Imaginons que suite à nombre de
siècles d'expansion, les Inuits aient converti à leur culte
chamanique plus d'un milliard et demi d'humains. Supposons que cette
religion soit, pour une foultitude de raisons, parcourue de
sanglants conflits et de courants fondamentalistes visant à
convertir le monde à sa foi et à imposer au sein des territoires
déjà convertis une stricte observance des ses préceptes. Admettons
que suite à une politique colonialiste les Européens aient,
quelques décennies durant, occupé des territoires chamaniques et
qu'ensuite, afin d'assurer leur croissance économique et de palier
la médiocrité de leur démographie, certains pays aient facilité
l'installation de millions de chamanistes sur leur territoire.
Concevons qu'à cause de certaines difficultés d'intégration, dues
à de multiples causes, une partie des chamanistes se tournent vers
la version fondamentaliste de leur religion, se mettent à porter
ostensiblement l'anorak, à exiger que les cantines servent du phoque
à leurs enfants et généralement visent à ce que la société qui
les héberge applique leurs lois. Cela irait-il sans poser problème
au sein de la population autochtone (même si une partie importante
de celle-ci a pour origine des allogènes assimilés) ?
Mais nous étions là dans le domaine
de la pure spéculation. Les Esquimaux (ou Inuits) n'ont pas répandu
leur culte sur une partie importante du globe et, hormis au Danemark,
leur présence est quasi-inexistante en Europe. Il n'y a donc pas
plus de problème Inuito-chamanique en notre beau pays que de
cohérence chez M. Hollande.
Tout cela pour dire que le nombre,
qu'on le veuille ou non, surtout quand il concerne une « communauté »
traversée de courants fondamentalistes violents, entraîne
fatalement des problèmes. S'il n'y a qu'un fondamentaliste sur cent
mais que le culte dont il se réclame compte des millions d'adeptes,
ça fait quand même des dizaines de milliers d'extrémistes (dont
l'influence n'est pas négligeable sur le reste de leurs
coreligionnaires). Si parmi ces dernier un sur cent est prêt à
prendre les armes pour faire triompher sa vision de la société, ça
fait quand-même des centaines de tueurs en puissance voire en
attente d'action. Il se peut même que certains éléments
autochtones, faute d'une conscience nette de leur identité,
se trouvent amenés à embrasser un culte dont les pratiques sont en
contradiction avec celle d'une société où ils ne trouvent pas leur
place, ne serait-ce qu'au niveau spirituel. Ces conversions sont
elles aussi liées à la présence en nombre d'éléments allogènes.
Qui, malgré les mérites qu'elle ne saurait manquer de présenter,
songe à se convertir au chamanisme inuit ?
Si dans bien des pays d'Europe, les
minorités religieuses se sont vues au fil des siècles soit
expulsées, soit contraintes à la conversion, soit marginalisées,
c'est que l'expérience avait montré que leur existence menait
d'autant plus à des troubles de l'ordre public que leur nombre était
important.
Seulement, s'est développée
Outre-Atlantique, à partir de rien, une puissance basée sur
l'immigration et, suite à l'échec du « melting pot »,
communautariste. Bien que ses réussites (en dehors de la suprématie
économique et, partant, « civilisationnelle ») soient
pour le moins contestables, son « modèle » ainsi que son
culte de la repentance ont été adoptés par nos vieux pays où
l'on a jeté par-dessus les moulins le traditionnel assimilationisme
pour le remplacer par le communautarisme et une "intégration" sans
grande signification.
Si l'on suit ce constat, que faire ?
A mon humble avis, seule une véritable politique assimilationniste
serait en mesure de résoudre le problème à condition, bien
entendu, que l'on ait une idée claire de ce en quoi consiste notre
identité. Seulement, pour réparer les erreurs de plusieurs
décennies, il faudra au moins autant de temps . En attendant plus de
fermeté, moins de considération « humaniste » pour
l'ennemi de l'intérieur pourront peut-être limiter les inévitables
dégâts.
Si par fol orgueil nous continuons à
cacher notre indécision sous le masque de nos « valeurs
républicaines » et ce faisant à conforter nos ennemis dans
l'idée que nous sommes décadents et qu'il suffira d'une pichenette
pour que notre merveilleuse civilisation s'écroule, je crains
qu'avant que n'éclatent de vrais et graves conflits les marchands de
bougies, de peluches de fleurs et de mouchoirs n'aient de beaux jours
devant eux.