Vous vous souvenez tous, du moins ceux
qui étaient à l'école du temps où on y apprenait des choses
passionnantes, de la triste affaire du vase de Soissons. A ceux qui
en ignoreraient la substance, j'en ferai le rappel. M. Clovis, chef
des Francs Saliens de son état, venait, vers 486 de notre ère, de
ravager un peu la Champagne au cours d'un conflit qui l'opposait à
M. Syagrius, un Romain. Comme l'imposait la coutume du temps, il
procéda au pillage des lieux de culte lesquels recelaient de
précieux objets liturgiques. L'évêque de Reims, un certain Rémi
que ses mérites propulsèrent une fois décédé au rang enviable de
saint, se trouva marri qu'un magnifique vase en argent ait fait
partie des objets ravis dans une église de son diocèse. Il fit part
à M. Clovis de l'amertume qu'il ressentait suite à ce larcin. Bon
zigue, le Franc promit au prélat qu'au cas où, au cours du partage
du butin, ledit vase lui écherrait, il se ferait un devoir de le lui
restituer.
Pour aider un peu le hasard, lors du
dit partage, Le Grand Salien, indiqua qu'il aimerait qu'à sa part se
voit ajouter une babiole, une sorte de vase soit disant d'argent
qu'on disait, à tort, magnifique et dont les poinçons lui
paraissaient douteux. Bien entendu, l'ensemble des guerriers
s'empressa de lui accorder le vase car ils admiraient sa valeur
insigne et n'ignoraient pas qu'il avait le coup de francisque facile
en cas de contrariété. L'ensemble, sauf un petit guerrier de nature
irascible et haineuse, tout agité de tics, qui eut l'impudence de
lui rétorquer : « Et quoi encore ? T'auras que ce
que le sort t'attribuera ! Regarde c'que j'en fais de ton putain
de vase de merde ! ». Ce disant, il frappa le vase de
sa hache avec les conséquences qu'on peut deviner sur l'esthétique
de ce dernier.
Clovis en conçut un vif chagrin mais,
maître de ses nerfs comme il sied à un véritable homme d'État, ne
fit mine de rien. Il se contenta d'attendre son heure. Un jour qu'il
passait ses troupes en revue, il reconnut l'impudent. Il jeta les
armes du voyou à terre sous le prétextes que celles-ci rutilaient
moins qu'on eût pu l'espérer. Tandis que le cabosseur de vase se
baissait pour les ramasser, il lui donna un coup de francisque sur
le crâne, causant chez le félon une hémorragie de cervelle
hautement préjudiciable à sa santé. Les troupes éclatèrent d'un
rire Franc quand Clovis commenta son action d'un « Souviens
toi du vase de Soissons ! » (la finesse de l'humour
Salien tend parfois à échapper à nos contemporains mais en ces
temps héroïques la plaisanterie était hilarante).
Quel rapport avec M. Sarkozy, vous
demanderez-vous ? Eh bien figurez-vous qu'alors qu'il fouillait
les poubelles de Soissons à la recherche de documents essentiels, M.
Edwel Pleny, investigateur de choc, vit son attention attirée par un
carnet d'aspect ancien. Il s'en saisit et, le feuilletant, il
s'aperçut que ce dernier était rédigé en francique, idiome qu'il
pratique avec autant d'aisance que le portnawak, sa langue
maternelle. Visiblement, il s'agissait du journal intime d'un
compagnon d'armes de Clovis. Comment expliquer la présence d'une
telle relique au sein des détritus ? Mystère, au sujet duquel
notre héros ne perdit pas son temps à s'interroger. Voici ce qu'il
put lire : « grumish nagtared liipotric maarsitor
Sarkozic helmitfas ». Ainsi, le destructeur du vase était
un certain Sarkozic ! Point n'était besoin de vérifier
l'authenticité du document ni la filiation reliant l'ex-président
au dit guerrier franc : discute-t-on des évidences ?
On sait que tout Français de souche
est coupable des crimes d'esclavagisme et de colonialisme que ses
ancêtres aient ou non été partie prenante à ces forfaits. Alors
quand on peut prouver de manière indubitable qu'un Sarkozy s'était
montré coupable d'une telle malveillance, point n'est besoin de
procès pour que l'éventuel futur candidat soit à jamais
disqualifié. Edwel publia ce scoop dans son pure player, l'affaire
fut reprise par L'Immonde et France Infect et conforta les convaincus
dans leur opinion.