Je ne vais plus que très rarement chez celle dont on ne dit
pas le nom (règle que je vais m'empresser de transgresser). Et quand je vais jeter y un coup d’œil, ça ne dure guère car la
lecture de ses interminables pensums écrits en pur charabia suivis de quelques
dizaines de liens probablement aussi passionnants que ce qui les précède me
rebute. Mais il arrive que je me donne la peine d’y parcourir un billet quand
celui-ci est court. C’est en général sans intérêt mais il arrive que ce soit
amusant. Ce fut le cas hier.
Notre spartakiste de combat y traitait de l’ « Affaire
Morano » qui déchaîne les passions d’un pays qui n’avait pas besoin de ça
pour qu’on s’y entre-déchire. La belle Nadine s’étant offusquée de voir une
femme voilée sur une plage, la bonne Rosa lui répondit que, bien que
catholique, sa grand-mère ne se mettait pas en maillot sur la plage mais y gardait
robe et fichu. Si c’est pas un argument
définitif, ça ! En effet, comparer
les pratiques d’hier voire d’avant-hier de nos concitoyens à celles de nos musulmans d’aujourd’hui est d’une
rigueur sans faille. Ayant l’avantage d’être
bien plus âgé que Mme Elle, je peux confirmer ses dires : ma propre mère
(qui pourrait bien être de la génération de sa grand-mère) ne se mettait pas en
maillot sur la plage. La plupart des femmes de son âge non plus. Quand à ma
propre grand-mère, bien qu’elle vécût à 300 mètres de la mer, c’était encore
pire : elle n’allait pas à la plage du tout, portait des robes noires lui arrivant
au pied et surmontait son chignon d’une coiffe du Trégor ! Curieusement, ces excentricités ne choquaient
personne, vu que toutes les paysannes bretonnes de sa génération faisaient de
même (avec des variations au niveau de la coiffe). Ma grand-mère ne faisait pas
non plus de vélo, n’avait pas de portable, ne tenait pas de blog (elle était
illettrée mais est-ce une excuse valable ?), ne regardait pas la télé, n’avait
ni permis ni voiture, ne sortait pas en discothèque, etc.
Sans bien s’en rendre compte, notre amie, quand elle
justifie l’aujourd’hui de certains par notre hier, met en évidence l’archaïsme
des mœurs des premiers. A moins, bien entendu, que les femmes qui vont
habillées de pied en cap à la plage ne soient des excentriques qui, l’hiver
venu, font du ski en monokini…
Parlant de maillot la sage Rosa conseille à Mme Morano « si elle veut parler de la liberté de
la femme, [de faire] du monokini ». Il est vrai que le monokini est la
tenue qui s’impose aux femmes quand elles veulent parler de leur liberté comme
l’a prouvé en son temps et à maintes reprises Mme de Beauvoir. Seulement « faire du monokini » est une curiosité linguistique. Je
savais qu’on pouvait (bien que ce ne fut pas le cas de ma grand-mère) faire du vélo, du jet-ski, de la broderie, un
détour par Romorantin ou un bon score aux élections européennes mais je croyais
qu’un vêtement, si réduit fût-il, se portait. Bien sûr, là je pinaille, je me montre homme d’un autre
temps attaché à d'obsolètes usages, un peu comme ma grand-mère, la sienne et la
brave femme que défend si ardemment notre blogueuse de choc…