On a beau être un vieux fou que
(presque) rien n'arrête, on n'en a pas moins ses limites. Ainsi, moi
qui vous parle suis-je sujet au vertige et même si je parviens à
surmonter ma peur, monter sur une échelle n'est pas mon passe-temps
favori et me promener sur un toit l'est encore moins. Je déplore
d'autant plus cette phobie que mon toit de Corrèze s'est avec le
temps couvert de mousse et que les gouttières s'en sont trouvées
bouchées avec pour conséquence des chutes d'eau le long des murs.
Il fallait y remédier. Le gougnafier qui devait refaire le plancher
s'était également porté volontaire pour pallier ce défaut mais
notre brouille laissa le problème irrésolu.
En novembre dernier, je contactai deux
couvreurs afin qu'ils m'établissent des devis. Le premier me dit
venir le lendemain même et je n'en entendis plus jamais parler. Le
second, moins disponible, passa quelques jours après puis m'envoya
ses employés afin qu'ils prissent les mesures de mon toit. Quand je
lui avais demandé une estimation à la louche du coût des travaux,
le brave artisan s'en était déclaré incapable. Je recevrai le
devis et me déciderai à sa lecture. Je le reçus et me décidai. Le
démoussage était estimé à un peu plus de 1600 € mais
débouchage, réparation des gouttières et éventuel remplacement de
tuiles abîmées m'étaient offerts. Je me trouvai profondément ému
par tant de générosité. D'autant plus que sa proposition était
quatre fois supérieure à celle du gougnafier. Je ne donnai donc pas
suite.
Je m'étais presque résigné à faire
le travail moi-même lorsque, avant-hier, par curiosité, j'allai
voir si durant ma longue absence quelque courrier ne serait pas
arrivé dans ma boîte aux lettres. Hypothèse fort improbable. Je ne
fus pas déçu. Seuls s'y trouvaient l'agenda officiel de la commune
et deux prospectus. L'un d'eux attira mon attention en ce qu'il
vantait les mérites et spécialités d'un couvreur parmi lesquels
figurait en bonne place le démoussage. Noms et prénoms semblaient
plus britanniques que limousins. J'appelai et une jeune femme, que
l'on peut présumer charmante, me répondit en anglais. Je la priai
de me mettre en relation avec Mr Banks mais celui-ci n'étant pas
rentré de sa longue journée de labeur, elle me pria de lui laisser
mes coordonnées afin qu'il me rappelât dès son prochain retour. Ce
qu'il fit et, mon adresse prise, m'annonça arriver dans quelques
minutes. Je rencontrai donc ce brave jeune homme, lui exposai mes
besoins, lui indiquai la surface du toit et lui demandai une
estimation approximative de sa prestation. Il l'estima peu ou prou à
300 €, réparation des gouttières comprise, tout en m'indiquant
que le prix exact serait fonction du prix du produit de traitement.
Nous parlâmes de choses et d'autres et nous quittâmes sur sa
promesse d'effectuer le travail sous huitaine si les conditions
atmosphériques le permettaient.
Que les mêmes services puissent voir
leur prix passer du simple au quintuple me laisse perplexe. Je
conçois qu'un entrepreneur débutant comme ce jeune anglais ait à
se créer une clientèle et qu'un artisan établi ait de nombreux
frais (charges, piscine couverte, maîtresses, etc) mais tout de
même... Il se peut également que ce genre de travaux ne présentant
que peu ou pas d'intérêt pour une entreprise ne manquant pas
d'ouvrage, elles établissent, par politesse, des devis un rien
dissuasifs...
Quoi qu'il en soit, d'ici mardi ou
mercredi, je devrais recevoir la visite de Mr Banks, dûment muni
d'un devis et constater, à l'usage, si c'est un homme non seulement
de parole mais d'actes.
es.