Bien que ça se laisse regarder, les scénarios (ii) de la
série anglaise mettant en scène le grand détective Hercule Poirot créé par Mme Christie, Agatha de son prénom,
me laissent parfois pantois. La trame
générale en est assez simple : Poirot est invité dans un quelconque
château, séjourne dans un hôtel de luxe, prend l’Orient-Express. Quel que soit
le lieu, il faut que ce soit un huis plus ou moins clos où il est entouré de
quelques personnes titrées (comtesses, baronnes, receveuses des postes) accompagnées de leurs éventuels époux, de
leurs domestiques, et de divers loquedus plus ou moins louches et parasitiques. Un
crime est commis. Ce qui inquiète les survivants. Poirot est appelé à mener son
enquête. Qui paiera la note ? C’est
là le plus grand des mystère ! Car après tout, étant détective privé, il
ne peut pas vivre de l’air du temps… Le brave Hercule, bien qu’évoluant dans un
milieu typiquement britannique est belge mais cela n’affecte pas ses capacités
intellectuelles, bien au contraire car il possède de « petites cellules
grises » d’une exceptionnelle efficacité.
Il est vrai qu’en Angleterre, ce sont les Irlandais qui sont censés être
abrutis. Trêve de digressions, revenons à nos moutons. M. Poirot, se met donc
au boulot. Il cause un peu avec tout le monde, épie l’un et l’autre De temps à autre il se plaint du mauvais
fonctionnement de ses fameuses cellules (il parle volontiers seul) tandis qu’à certains moments, à la
vue d’une scène ou d’un objet son visage prend l’aspect grave et inspiré du
chat qui chie dans la cendre : il a trouvé un indice. Bien entendu, nos
cellules n’étant pas grises, nous ne saisissons pas les raisons de sa
satisfaction. Il se peut qu’une nouvelle tentative de meurtre ait lieu et même
soit couronnée de succès. La tension monte. Poirot demeure impassible, bavarde
toujours et épie plus que jamais. Tout à
coup son visage s’illumine comme la lanterne d'un bordel quand un navire arrive au port : les petites cellules ont fonctionné,
rassemblant un faisceau d’indices qui mènent à la découverte du coupable et de
ses éventuels complices. Il réunit tout son monde dans une pièce propice à cela
(en général un salon) et se lance dans un interminable laïus durant lequel il
retrace les principaux événements auxquels nous avons assisté sans y comprendre
grand-chose, dépourvus des cellules nécessaires que nous sommes, dévoile au
grand jour tous les petits secrets de chacun avant de révéler l’identité du, de
la ou des coupables.
Ça donne quelque chose comme ça :
- Quand Poirot (c’est lui qui parle de lui-même à
la troisième personne) est sorti de la chambre de Miss Fuckmequick à laquelle il venait
de montrer comme on danse en Afrique…
-
C’était donc ça ce rafut !
-
Poirot est une bête de sexe… Cependant je vous prierai de ne pas l’interrompre Sir Archibald !
-
Donc, en
sortant de la chambre de Miss Fuckmequick, Poirot aperçut Archibald Assdick, vêtu en soubrette sortir de la
chambre de Lord Softprick. N’eût été sa barbe il ne l’eût pas reconnu tant la
robe moulante qu’il portait mettait en valeur la féminité de ses courbes
plantureuses. C’est alors que j’ai
compris que vous étiez une femme Assdick !
-
Moi ? Une femme ? Vous voulez rire,
Monsieur Poirot.
-
Poirot ne rit que quand il se brûle !
Ladies and gentlemen, ce gros homme barbu est en fait la future Lady Softprick, qui grâce à une fausse barbe, une
fausse bedaine et d’amples vêtement a pu
sans problème se faire passer pour Sir Archibald Assdick, directeur général des
Établissements Marchenoir, bricolage et quincaillerie en gros ! Il avait à la main le dernier ouvrage de Miss
Rosa Hell, que j’ai reconnu à sa photo de couverture. Je ne m’avais pas trompé…
-
Aaaaaaaah, c’est trop horrible, je ne peux le
supporter !
-
Calmez-vous, Miss Fuckmequick, Poirot n’a commis
ce solécisme que pour vérifier que comme votre sœur jumelle, la défunte Lady
Softprik, vous souffriez de cette
maladie rare qui rend insupportable toute faute grammaticale, la solécismophobie.
