..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 1 avril 2014

Ainsi va la vie…



Il y a des gens dont la vie est fascinante. A peine ont-ils fini de grimper une beauté qu’ils passent à l’Everest (sans équipement spécial). Ils en redescendent (de l’Everest)  pour conquérir  un continent, armés d’un simple lance-pierre et, ce faisant, sauvent le monde et la civilisation avant de battre quelques records du monde d’athlétisme et de sauver le PS d’une déroute électorale annoncée (et ça, c’est pas de tarte !). Prix Nobel de littérature et de physique, leurs  travaux de macramé éblouissent les foules et leurs chansons ravissent la terre entière. Certains savent même poser du placo et planter un clou. Ils sont beaux, forts, grands, intelligents, malins, habiles, lettrés, courageux et tout. Ce sont des héros.

Et puis il y a les autres. La grande masse (hélas ?).  Ceux qui, si la cruauté les prenait, ne sauraient casser que deux pattes à un canard, et qui n’ont pas plus inventé le fil à couper le beurre que l’eau tiède. Ils vivent obscurément et c’est tant mieux. Si jamais  leurs vies se trouvaient exposées au public, elles ne susciteraient  que son ennui.  Ils mènent des existences  ordinaires, dans des villes sans charme auprès de compagnes éteintes et d’enfants criards. Leurs amis, ou plutôt les quelques vagues relations qui leur en tiennent lieu, sont  d’une banalité désolante. Ils sont ouvriers, employés, cadres dirigeants de multinationales, présidents de la république (plus rarement)…  Ça les occupe.

Vient la mort. Pour les héros comme pour les autres. A la gloire des premiers, on érige des statues sur les places. Sur la tombe des autres on pose de jolies plaques de marbre où en lettres de bronze leurs proches expriment d’éternels regrets. Le temps passe. Personne ne se souvient plus ni des uns ni des autres…

Et c’est justice. Car l’admiré comme l’obscur n’ont fait qu’une chose : passer le temps comme ils pouvaient, chacun à sa manière.

lundi 31 mars 2014

La carpe et le lapin : vers la rupture ?



Ce fut un beau mariage. Les youyous fusèrent. Les drapeaux exotiques furent dument brandis et énergiquement agités. Les époux étaient peut-être un peu mal assortis mais la diversité n’est-elle pas une valeur en soi ?

Presque deux ans plus tard, il semblerait qu’il y ait comme de l’eau dans le gaz. La carpe ne veut plus du clapier, le lapin renâcle devant la mare.

M. Hollande est bel et bien dans le caca noir. Après une défaite heureusement tempérée par le côté local de l’élection (on n’ose penser à ce qu’elle eût été si les seules considérations nationales étaient entrées en jeu), il se voit contraint à changer de gouvernement. Le problème est qu’il lui faut satisfaire le bondissant lapin gauchiste et la placide carpe sociale-démocrate. Et que c’est malheureusement impossible.

Il est amusant de constater que si les diverses composantes de la majorité qui a amené M. Hollande au pouvoir, si elles reconnaissent toutes une défaite, n’en tirent pas les mêmes leçons. Pour le FDG, les Verts et les plus rabiques du PS, si ça n’a pas marché, c’est parce que le gouvernement n’est pas assez à gauche (le fait que les électeurs ne se soient pas en masse tournés vers eux, ne semblant pas les inquiéter). Ils veulent plus de la relance (avec quel argent ?).  Pour les modérés, c’est que les gens n’ont pas saisi à quel point la politique menée était bonne, même si ses magnifiques résultats tardaient à se concrétiser.

Alors on va remanier. Pour faire comme si on avait compris ce qui se passait. Ayrault qui reste ? Valls qui arrive ? Qu’importe ? Dans l’un comme l’autre cas, la politique ne changera pas. Le désamour continuera donc entre la carpe et le lapin.  Car M. Hollande n’a pas le choix. La France est sous surveillance rapprochée de la part de l’Europe. Le déficit s’est creusé. La dette explose. L’austérité s’impose. Les tenants de la relance ne peuvent l’emporter.

Il semblerait que l’on aille vers un ministère Valls. A part peut-être quelques points éphémères de remontée (ce qui reste à prouver, vu que ce qu’il gagnerait à droite il risquerait fort de le perdre à gauche) et un peu moins de bazar dans le gouvernement, qu’est-ce que ça changerait ?  Le chômage continuera  d’augmenter, les Français  ne tarderont pas à le rejeter autant que son prédécesseur, l’ex-ministre de l’intérieur verra ses projets pour 2017 carbonisés, la gauche dure se radicalisera, M. Hollande poursuivra sa descente aux enfers…

Pouvait-il en aller autrement ? Quand on arrive de justesse au pouvoir grâce à une  hétérogène coalition de mécontentements et à des promesses qu’on savait ne pas pouvoir tenir, quand on fait preuve d’incohérence et d’indécision, comment ne pas échouer ? 

