On quitte la Corrèze content de soi
après avoir peint volets et porte, taillé les haies, offert à
l'évier le mitigeur qu'il méritait et après 8 h de route voilà
ce qu'on découvre :
Un jardin et un potager retournés à
la sauvagerie !
Et on se prend à penser qu'on est en
train de déshabiller Pierre pour habiller Paul puisque les
améliorations obtenues d'un côté se payent par la détérioration
de l'autre. Pourtant ce n'est pas si simple. D'une part, jardin et
potager retrouveront bien vite leur aspect de naguère et puis ce qui
est en jeu est bien plus important que les conséquences que ça
entraîne. Pour moi, retaper la maison du Lonzac est un défi et les
défis sont, ont été et seront aussi longtemps que la vie me le
permettra mon moteur et son carburant. A soixante-cinq ans se lancer
dans un pareil chantier peut paraître déraisonnable à certains.
Seulement c'est aussi et surtout un pied de nez adressé à
l'inéluctable vieillissement. C'est un acte de foi en soi et en la
vie. C'est refuser d'anticiper une éventuelle déchéance en se
ménageant. Je n'ai jamais été prudent, pourquoi le deviendrais-je
maintenant ?
Il n'empêche que cette saison, les
récoltes potagères sont bien compromises : j'ai très peu semé
ou planté. Qu'importe ? Ce qui est en cause est l'organisation
de mon temps : en fait, partir pour un mois ou plus est une
erreur : mes séjours dans l'un et l'autre de mes lieux de
résidence devraient être plus courts de manière à éviter les
désagréables surprises des retours en périodes de croissance
végétale, c'est tout. Ce qui implique de nombreux voyages. Or
il se trouve que dans sa grande générosité le Royaume Uni vient de
m'attribuer une retraite bien supérieure à celle que j'escomptais.
Je pourrai donc sans mettre en péril mon fragile équilibre
financier voyager davantage ou éventuellement rétribuer une
entreprise effectuant l'entretien de l'un ou l'autre lieu.
Elle est
pas belle, la vie ?