..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 2 janvier 2017

Résolutions


A l'occasion du nouvel an, il est dans la tradition de prendre de « BONNES » résolutions. Lesquelles seraient susceptibles de conduire à une vie plus saine et par conséquent au bonheur. On se promet de cesser de fumer, de boire moins, de faire du sport, de divorcer, bref, on se planifie une autre vie.

C'est une erreur. Profonde ! Tout ça ne saurait mener qu'à un échec avec pour corollaire le constat qu'on est un (ou une) être velléitaire, incapable de se réformer, en résumé un bien triste personnage, une sous-merde que seule sa lâcheté préserve du suicide.

Si on était fait pour ne pas fumer, être tempérant, faire du sport ou quitter un conjoint désagréable, ça nous viendrait naturellement. Est-ce que, pour ne prendre qu'un exemple, Teddy Riner se dit chaque premier de l'an qu'il devrait se mettre au judo ? En fait, les peccadilles qu'on se reproche sont moins de véritables défauts que de naturelles tendances. En tentant de lutter contre elles, on ne fait que démontrer que la moindre d'entre elle n'est pas une tendance à la culpabilisation (en général doublée d'un manque chronique de volonté).

La solution n'est donc pas là. Si vous tenez vraiment à prendre des résolutions, prenez-en de « MAUVAISES ». « Cette année, je continuerai de boire, fumer, de pratiquer pour tout sport la télé-sur-canapé, de m'écraser devant ceux que je crains (conjoint, chefaillon, etc.) » pourrez-vous écrire en lettres d'or sur un parchemin joliment encadré . Chaque fois que vous passerez devant, vous vous sentirez homme ou femme de parole !

Assumez vous, que diable ! A quoi bon tenter d'être un (e) autre ? Faites avec ce que vous êtes. Surtout qu'à bien y réfléchir, il y a peu de chances que les quelques jours que tiendraient vos « BONNES » résolutions parviennent à compenser des années et encore moins des décennies de mauvaise hygiène de vie.

samedi 31 décembre 2016

Importante mise au point

Selon certains, les pièces de Shakespeare auraient été écrites par Marlowe et celles de Molière par Corneille ! Autant dire que les discours de notre (estimé) Président seraient l’œuvre de L. F. Céline !

Tout ça ne tient pas debout, ne serait-ce que parce que selon des témoins dignes de foi, M. Marlowe n'était pas plus capable d'écrire sa liste de courses chez Leclerc que d'escalader l'Everest en tongs en moins de cinq minutes par temps froid.

Quant au pauvre Corneille, médiocre écrivaillon normand, même pas foutu d'orthographier sa boisson régionale correctement*, comment aurait-il pu écrire ces Mémoires d'Outre-tombe dont la représentation à Versailles fit tant rire le Roi-Soleil qu'il se pissa dessus ?

Aussi pénible que ça puisse paraître aux esprits forts d'aujourd'hui, Marlowe n'est pas plus Shakespeare que Molière n'est Corneille (et vice-versa).

Mais alors, me demanderiez vous, qui est l'auteur des chefs-d’œuvre dont s’enorgueillissent ces deux (jadis) grandes nations ?

Des années d'âpres et, reconnaissons le, profondes études m'ont permis de percer ce secret. L'auteur de toutes ces amusettes n'est autre que Jacques-Étienne Le Squirniec, dont le lointain descendant, Robert-Tugdual, devait tant faire pour le renouveau de la philosophie occidentale et l'augmentation du chiffre d'affaire des débits de boissons et autres bobinards du Finistère.

Doué d'une imagination prodigieuse, J E LS, comme le nommaient ses familiers, vous torchait une tragédie ou une comédie débordantes de personnages cocasses et originaux en moins de temps qu'il n'en faut à un lapin pour apprendre l'Hébreu. Cette facilité déconcertante s'accompagnait hélas de certaines lacunes syntaxiques et orthographiques en français et d'une connaissance médiocre de l'idiome pratiqué Outre-Manche. C'est ainsi que s'expliquent les nombreuses fautes que l'on relève en lisant Shakespeare, Marlowe, Corneille ou Molière dans le texte. Personne n'est parfait.

Certains m'objecteront qu'on ne voit pas pourquoi J E L S n'aurait pas publié ses œuvres sous son propre nom. A cela deux raisons : il souffrait d'une modestie quasiment maladive (comme Brassens qui lui emprunta la formule) et, en pieux chrétien, il craignait que la fréquentation des gens de théâtre, dont les mœurs étaient aussi corrompues à l'époque que ne le sont aujourd'hui celles d'un président socialiste, ne l'entraînassent sur les chemins du vice et ne compromissent ses chances de félicité éternelle. Ce qu'on ne peut que saluer. D'autre part, l'écriture théâtrale n'était pour lui qu'un aimable passe-temps qui le reposait des longues heures consacrées à cette passion du bilboquet qui donnait un vrai sens à sa vie.

