Il est amusant de voir les media donner une si grande
importance aux minimes incidents qui ont, hier, émaillé la manifestation du FN.
Je crains que nos chers journalistes, tout en pensant faire œuvre utile, ne se
soient mis le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Leur but, noble,
citoyen, démocratique et pour tout dire républicain paraissait être de
créer, chez les éventuels égarés que leur aveuglement aurait, un instant de
démence, amenés à céder aux tentations des sirènes frontistes, un choc
salutaire. Comparable à celui que vous ressentiriez si, après avoir pris votre vessie pour une
lanterne, de cruelles brulures vous ramenaient à une plus juste appréciation des
choses.
Revenons aux faits. Les Femen, mouvement composé de
« féministes » désireuses de sauver la démocratie en transformant
leurs plus ou moins généreuses loloches
en panneaux d’affichage, tentent dans un premier temps d’agresser Mme
marine Le Pen alors que celle-ci s’apprête à déposer une gerbe au pied de la
statue de Jeanne d’Arc. Elles sont honteusement neutralisées par le service
d’ordre. Mais le scandale ne s’arrête pas là ! Quelque temps plus tard,
alors que la présidente du FN prend la parole, qui voit-on apparaître au balcon
d’un hôtel voisin ? Trois charmantes jeunes femmes, tout dépoitraillées et
dûment enslogantées, qui déroulent des banderoles tendant à assimiler
l’oratrice à un Adolf de mémoire contestée et font le salut nazi (ce qui
attirerait de graves ennuis à bien d’autres personnes) ! Le SO du FN ne tarde pas à intervenir et,
plutôt que de courtoisement prier les jeunes écervelées de mettre fin à leurs
excusables facéties, vous les empoignent et leur font quitter les lieux sans
tous les ménagements que méritent d’honnêtes et braves citoyennes. Cerise sur
le gâteau, M. Bruno Gollnish, agacé par
l’insistance que met un perchman à épier ses propos, s’énerve un peu et attaque
son persécuteur à coups de parapluie.
J’espère que les âmes sensibles ont pu, malgré la violence inouïe des scènes évoquées, me
suivre jusqu’ici. Car, plus que les faits, ce qui compte sont les leçons qu’on se
doit d’en tirer. En l’occurrence, celles-ci sont claires : le fascisme, ou
plus exactement sa variante hitlérienne et génocidaire, est à nos portes.
Ressaisis-toi, Peuple de France ! Vole au secours de tes défenseuses
blondement emperruquées ! Reprends le rude chemin de la vertu !
Entends le doux appel des nibards tagués de la démocratie ! Redeviens
toi-même ! Rends-toi sourd au chant des sirènes, n’écoute plus les
démoniaques joueurs de flutiaux ! Etc.
Seulement, en transformant en fait majeurs d’aussi
anecdotiques escarmouches, nos hérauts de la bien-pensance ne se tireraient-ils
pas une balle dans le pied ? Ne
risqueraient-il pas d’exacerber plus que d’apaiser certaines
colères ? Le Campdubien® et ses héroïnes
verront-ils leur vertu reconnue ou bien n’auront-ils fait que conforter une
tendance à noter leur collusion objective avec tout ce qu’une partie de plus en
plus importante de la population française rejette ?