Ma réfection des
joints du garage m’a fourni une nouvelle preuve de la nocivité de cette immonde
plante grimpante dont un pied, ayant plongé ses racines dans un joint en terre
du mur, avait entrepris son inexorable travail de sape. Il m’a fallu desceller
quelques pierres pour en extirper le plus gros des tiges et racines. Je compte
dès que possible achever la besogne salvatrice au lance-flammes (ou desherbeur
thermique). Rira bien qui rira le dernier !
A première vue, le lierre est sympathique : il garde sa
verdeur en hiver, apportant une touche de couleur en ces temps désolé. Mourant
où il s’attache, on le présente comme un exemple de fidélité. Certains esprits
superficiels trouveraient même qu’il apporte de la beauté aux murs, les parant
d’un manteau vernissé du plus bel effet. Ceux-là sont des proies faciles pour
le démon dont les pires suppôts apparaissent sous des traits charmants…
Car comme bien des co-pilotes, bien des infanticides, bien des escrocs, bien
des tueurs en série, le lierre cache ses noirs desseins sous des dehors
débonnaires. La grande différence avec ces autres monstres, c’est qu’il ne dit
pas, que je sache, bonjour à tout le monde*. Il n’empêche que cet assassin est
sans pitié. A la différence de l’enfant capricieux, du zappeur compulsif, du
vieillard qui tente de prendre subrepticement votre place dans la queue au
supermarché et de l’électeur réclamant le départ de M. Hollande, il
possède une qualité qui se fait rare : la patience.
Car pour arriver à ses fins, qui ne sont autres que la mort
de celui qui l’accueille et le soutient, il prend tout son temps. Avant de le
détruire, il parera de son vert permanent le vieux mur, ajoutant à sa beauté.
Mais ce faisant, il insinuera ses tiges dans les anfractuosités de la paroi,
elles y grossiront doucement puis,
exerçant une pression irrésistible sur les pierres y pratiqueront des fissures
puis des brèches et finiront par la faire s’écrouler. Le temps pour lui ne
compte pas : il peut vivre des siècles, certains disent même qu’il
pourrait atteindre le millénaire… J’en ai connu un, dans mon jardin de
Montbazon où se trouvait une tour du château médiéval dont le tronc atteignait
les 15 cm et qui était parvenu à pratiquer dans la paroi multi-centenaire de
cet élément de défense de larges fissures annonciatrices de sa ruine finale.
Mais sur un arbre, me direz-vous, quels dégâts peut-il
causer ? Le mêmes ! Dans un
article, un jardinier moderne, bien écolo comme il se doit, le prétendait
inoffensif, voire utile, sur un arbre sain et vigoureux tout en concédant qu’il
pouvait se montrer fatal à un sujet affaibli. Quelle légèreté ! Comment
oublier qu’un jour viendra où le robuste frêne perdra sa belle santé et où le
lierre viendra précipiter sa fin ?
Pour le lierre comme pour la piéride une seule solution :
l’EX-TER-MI-NA-TION !
*Clin d’œil à une certaine lectrice qui se reconnaîtra.