Tout blog digne de ce nom a consacré un ou plusieurs billets
au redécoupage des régions par M. Hollande et son équipe de choc. Et pendant ce
temps, sur Vu des collines, que
faisait-on, je vous le demande ? On causait de charançons et de haricots ! Est-ce bien sérieux ?
La réponse est bien évidemment négative. Je pourrais dire
pour ma défense que je me fous du découpage des régions comme de l’an quarante.
Ce qui ne serait pas totalement faux mais reviendrait à botter en touche. Or, une des caractéristiques principales de l’auteur
de ces lignes est un courage qui lui
interdit toute dérobade. Rien de ce qui est humain ne lui est étranger (à la
différence du véritable xénophobe pour qui rien de ce qui est étranger ne paraît
humain). L’appartenance à une région étant une préoccupation humaine (la
conscience régionale des animaux, qu’ils soient vertébrés ou non, migrateurs ou
sédentaires, est aussi difficile à bien cerner que celle des minéraux), ce
sujet me concerne donc. Et pourtant…
J’ai bien du mal à me sentir enraciné dans une quelconque
région. Si je passe en revue ma longue existence, je note une relative instabilité
régionale : 2 ans de Bretagne, 16 ans d’Ile de France, 35 ans de Région Centre,
dix mois de Limousin et 3 ans de Basse Normandie. Entre lesquels se sont glissés 1 an et demi de Sénégal ainsi que 4
ans et demi d’Angleterre. Normalement, si j’avais dû me sentir appartenir à une
région, ce serait le Centre. Eh bien non. Il faut dire que j’y ai vécu dans 3
des six départements qui composent cette région hétéroclite dont les
ressortissants connaissent mal les composantes et que les gens extérieurs ont
tendance à placer dans le Massif Central.
Je ne me suis jamais senti plus Berrichon que Tourangeau, Beauceron ou
Percheron. En dépit de mes origines, je me sens de moins en moins Breton et ne serai jamais vraiment
Normand… Si je me sens appartenir à quelque chose, c’est à la France. C’est dire si je peux être objectif
sur la question…
On nous dit que nos ex-régions n’avaient pas la taille
européenne et que leur refonte nous fera économiser des milliards (en nombre
pour le moins indéterminés). Soit.
Si la taille est un critère de survie et de prospérité dans
l’Europe d’aujourd’hui, il serait urgent de faire fusionner certains pays
membres : En rassemblant l’Estonie, la Lithuanie et la Lettonie, on
obtiendrait un total de population de 6,4 millions soit 1,3 millions de moins
que la future région Rhone-Alpes-Auvergne.
L’Irlande avec ses 4,6 millions de ressortissants serait devancée par 4
régions françaises. Les 2,1 millions de Slovènes seraient bon derniers des
régions de France métropolitaine si la Corse ne venait leur ravir le titre. Par
charité nous n’ironiserons pas sur le cas de Malte et du Luxembourg…
Sur les
28 états membres de l’Union Européenne, 20 sont moins peuplés que L’Île de France
(ceux qui mettraient mes chiffres en
doute peuvent aller vérifier
là).
Faudrait-il scinder cette région ou fédérer certains états ? La question
du poids économique des régions me paraît donc totalement
hors de propos surtout si on considère que
bien des petits états ont en plus le brave culot de se diviser en régions (voir
ici)…*
Parlons éconocroques. La réforme est censée nous faire faire
de 10 à 25 milliards d’Euros d’économies. La fourchette est large !
La lecture de
cet
article laisse assez sceptique sur la réalité d’économies dont l’illustre
M. Bartolone, excellent
président de notre
Assemblée Nationale semble douter
lorsqu’il
déclare :
"Je pense que ça serait une erreur de rentrer dans la
réforme territoriale en disant on va faire des économies." L’efficacité
de cette réforme en matière de gestion rencontre également l’incrédulité de la
Commission Européenne et, quoi qu’il en soit, les fameuses économies d’échelle,
si elles ont lieu ne seront pas pour demain et dépendront de la bonne volonté d’élus
dont la modération en matière de dépense publique n’est pas évidente.
En résumé, que ce soit pour la question de leur taille ou
pour celle des économies potentielles, il me semble que cette réforme est
éminemment socialiste parce qu’inutile. On se demande d’ailleurs si elle sera
jamais appliquée, vu l’enthousiasme qu’elle déchaine et que certains de ses
aspects sont prudemment remis aux calendes grecques. On reproche souvent à M. Hollande son
indécision. Quand on voit ce que donnent ses décisions, on est en droit de se
demander si le problème est le caractère de ce monsieur ou plutôt le poste qu’il
occupe.
*Ces remarques sont basées sur les populations des NOUVELLES régions telles que les décrit
cette carte.