Ne nous méprenons pas. Loin de moi
l'idée de joindre ici ma voix au chœur des vierges effarouchées
déplorant je ne sais quel sentiment d'envahissement du territoire
national par une nuée d'éléments allogènes. Tel n'est pas mon
propos.
Cette nuit, tandis que je dormais du
sommeil du juste, ce dernier fut inopinément interrompu par un bruit
qu'il ne me prit guère de temps à identifier comme étant de ceux
qu'émettent les chats par les chaudes nuits d'été. Contrarié, je
lançai moi-même un de ces cris qu'arrachent au citoyen le plus
débonnaire les inadmissibles attaques à son droit imprescriptible à
la tranquillité nocturne. Les miaulements s'interrompirent. Je
pensai donc pouvoir retourner me blottir sans problèmes dans les
bras de Morphée quand un bruit bizarre me parvint de la cuisine. Mon
sang ne fit qu'un tour. Je me levai d'un bond, allumai les lumières,
et ouvrit la porte y menant.
Un spectacle de désolation m'y
attendait. Le sac poubelle qui je comptais porter au container le
matin même gisait éventré sur le sol, son contenu s'y trouvant
répandu. Un coup d’œil à ma montre m'indiqua l'heure du
forfait : quatre heures moins vingt ! Est-ce le moment
idéal pour s'armer d'un balai afin de regrouper des détritus avant
de les remettre dans l'enveloppe qu'elles n'auraient jamais dû
quitter ? Certes non, mais avais-je le choix ? Du coup,
bien réveillé j'eus ensuite un mal de chien à me rendormir (si
tant est que les chiens aient des problèmes d'insomnie, chose dont
je doute fort).
Comment expliquer cette inadmissible
incursion dans mon domaine privé ? Eh bien voilà. Afin de
conserver une fraîcheur salutaire dans mon logis corrézien, je dors
toutes fenêtres et porte du jardin ouvertes. C'est par ladite porte
qu'en dépit du plus élémentaire respect de la propriété privée
durent s'introduire des chats afin de se repaître de mes ordures,
leur rivalité entraînant le dis-harmonieux concert félin ayant
interrompu mes rêves.
Est-ce admissible ? Alors que je
ne crains pas d'exposer ma vie aux éventuelles attaques égorgeuses
de féroces soldats supposés mugir dans nos campagnes, me verrai-je
contraint à me claquemurer dans mon humble demeure par la faute
d'ignobles chats miauleurs qui viennent jusque dans ma cuisine
éventrer mes sacs-poubelles ? Je crains bien que oui.
Que fait le gouvernement ?