Michel Pelegry, Ulrika Delaunay-Weiss, Patrice Amar, Monica d'Onofrio...).
Rappelons aussi qu'en France, le parquet (a fortiori le parquet national financier) n'est pas indépendant du pouvoir exécutif : les procureurs dépendent directement du ministre de la Justice, ce qui est d'ailleurs pointé du doigt par la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
La vitesse avec laquelle le parquet s'est jeté sur François Fillon ne manquera pas d'interpeller tous ceux qui déplorent les lenteurs habituelles de la Justice. La perquisition de l'Assemblée nationale qui a eu lieu hier après-midi relève là encore de l'exceptionnel.
Parallèlement, quand des journalistes publient dans le livre "Nos très chers émirs" des accusations nominatives de corruption envers un ministre du Gouvernement, le même parquet reste curieusement muet. Pourquoi une telle différence de traitement ?
Face à cette situation, je suis persuadé de l'impossibilité pour Pénélope Fillon de ne pas avoir participé au travail parlementaire de son mari. Son travail n'a pas été fictif, et il dure depuis 35 ans.
Je suis aussi persuadé que cette opération de déstabilisation a été sciemment préparée et orchestrée. Je n'ai pas voulu croire à une machination envers DSK en 2011, ses propres turpitudes étant suffisantes pour provoquer la chute d'un candidat annoncé par tous comme le prochain président français. La similitude de l'acharnement qu'il a subi alors, avec l'acharnement subi aujourd'hui par François Fillon, fait naître le doute. Les mêmes officines semblent à l’œuvre. D'ailleurs, ce sont les mêmes qui en furent et en seraient les grands bénéficiaires : François Hollande et ses proches, du PS à Macron.
Et toute cette agitation éloigne les citoyens de ce qui devrait nous préoccuper à titre principal : la situation de la France, qui compte un nombre record de chômeurs, dont la Dette n'a jamais été aussi élevée, et qui n'offre aux jeunes générations que le choix entre le déclassement ou l'émigration.
Voilà pourquoi je continue plus que jamais à soutenir François Fillon. Parce que le projet qu'il porte me semble nécessaire pour redresser notre pays. Parce qu'il faut desserrer l'étau de l'étatisme. Parce qu'il faut permettre à chacun de travailler davantage s'il le souhaite pour gagner davantage. Parce qu'il faut améliorer le financement et la couverture maladie de notre assurance sociale. Parce que la France doit redevenir un interlocuteur crédible sur la scène internationale.
Et parce que je ne suis pas dupe du matraquage médiatique actuel.
NB : suite à vos remarques, j'ai rectifié à 1988 la date de fin du travail bénévole de Pénélope Fillon. Le montant total perçu sur la période 1981-2016 reste le même, donc le salaire mensuel moyen ne change pas : 1521€ net.

De Julien Aubert, député de Vaucluse :

