Tous les gens intelligents, ayant suivi
une excellente formation (ou un excellent formatage, pour prendre un synonyme), vous diront que sans arguments venant
la soutenir toute opinion est nulle et non avenue. Une telle position
permet d'interminables développements propres à faire de vous un
être brillant, admiré des gogos et des gens du métier. Seulement,
les logorrhées que cette position implique ne vont pas sans de menus
inconvénients.
La multiplication des arguments
entraîne fatalement celle des contre-arguments, tout aussi étayés
et convaincants pour qui est sensible à l'une ou l'autre des
positions défendues. Accessoirement, l'étai argumentatif a pour
conséquence de nier les évidences en ce qu'elles n'apparaissent
plus qu'étant sujet à caution.
Prenons des exemple simples : la
femme est différente de l'homme ; le bouillant Achille court
plus vite qu'une tortue. Tout intellectuel digne (ou pas) de ce nom
vous démontrera que chaque homme a une dimension féminine comme
toute femme possède certains caractères masculins et que, partant
les choses ne sont pas si clairement tranchées que des esprits
simplistes voudraient nous faire accroire. De même, selon un célèbre
paradoxe, Achille ne rattrapera jamais la tortue. Ainsi, par
raisonnement, s'évanouissent les évidences pour laisser place à
des zones d'indétermination, de doute qui mènent en tout domaine à
des positions tiers-chèvre, tiers-chou et tiers-loup propices à
l'immobilisme, la stagnation et à la décadence d'une civilisation.
A ceux qui ne voient pas de différence
marquée entre femme et homme je conseillerais de remplacer leur(s)
partenaire(s) habituel(s) par quelqu'un d'un sexe différent ; à
ceux qui pensent qu'Achille ne rattrapera jamais la tortue de se
mettre à courir devant un TGV lancé à pleine vitesse. Si les
premiers n'ont noté aucune différence et si les seconds sont
toujours en état de commenter leur expérience, je m'inclinerai
devant leur sagesse. Dans le cas contraire, je les rappellerai à
plus de clairvoyance.