Cette importante mise point effectuée, chers amis de la véritable érudition, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter avec quelques heures d'avance une

Bonne et Heureuse année 2017.
* Ne déclara-t-il pas que « les pièces de Molière ne val[ai]ent pas un coup de cid » ?

vendredi 30 décembre 2016

Prénom perdu

Du temps de ma lointaine jeunesse, Jacques était un prénom très répandu. Surtout parmi les hommes et les enfants de sexe masculin. La plupart des gens importants le portaient, comme en témoignent en France Jacques Anquetil, Jacques Chirac, Jacques Chaban-Delmas, Jacques Delors, Jacques Pompidou et à l'étranger Jacques Staline, Jacques Mussolini, Jacques-Tsé-Toung ou encore Jacques Hitler.

Et puis, il a disparu. Seuls quelques vieillards cacochymes continuent, faute de choix, de le porter. Sur les centaines d'élèves que j'ai rencontrés au cours des 20 dernières années de ma carrière, j'ai pu, en tout et pour tout , en compter un seul ! Comment expliquer cette quasi-disparition ?

On pourrait arguer de la mode. C'est en effet tentant, cependant, de l'expression « Pierre, Paul, Jacques » censée représenter tout le monde du temps de leur splendeur, seul Jacques ne connaît pas le moindre regain de faveur .

Je crains que la raison véritable ne soit dans la croyance répandue qu'un prénom conditionne l'existence de qui le porte. Nombre de publications décrivent le caractère qui leur correspond. C'est en général très positif. C'est en vain qu'on y rechercherait des portraits du genre « Les Népomucène sont des personnes chez qui la fourberie n'a d'égale que la cruauté, l'avarice et la perversité. D'une lubricité qui les mène aux pires déviances, ils sont généralement ivrognes et toxicomanes. Leur fainéantise naturelle leur font préférer le vol, l'escroquerie et toute forme de crime à un honnête labeur. Obséquieux avec les puissants, orgueilleux avec les faibles, ils ne trompent vraiment personne et font l'objet d'un mépris général. Ils finissent généralement sur le gibet ou massacrés par une foule d'honnêtes citoyens révoltés par leur conduite. Ce n'est que justice. ». Même les Jacques y ont de bons côtés. D'autre part, comme le montre la liste ci-dessus dressée, nombre de personnages éminemment respectables ont porté ce prénom. Seulement, il y a un hic...

« Ne fais pas le Jacques ! » entendait-on souvent. Cette expression signifiait au mieux « Jouer les plaisantins » et au pire « Se comporter en niais ». En langage moderne, l'expression ambivalente la plus proche serait : « Ne fais pas le con ! ». Or les Jacques ne font pas le Jacques, ils le sont ! C'est rédhibitoire. En effet, le temps est loin où un peu de fantaisie voire de niaiserie était socialement acceptable. A notre époque, on ne fait plus le Jacques, on tend à faire, avec plus ou moins de succès, l'intelligent, le sage, le raisonnable. Il n'y a donc plus de place pour les Jacques.

Peut-on espérer les voir refleurir ? Mon optimisme tend à me le faire espérer. Après tout, n'a-t-on pas vu Jules revenir à la mode après des décennies de total ostracisme ? Je me souviens d'un ami de mon père qui se faisait appeler Paul tant il croyait que se nommer Jules aurait fait de lui l'objet d'incessantes moqueries. Seulement pour que la renaissance espérée des Jacques se produise, il faudrait que notre société change. Et grandement...

jeudi 29 décembre 2016

Les platanes sont de sales cons

La mort de tant de célébrités d'un âge souvent canonique a suscité chez beaucoup un sentiment de surprise attristée. Cerné par les oraisons funèbres, j'ai à mon tour été la proie d'un souvenir morbide.

Le bon empereur Napoléon (mort comme chacun sait à Sainte-Hélène peu avant que son fils Léon ne lui crevât le bidon et qu'on ne le retrouvât assis sur une baleine en train de manger des arêtes de poisson), afin d'éviter que ses soldats ne s'épuisassent sous la chaleur des canicules, décida en sa grande sagesse que l'on plantât au long des grandes routes des platanes dont l'ombre éviterait le syndromes de la SDF (Surchauffe Du Fantassin). Mesure prudente dont on ne saurait que le louer.