Vous seule saviez que votre sœur en était atteinte jusqu’à ce que vous l’appreniez
à Sir Archibald, ou plutôt à Jennifer Lets-Haveit puisque tel est son vrai nom comme Poirot l’a
appris en découvrant des lettres à elle adressées et qu’elle dissimulait dans
le double-fond de sa boite à sex-toys. Cette maladie rend la personne qui en est atteinte
incapable de supporter la moindre faute de syntaxe. Une passe encore, mais
quand elle en entend une succession infinie, elle devient prête à TOUT pour
fuir l’enfer qui se déchaîne dans son
esprit y compris à se jeter par la fenêtre comme l’a fait
la malheureuse Lady Softprick, ce que l’on a d’abord pris pour un
suicide mais qui n’était qu’un meurtre commis
par un trio infernal. Car Lady
Softprick ne cachait pas son intention de divorcer de son mari, ce qui eut
laissé ce dernier sans un penny. Elle comptait s’enfuir à Venise avec votre
fiancé, Rupert Bigcock et ça, vous ne pouviez le supporter, Miss Fuckmequick .
C’est alors que naquit en votre esprit l’idée démoniaque de faire d’une pierre
trois coups : en supprimant Lady Softprick, vous espériez reconquérir
votre fiancé, son mari était sauvé de la ruine et Miss Lets-Haveit pouvait l’épouser.
C’est alors que naquit le plan machiavélique où ce livre apparemment banal joue un rôle capital. Mes joies, mes peines de Rosa Hell quoi de plus anodin me direz
vous ? Mais Poirot l’a lu et a pu constater qu’il fourmillait de barbarismes et
de solécismes, bref, que sa lecture était de nature à mettre Lady Softprick dans
un état de panique tel que si elle n’avait d’autre solution, elle sauterait par
la fenêtre de sa chambre situé au deuxième étage de Softprick Lodge. Sous prétexte que vous deviez donner quelques
ordres au jardinier et pour éviter de
trop entendre son langage rustique, vous avez emprunté sa boite de boules Quies
à votre sœur que j’ai entendu vous dire d’en prendre le plus grand soin, vu qu’elle
n’en avait pas d’autres suite à un vol, dont elle ignorait que vous fussiez l’auteur,
Miss Fuckmequick. C’était au moment où Poirot s’apprêtait à se rendre à pied au
village pour visiter une jeune personne dont vous m’aviez vanté le goût pour
les danses africaines. A son retour, Poirot apprit qu’en compagnie du jardinier
vous aviez vu votre sœur se jeter de la fenêtre de sa chambre et se ratatiner
la gueule par terre selon les termes du rustre. Mais les petites cellules
grises de Poirot l’avertirent qu’il ne
pouvait s’agir que d’un meurtre. En effet, Lady Softprick n’avait aucune raison
de mettre fin à ses jours alors qu’elle filait le parfait amour avec Bigcock et
qu’elle allait quitter ce vieux pervers de Lord John qui exigeait qu’elle
portât une fausse barbe et se déguisât en soubrette pour envisager le coït. C’est
ce qu’elle avait confié à Poirot un soir de grandes libations. Elle l’avait
également informé qu’elle souffrait de solécismophobie héréditaire. Et voici ce qui s’est passé : alors qu’elle
était montée dans sa chambre afin d’y chercher la barbe dont la restitution selon son mari était la condition sine qua
non de son acceptation d’un divorce à l’amiable,
Lord John la suivit, bloqua la porte de la chambre tandis qu’à travers celle-ci, Miss Lets-Haveit de sa puissante voix se mit à lire Mes joies,
mes peines. Après avoir en vain tenté de
fuir par la porte, rendue folle par tant d’erreurs grammaticales, elle n’eut plus d’autre
solution que de se précipiter dans le vide.
-
Sergent Cuntface,
veuillez emmener ces trois complices de
meurtre. Là-dessus, Poirot va s’envoyer un gorgeon derrière la cravate car
toutes ces conneries, ça donne soif…
Toute ressemblance
avec des personnes existant ou ayant existé serait non seulement fortuite mais
dommage pour elles (surtout si elles vivaient en Angleterre où leurs patronymes seraient pénibles à porter).