Dans la nuit de samedi à dimanche, lors de sympathiques et
pacifiques échanges de vues entre manifestants rameutés de partout afin de défendre
une cause aussi importante que juste et forces de l’ordre en en mission, un
malheureux jeune homme a trouvé la mort. Les gendarmes mobiles, soit affectés par une curieuse allergie aux jets d’engins incendiaires, soit
animés par un souci de réciprocité ont à leur tour lancé des grenades
offensives en direction des militants en faveur de la préservation des zones humides.
Il arrive que de telles armes blessent.
Il est fort improbable qu’elles tuent. La malchance a voulu que le jeune Rémi
Fraisse meure au cours de ces échanges d’amabilités et que cette mort ait été
causée, reste à déterminer de quelle manière exacte, par l’explosion d’une grenade. S’ensuivirent
de nombreux mouvements d’humeur en
divers lieux avec leurs naturelles
conséquences que sont les incendies
volontaires, les bris de vitrines et les justes déprédations que tout bon
citoyen frappé par un deuil cruel commet en pareil cas. MM. Bové, Mamère et
consorts exprimèrent comme faire se doit leur véhémente tristesse et leur juste
indignation. Le ministre de l’intérieur décida dans la foulée que désormais de
grenades offensives on n’utiliserait plus. Le chantier fut suspendu.
Ce fait divers me pose questionS comme le fit, en son temps
l’affaire Méric. J’en évoquerai quelques unes :
1)
Est-il tout à fait inconcevable que la responsabilité
de tels drames soit en partie attribuée aux organisateurs de manifestations
pacifiques contre telle ou telle
initiative décidée démocratiquement par les assemblées compétentes ? En
effet, en transformant en enjeu national
un chantier local dont l’importance est presque
anecdotique n’avaient-ils pas conscience qu’ils y attireraient toute une faune
de jeunes extrémistes autant désireux de mesurer leurs ardeurs combattantes à
celle des forces de l’ordre que de préserver l’habitat du crapouillot farceur à
crête mauve-burne ?
2)
Ne serait-il pas imaginable que M. Bové, qui
apporta à la manifestation l’incommensurable poids de sa présence aimée, ainsi
que les organisateurs auraient pus s'assurer qu’un service d’ordre l’encadre et s’assure de
sa dispersion de manière à éviter des
troubles plus que prévisibles ?
3)
En
suspendant l’usage d’armes de défense qui jusqu’alors n’avaient, à ma
connaissance, blessé que des manifestants qui s’en étaient saisis pour les
renvoyer à leurs expéditeurs, ne transmet-il pas aux manifestants violents le
signal que leurs jets d’armes offensives (car le cocktail Molotov en est une)
ne saurait aucunement entraîner une riposte proportionnée ? Autrement dit
qu’ils peuvent commettre leurs actes criminels sans encourir le moindre risque ?
4)
Est-il interdit de considérer que la présentation
d’une personne participant à des échauffourées prenant place bien des heures après la
dispersion d’une manifestation comme un
brave garçon pacifique est, quelle que soit la tristesse de son destin, un rien
abusive ?
5)
En suspendant, comme l’exigeaient les dirigeants
écologistes, le chantier du barrage, ne donne-ton pas raison aux partisans de l’action
violente et n’affaiblit-on pas la démocratie ?
6)
Quand L’inénarrable Noël Mamère déclare qu’ « on
ne construit pas un barrage sur un cadavre », mis à part le ridicule de sa
formule, ne se rend-il pas compte qu’il utilise lui-même ce cadavre pour tenter
d’obtenir une décision allant dans le sens de ses options politiques ?
7)
Est-il déraisonnable de penser que ces professionnels de la contestation
institutionnalisée que sont MM Mamère, Bové et consorts agissent dans le meilleur des cas comme des
apprentis-sorciers que les conséquences de leurs paroles dépassent et au pire comme des
boute-feux exploitant cyniquement comme autant d’idiots utiles des jeunes
animés d’un idéal soi-disant généreux et
commettant en son nom des actions aussi violentes qu’inexcusables sans
même les condamner ne serait-ce que du bout des lèvres ?
Répondez comme vous le voulez à
ces interrogations. Pour moi les choses sont claires : au-delà du drame
individuel et familial que représente
toute mort violente ou pas, cette affaire ne peut que miner encore plus le peu
qui reste d’autorité publique et ne saurait que servir très provisoirement les
thèses de gens qui finiront eux-aussi par être emportés par la tourmente qu’ils
participent à susciter.