Je lis ici et là des réactions vives sur les révélations du Canard enchaîné concernant l’épouse de François Fillon. Dans le contexte abrasif de notre époque, marquée par la méfiance généralisée, cela se comprend parfaitement et je pense d’ailleurs que c’était exactement l’effet recherché par les informateurs du Canard. Je tiens cependant à préciser quelques points, pour ceux qui n’ont pas lu mon livre « Salaud d’Elu » (#salaudelu)
– L’enveloppe collaborateur du député, qui lui sert pour fonctionner, a une origine publique mais cela n’est pas pour autant de « l’argent public ». Ce n’est pas l’origine des fonds qui lui donne son origine publique mais l’organe qui le distribue… Sinon le traitement d’un fonctionnaire ou la pension qu’on verse à un retraité seraient considérés comme de l’argent public, même après avoir été déposés sur leur compte en banque !! Je comprends bien pourquoi ceci peut paraitre discutable pour les citoyens mais je l’affirme. Preuve en est : la Cour des comptes ne contrôle pas l’usage de ces sommes, alors qu’elle est compétente pour tout usage de deniers publics – Elysée compris. En effet, si l’Assemblée est une institution publique, le député est considéré en revanche comme un employeur privé, avec des contrats de droit privé, et il est dans la même situation qu’un indépendant qui choisit – à son avantage ou à ses dépens – de travailler avec tel ou tel. Aussi choquant que cela puisse sembler – car les Français n’aiment pas le népotisme – si le député choisit de travailler avec son fils et que celui-ci est un incapable c’est tant pis pour lui. Au moment de l’élection, il risquera la faillite…
– Il est difficile d’évaluer le rôle de l’assistant parlementaire car chaque député a des besoins différents. J’ai des collègues qui ont des assistants qui répondent essentiellement au téléphone ou aux courriers ; d’autres ont des nègres ; d’autres des attachés de presse ou des conseillers politiques. En d’autres termes, tous ne produisent pas du papier…
– Sur le caractère présumé fictif de l’emploi occupé, normalement vous y avez recours lorsqu’il s’agit d’augmenter sans le dire le revenu de quelqu’un, à moindres frais. Dans le cas de François Fillon, je vois mal pourquoi il se serait donné cette peine. A l’époque des faits, la non-consommation de l’enveloppe collaborateurs revenait de droit au deputé employeur. Dès lors si l’idée était d’augmenter son revenu, nul besoin de passer par sa femme : il suffisait de n’employer personne ! C’était tout aussi légal, et encore plus simple – il économisait au passage le cout des cotisations sociales prélevées sur la même enveloppe. En revanche, vu les horaires et la vie particulière que les députés mènent, certains salarient des membres de leur famille tout simplement pour pouvoir les voir.
Voilà pourquoi avant de foncer tête baissée dans le beau scandale sorti à point nommé avant une élection capitale pour discréditer un candidat, il convient de réfléchir posément, d’attendre les éléments de justification de François Fillon sur le travail fait par sa femme et de bien comprendre toutes les implications de l’usage du crédit collaborateur. Je le dis d’autant plus sereinement que je n’ai jamais employé un membre de ma famille et que je milite pour une modification des règles d’emploi pour exclure les membres de la famille du député, afin d’éviter ce genre de polémique sans fin (j’avais d’ailleurs déposé une proposition de loi sur les collaborateurs de collectivités territoriales). A l’ère du soupçon, un député qui emploie sa femme est forcément coupable, alors que celui qui vous donne un coup de pouce pour placer la vôtre est un mec bien.
En parlant de soupçon, une dernière question pour alimenter la réflexion commune : qui pouvait avoir accès aux archives des contrat passés à l’Assemblée nationale par François Fillon, en dehors de son cercle, de manière à fournir au Canard des informations chiffrées très précises et des dates ? Et qui y avait intérêt ?

mercredi 1 février 2017

Il gagne 300 000 € et moi 1000 !

Scandaleux, l'écart, non ? Un peu moins scandaleux que les 600 000 € de Mme Fillion la semaine dernière, trois fois moins que les 900 000 de cette semaine et encore moins encore que les sommes que le Canard nous révélera la semaine prochaine et les suivantes, mais tout de même !

Qui est ce nabab qui doit avoir entassé un sacré magot ! Eh, bien je dois l'avouer : c'est moi. En effet, au cours de mes dix dernières années d'activité, c'est ce à quoi a dû se monter mon salaire brut. Il se pourrait même que le total soit un peu moins élevé, mais j'aime à me vanter . Bien sur, je payais des charges, à hauteur d'environ 22%, ce qui ramène mes gains à 234 000 €. Soit 23 400 € à l'année ce qui amène le revenu mensuel à 1950 €. C'est beaucoup. Ce n'est pas trop. Et pas vraiment assez pour entasser des millions.

Mais pourquoi vient-il nous raconter sa triste vie, vous demandez-vous ? Parce que figurez-vous que j'ai remarqué qu'à l'occasion du « scandale » Fillon l'on voit un peu partout fleurir des comparaisons ridicules entre les 8 ans de salaires brut de la discrète Pénélope et le salaire net mensuel de tel ou tel indigné ou l'allocation mensuelle de ceci ou de cela d'autres vociférants.

Cette manière de présenter les choses est profondément malhonnête.

Une autre chose un peu curieuse est cet appel au remboursement des 500 000 ou 900 000 € (et pourquoi pas 3000 milliards d'Euros la semaine prochaine ?). Avant de le réclamer encore faudrait-il que les emplois en question aient été démontrés clairement fictifs. Ce qui n'est pas le cas et qui risque fort de ne jamais pouvoir l'être. Mais passons, le couple Fillon étant, par définition, coupable ne nous embarrassons pas de ce détail. Seulement, cette juste exigence qui monte de l'âme pure de tout un peuple, présente une faille : il s'agit de salaires bruts sur lesquels ont été acquittés une vingtaine de pour cents de charges. Mme Fillon n'a donc pas perçu l'ensemble de ces sommes et les lui réclamer c'est faire preuve d'une certaine légèreté. Il serait raisonnable de réclamer au organismes sociaux les cotisations par eux perçues.

Ce qu'il y a de bien avec un peuple peu versé dans les chiffres, c'est qu'il est facile, en comparant ce qui n'est pas comparable, de faire monter son indignation. Seulement, au profit de qui les instigateurs de ces confusions tirent-ils les marrons du feu ?