Comme moi vous vous foutez de la soi-disant dette grecque, du
pullulement des vipères sur les plages tunisiennes (dont on transforme les mordus
en victimes d’attentats afin de rassurer les touristes), des conflits entre
employés et patrons en Isère et de toutes les billevesées qu’on tente de nous
faire passer pour de l’information. Vous avez bien raison. Il faut savoir
éviter de se disperser et se concentrer sur ce qui compte vraiment.
Ainsi, suis-je confronté à un véritable problème : la
tondeuse que j’ai commandée voici quelques jours chez le premier site de
e-commerce de France, malgré la promesse solennelle que m’avait faite M.
Cdiscount, ne m’est-elle pas parvenue alors que la date limite de sa livraison
échoit aujourd’hui. C’est d’autant plus inquiétant que voici deux jours déjà m’avait,
par e-mail, été annoncée sa remise au transporteur, la prochaine étape devant
être son acheminement. Or, depuis rien. Pas plus d’acheminement que d’intérêt
dans une déclaration de M. Hollande !
Que fait le transporteur ? Séduit par la beauté et l’efficience de la
machine, aurait-il, ivre de concupiscence, décidé de se l’approprier au mépris
des droits les plus élémentaires de l’honnête consommateur ? Victime lui-même d’une irréparable panne de
tondeuse aurait-il décidé d’emprunter la mienne jusqu’à ce que lui en parvienne
une autre qu’il m’expédierait ? La
canicule régnant actuellement sur l’Aquitaine aurait-elle envoyé ad patres l’ensemble
du personnel de l’entreprise de transport ?
Il existe une autre explication plausible à ce malheureux
contretemps : il se pourrait que, scrupuleux et devinant mon peu de goût
pour la procrastination, le transporteur se soit dit qu’en temps de canicule, m’envoyer
une tondeuse que je ne manquerais pas d’utiliser sans délai pourrait, vu mon
âge avancé, s’avérer fatal et donc qu’il attende que les températures
descendent afin de ne pas risquer d’avoir mon trépas sur la conscience. Ce serait
la marque d’un esprit prudent et empathique. Mais si tel est le cas, n’aurait-il
pas pu me faire part de ses scrupules ? Ne réalise-t-il pas que l’angoisse
que crée en moi ce retard peut être aussi préjudiciable à ma santé que le
seraient des efforts fournis sous le cagnard ?
Je me perds en conjectures…
Dernière minute :
Alors que je m’apprêtais à publier, j’aperçois sur la page du suivi commande
que mon colis serait à ma disposition au point de retrait. Je prie les âmes
sensibles que ma détresse aurait pu alarmer de bien vouloir m’excuser d’avoir
inutilement causé leur émoi. La vie reprend des couleurs, je renoue avec l’espoir :
je n’ai été que la victime d’une plaisanterie bien excusable d’un transporteur
facétieux ! Alléluia et tout ça !