« Inclination envers une personne, le plus souvent à
caractère passionnel, fondée sur l’instinct sexuel, entraînant des comportement
variés. ». Voilà comment M. Robert, Le Petit, dont c’est le métier,
définit l’amour. Des comportements variés… Ça laisse rêveur…
Eh oui, l’amour peut entraîner des comportements divers. On
peut, par amour, se faire teindre en blonde, sortir les poubelles, vider le
lave-vaisselle, sombrer dans l’alcoolisme, arrêter de fumer, faire semblant d’aimer
Proust, les sardines grillées ou Mireille Mathieu, vivre l’enfer sur terre,
dépenser des fortunes, se voir pousser des ailes, passer gaiement dix ans au
bagne, devenir aveugle, résider sur un petit nuage ou casser son plan d’épargne
logement pour ne citer que quelques exemples courants.
L'amour peut aussi pousser à des accès
de violence contre l’être aimé, provoquant ce qu’on appelait un « crime
passionnel » et qui jusque naguère était sinon bien vu, du moins toléré et
volontiers pardonné par la justice qui comprenait qu’au cas où une femme avait
trop cuit les topinambours son mari lui défonçât le crâne à coups de boite de
pilchard. Ces temps sont révolus et c’est peut-être mieux ainsi.
L’actualité du jour amène sur le devant de la scène une bien
jolie personne que la justice soupçonne à tort ou à raison d’avoir plongé un
couteau dans le thorax de son compagnon. La demoiselle, elle, parle d’un
accident. Il y aurait bien eu différend mais ce serait la victime, maladroite
en diable, qui aurait retourné l’arme contre elle, au lieu de la poignarder
comme faire se doit. Ce jeune homme serait d’ailleurs coutumier du fait, vu qu’il
se serait déjà, au mois d’août, blessé dans le dos avec un couteau lors d’un
barbecue qu'on peut supposer acrobatique.
N’ayant pas été témoin de la scène, je me garderai bien de
prendre position. Quel que soit le cas, ces deux créations intempestives de
boutonnières posent question. Je préciserai qu’avant le dernier épisode je n’avais
prêté aucune attention à Mademoiselle Nabilla. Je la découvre donc et je dois
dire que sa plastique n’a d’égal que son triste goût en matière d’hommes. Qu’est-ce
qu’une jeune fille si bien dotée peut faire avec un jeune aux cheveux même pas
blancs et dépourvu de la moindre bedaine ? Et d’une maladresse insigne,
pour tout arranger. Partager la vie d’une personne qui n’arrête pas de se
crever la paillasse doit être anxiogène, on tend à ne plus se rendre que dans
des endroits où les couteaux sont absents, non ? Si, en revanche, on suit la
thèse du juge d’instruction, est-il bien raisonnable même pour un freluquet, de
se laisser poignarder tous les trois quatre matin sans s’en plaindre outre
mesure ? Franchement ?
Je conçois que l’amour puisse faire fermer les yeux sur
certains défauts mineurs, mais une telle maladresse ou des tendances homicides
en font-elles partie ? Ne serait-il pas plus raisonnable de mettre un
terme à une relation qui ne saurait finalement mener qu’à des désagréments ?
L’important dans une relation n’est-il pas l’harmonie ? Ne se lasse-t-on
pas avec le temps de la plastique la plus charmante quand sa propriétaire
vous poignarde à tout bout de champ ? Peut-on vivre en paix avec qui se troue
la peau dès qu’on a le dos tourné ?
Pour en revenir à Robert (Le Petit), la variété c’est bien
beau mais dans le domaine des comportements comme dans bien d’autres, il ne faudrait
pas en abuser…