La gauche est aux abois. J'en veux pour
preuve la manière musclée dont elle a fait disperser par la police
une manifestation pacifique et interpeller un général de corps d'armée de 75 ans
dont le comportement au moment de son arrestation n'avait rien de
commun avec celui des hooligans des soi-disant ZAD. Car si un
rassemblement d'un petit millier de braves gens se mobilisant de
manière festive (défilé-carnaval, bris de vitrines, jet de projectiles sur les
forces de l'ordre) est tout à fait tolérable, une centaine de
protestataires pacifiques contre la présence de migrants à Calais
mettent en danger la paix civile. Si vous en doutez, les chiffres
parlent d'eux-mêmes : 20 interpellations à Calais, 5 à
Rennes.
Un autre signe en est que nos chers
journaleux d'État ou du privé, ayant de plus en plus de mal à
dissimuler que leur doxa est remise en question et pas seulement par
des abrutis dégénérés au discours inarticulé, prennent une
posture victimaire : la « pensée unique », ce n'est
pas eux, ce sont ces intellectuels dévoyés qui éructent leur
parole nauséabonde devant des micros qu'une coupable indulgence laisse leur tendre. Leur superbe méprisante passée se mue en héroïsme résistant. Ils
mènent désormais un combat inégal contre la horde montante des
putrides. Ils continuent d'utiliser la même rhétorique qui leur a
valu de multiples défaites mais laissent ouvertement poindre leur
crainte d'être vaincus et de voir le FN prendre le pouvoir avec les
conséquence apocalyptiques que tout esprit sain ne peut manquer
d'imaginer.
Tant bien que mal, la digue idéologique
tient. Car des décennies d'efforts conjugués du système politico-médiatique
ont su inspirer une sainte trouille d'un « fascisme »
entièrement fantasmé au point que bien des gens dont l'esprit
s'est, comme on dit, « lepenisé » continuent de porter
leurs suffrages sur des candidats qui prônent des politiques
contraires à leurs aspirations. Seulement, une telle attitude qui
frise la schizophrénie peut-elle réellement perdurer ?
Combien de temps pourra-t-on nier certains problèmes qui mettent de
manière évidente en cause la cohésion de notre nation ?
Pourra-t-on longtemps continuer de criminaliser certaines opinions ?
En faisant passer le général Piquemal qui
n'a fait que braver les diktats d'un état d'urgence à géométrie
variable en comparution immédiate, ne risque-t-on pas de favoriser
la prise de conscience qu'il existe deux poids et deux mesures ?
Ne risque-t-on pas ainsi de faire sourdre dans certaines esprits l'inouïe conscience que
les sectaires, les intolérants, les autoritaires, les haineux ne
sont pas ceux que l'on croit ?