Scandaleux, l'écart, non ? Un peu
moins scandaleux que les 600 000 € de Mme Fillion la semaine
dernière, trois fois moins que les 900 000 de cette semaine et
encore moins encore que les sommes que le Canard nous révélera la
semaine prochaine et les suivantes, mais tout de même !
Qui est ce nabab qui doit avoir entassé
un sacré magot ! Eh, bien je dois l'avouer : c'est moi. En
effet, au cours de mes dix dernières années d'activité, c'est ce à
quoi a dû se monter mon salaire brut. Il se pourrait même que le
total soit un peu moins élevé, mais j'aime à me vanter . Bien sur,
je payais des charges, à hauteur d'environ 22%, ce qui ramène mes
gains à 234 000 €. Soit 23 400 € à l'année ce qui amène le
revenu mensuel à 1950 €. C'est beaucoup. Ce n'est pas trop. Et pas
vraiment assez pour entasser des millions.
Mais pourquoi vient-il nous raconter sa
triste vie, vous demandez-vous ? Parce que figurez-vous que
j'ai remarqué qu'à l'occasion du « scandale » Fillon
l'on voit un peu partout fleurir des comparaisons ridicules entre les
8 ans de salaires brut de la discrète Pénélope et le salaire net
mensuel de tel ou tel indigné ou l'allocation mensuelle de ceci ou
de cela d'autres vociférants.
Cette manière de présenter les choses
est profondément malhonnête.
Une autre chose un peu curieuse est cet
appel au remboursement des 500 000 ou 900 000 € (et pourquoi pas
3000 milliards d'Euros la semaine prochaine ?). Avant de le
réclamer encore faudrait-il que les emplois en question aient été
démontrés clairement fictifs. Ce qui n'est pas le cas et qui risque
fort de ne jamais pouvoir l'être. Mais passons, le couple Fillon
étant, par définition, coupable ne nous embarrassons pas de ce
détail. Seulement, cette juste exigence qui monte de l'âme pure de
tout un peuple, présente une faille : il s'agit de salaires
bruts sur lesquels ont été acquittés une vingtaine de pour cents
de charges. Mme Fillon n'a donc pas perçu l'ensemble de ces sommes
et les lui réclamer c'est faire preuve d'une certaine légèreté.
Il serait raisonnable de réclamer au organismes sociaux les
cotisations par eux perçues.
Ce qu'il y a de bien avec un peuple peu
versé dans les chiffres, c'est qu'il est facile, en comparant ce qui
n'est pas comparable, de faire monter son indignation. Seulement, au
profit de qui les instigateurs de ces confusions tirent-ils les
marrons du feu ?