François Hollande, à la recherche d’une roue de secours,
nomme, fin 2014, après la démission du gouvernement Valls, Marylise Lebranchu
premier ministre. Martine Aubry, qui guignait le poste, vexée comme un rat et
folle de rage à cette annonce, fout à travers la gueule de celle qu’elle
considère être une rombière hors d’âge, un pain à lui faire faire trois tours
dans son string. Elisabeth prend mal la chose et confie sa rage à sa fille Léontine,
laquelle se trouve alors dans le caca noir, vu qu’elle projetait de se pacser
avec Élodie, la fille de Martine. Mais bon, le devoir, c’est le devoir et il
faut remettre les bouffons à la place qui leur revient. Elle décide donc de
régler son compte à la Martine et l’attend, kalachnikov en main à la sortie de
son bistrot favori. Victime d’une overdose de plomb dans les viscères, la brave
Martine rend l’âme. Élodie en est toute contrariée. C’est alors que l’on apprend que des
fascistes, refusant la GPA et la PMA se dirigent vers l’Élysée pour y contester
le bien fondé des politiques sociétales du François. Le sang de Léontine ne fait qu’un tour, et, à
la tête de quelques républicaines résolues, elle se porte à l’avant des
trublions, bientôt rejointe par des cohortes citoyennes. Ensemble, ils anéantissent
les fachos. . Ce que constatant, François pardonne à Léontine son mouvement
d’humeur, étouffe l’affaire et lui affirme qu’en gnougnoutant la touffe
d’Élodie de temps à autre et grâce son appui, les choses finiront bien par
s’arranger un jour.
Qu’est-ce que c’est que cette connerie se demanderont certains
qui n’auront pas reconnu dans cette fantaisie une version modernisée du Cid de Corneille ? Cette ânerie
politico-fictionnelle m’a été inspirée par un reportage entrevu à la télé et consacré
à une « nouvelle lecture », comme ils disent, du Tartuffe où les
personnages portaient des costumes plus ou moins modernes.
Moderniser Le Cid
ou Tartuffe me paraît totalement absurde.
Tenter de faire de Rodrigue ou d’Orgon des personnages contemporains est
ridicule car si peuvent encore se poser le problème du choix entre amour et devoir ou celui de l’hypocrisie des fanatiques ça ne saurait
aucunement être dans les mêmes termes que dans la première ou la seconde moitié
du XVIIe siècle. Corneille met sa plume au service de la politique de
Richelieu. Il traite des problèmes contemporains de la France même si l’intrigue
est censée se dérouler au XIe siècle espagnol. De même Tartuffe se fait l’écho des débats de son temps : le parti dévot
s’y sentira attaqué et fera interdire la pièce avant que le roi n’en autorise
la représentation deux ans plus tard.
Si les pièces du répertoire classique ont un intérêt, il
faut le chercher dans leurs qualités intrinsèques et non dans leur capacité à traiter
des questions d’actualité. Un avare d’aujourd’hui n’a pas le comportement d’Harpagon
pas plus que Scapin n’est l’archétype du personnel de maison d’aujourd’hui.
Quand au bon Charlemagne des chansons de geste, si chères à l’ami Mat, il faut une capacité peu
commune à la distorsion des faits pour y voir un président de la Ve république.
Si on veut traiter des mêmes sujets à la mode de notre
époque, il faut écrire de nouvelles pièces et non habiller Rodrigue en costume
trois-pièces, faire de Tartuffe un « intégriste » d’aujourd’hui ou de
Charlemagne un démocrate humaniste. La démarche qui consiste à « actualiser »
les personnages classiques relève de la plus crasse des démagogies et du mépris
d’un public qu’on juge incapable de comprendre les problématiques d’une autre
époque et suffisamment infantile pour ne pouvoir s’intéresser qu’à ce qui
concerne son quotidien.