Il n'empêche qu'un platane, c'est con. Même quand ça reste à ne rien faire au bord des routes. Ça devient beaucoup plus con quand ça croise le chemin d'une automobile ayant quitté la route. D'autant plus con que dans cette automobile se trouvent des jeunes gens qui ont bien d'autres choses à faire que de perdre leur vie. Le summum de la connerie platanière est atteint quand parmi les victimes se trouve un être cher.

Et pourtant... Il y a plus de trente ans, un platane, qui peut-être vit encore, a eu raison, sur la route de Bédarieux, d'un gamin que j'aimais bien . 18 ans, beau comme un astre, il était le frère de ma femme. Tout juste bachelier. Une vie de succès devant lui, car il avait tout. Sauf une résistance suffisante au choc contre un con de platane.

Il avait de l'humour, était intelligent, et curieusement doué pour le sport. Bien que son entraînement consistât à manger des bananes vautré devant la télé, il avait des barres de chocolat sur le ventre et, en dépit que le sport lui eût été interdit suite à je-ne-sais-quel souffle au cœur, il était parvenu, en cachette, à se glisser jusqu'au niveau national en plusieurs disciplines.

Nous nous entendions bien. Il aurait la cinquantaine aujourd'hui. Encore un peu jeune pour faire un mort. Notre amitié aurait-elle résisté au divorce ? Les hasards de la vie nous auraient-ils séparés avant ? Aurions-nous de conserve repeint nos cuisines respectives comme la tradition l'exige des beaux-frères ? Questions vaines. 

Car dans la vie il y a des platanes. Quand j'y pense, je les trouve bien cons.

mercredi 28 décembre 2016

Dix petits quoi ?

Hier soir je regardai Dix petits nègres mini-série tirée du célébrissime roman de Mme Agatha Christie. Bonne mise en scène, bons acteurs, bon rythme, belles images, du beau travail, comme savent faire nos voisins d'Outre-Manche. Seulement, quelque chose clochait. Les dix figurines disparaissant une à une à mesure que mouraient ceux qu'elles étaient censés représenter ne représentaient pas des nègres et dans la comptine qui accompagnait l'histoire on parlait de « petits soldats ». Curieux, non ?

Le spectacle terminé, perplexe, je me rendis sur Internet pour voir comment pouvait s'expliquer la métamorphoses de Niggers  en  Soldiers  ( Notons au passage que Nigger est défini soit comme une manière familière de désigner un nègre, soit comme un « terme raciste désignant un Noir », par l'Harrap's Unabridged Edition.).

Ce fut instructif. Le chef-d’œuvre de Mme Christie ou du moins son titre comme la comptine qui l'inspira connurent des métamorphoses : jugé raciste, il se transforma un temps en Dix petits Indiens avant de devenir And Then There Were None (Et alors il n'en resta aucun), dernier vers de la chanson éponyme. Ce dernier titre reprit celui utilisé aux États-Unis ( où le terme Nigger était déjà considéré comme injurieux) dès la parution du livre. Il fallut bien changer quelque peu le texte et y remplacer Nigger boys par ce Soldier boys qui provoqua ma perplexité.

En France on garda le titre d'origine. Probablement pour des raisons commerciales. Car notre moderne repentance n'a rien à envier à celle de nos amis britanniques ou Étasuniens. Toutefois ces derniers ont pris l'habitude de remplacer ce mot par d'autres comme en témoigne la comptine :

Eeny, meena, mina, mo,
Catch a tiger by the toe;
If he hollers let him go,
Eena, meena, mina, mo.

(Eeny, meena, mina, mo,
Attrape un tigre par l'orteil;
S'il braille, laisse-le partir,
Eeny, meena, mina, mo, )

Texte intéressant certes, mais où le tigre est venu remplacer le Nègre de l'ancienne version :

Eeny, meena, mina, mo,
Catch a nigger by the toe;
If he hollers let him go,
Eena, meena, mina, mo.

S'il est raciste d'attraper un nègre par l'orteil, est-il bien raisonnable d'encourager un enfant à saisir un tigre de cette manière ?  Dieu merci, il existe d'autres variantes où c'est un poulet, une araignée, un prof ou ce qu'on voudra qu'on saisit par l'orteil.

Nous connaissons les gravissimes problèmes que soulève Tintin au Congo mais, en y regardant bien, nombre de passages ou de personnages seraient à revisiter jusque dans les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale ou dans certains textes sacrés. Par exemple, ne serait-il pas souhaitable de faire du Juif Fagin d'Oliver Twist un Français, tout lecteur du Sun sachant que nos compatriotes sont par nature mauvais ? De même, ne devrait-on pas dans le Coran remplacer les termes Chrétiens et Juifs par canaillous, sauvageons ou taquins ?

1984 prévoyait la réécriture de l'histoire. Voici venu le temps de réécrire les chansons, la littérature et les textes religieux.