Au-delà de la présence de M. Hollande à un poste pour lequel il n’était pas apte, le problème de la France me paraît bien plus grave. Le pays est extrêmement divisé et, en dehors du mécontentement, aucune ligne claire ne s’y dessine. Même si la plupart des Français sont d’accord pour admettre que  nous fonçons dans le mur, personne n’est prêt à payer le prix des nécessaires réformes.

 Nous somme mal partis.

PS : Un divorce entre la carpe et le lapin serait cependant hautement improbable : il faut penser à la gamelle. Une rupture franche amenant à une dissolution équivaudrait pour beaucoup à se retrouver au chômedu...

dimanche 30 mars 2014

Silence, on vote !



En France, on réfléchit et à force de réfléchir, on arrive à une conclusion. Et ma conclusion c’est que le moment de « réflexion »  qui précède les scrutins est une mesure inutile.  Il est interdit de faire la moindre propagande pour tel (le) ou tel (le) candidat la veille et le jour de l’élection.  Ce qui veut dire que, ces deux jours durant, les media se taisent et les meetings sont bannis. Les blogueurs se sentent contraints à en faire autant, ou peut-être y sont-ils invités. Hélas, cette période de quiétude officielle est inefficace car malgré ces louables dispositions l’électeur n’est pas TOTALEMENT à l’abri des influences.

Penser que les discours des politiques et les articles, émissions et reportages des media sont les seuls moyens d’influencer est illusoire. On pourrait même dire que, si ces braves gens croient tenir ce monopole, ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude, voire l’omoplate.  Car on peut, à condition d’être influençable, changer d’avis au dernier moment  suite à une conversation privée ou à un événement quelconque.  Par exemple, au cours de l’apéro, votre beau-frère vous déclare son intention de voter Front de Gauche, comme vous vous y apprêtiez. En entendant ces mots, votre sang ne fait qu’un tour : vous n’allez tout de même pas voter comme ce triste con !  Du coup, le Rassemblement Bleu Marine compte un électeur de plus.  Ou encore, tandis que vous vous dirigez guilleret vers votre bureau de vote avec la ferme intention de reconduire par votre suffrage le maire sortant et son équipe vous vous apercevez que les bancs publics de l’avenue Charles De Gaulle ont été, vous n’en croyez pas vos yeux, repeints en vert anglais. Quelle confiance accorder à des gens capables de telles fautes de goût ? Et voilà l’opposition assurée d’un nouveau soutien !

En admettant qu’aucune conversation ou événement ne vienne troubler la sérénité de votre réflexion, le fait que des articles, billets, reportages aient été réalisés l’avant-veille du jour fatidique où tout bon citoyen s’empresse d’aller remplir son devoir civique ne veut pas dire que vous ne les découvrirez pas la veille où le jour même du scrutin. Par exemple, afin d’aider votre progéniture à rédiger son exposé sur le genre, vous tapez les mots clés suivants sur votre clavier « fat lesbians having fun with huge dildo » et, mystères de Google, voilà que vous vous retrouvez sur le site de M. Mélenchon. Vous lisez son dernier billet et votre religion est faite : Vous voterez FDG !  Imaginons encore que le rythme trépidant de votre vie ne vous ait pas laissé le loisir de lire les professions de foi des candidats à votre mairie. Vous comptez voter Chombier et pour raffermir vos convictions, vous relisez  la sienne et que découvrez-vous ? Le point vingt-et-un de son programme qui jusque là vous séduisait préconise l’organisation, tous les dix-huit juin, une fête du chapeau rigolo où tout citoyen sera incité à rivaliser d’inventivité en matière de couvre-chef.  Une honte !  Une si ridicule manifestation,  le lendemain de la journée mondiale du la lentille du Puy ? C’est décidé : vous voterez Mâchu !

Pour que rien ne vienne influencer l’électeur, il faudrait qu’il se retrouvât, du vendredi  minuit  au moment où il atteint l’isoloir, isolé de tout contact de quelque nature que ce soit. C’est totalement impossible.  Et puis au fond qu’importe ? Si les gens sont des girouettes sensibles à la moindre brise, qu’y peut-on ?  Je serais assez d’avis que comme en Angleterre la campagne n’ait pour limite que la fin du scrutin.  La prolonger plus avant étant, reconnaissons-le, abusif.

samedi 29 mars 2014

Satisfactions mesquines et bonheur du plaquiste



Hier matin, je m’en fus à la banque parler placements avec mon cher directeur d'agence. Ce bavard était bien entendu en retard, occupé qu’il était à parler des élections municipales où il est candidat.  Pendant ce temps, je faisais le poireau dans le coin-salon réservé à l’attente en lisant le supplément de la Manche Libre consacré à l’immobilier. On tue le temps comme on peut…

Mon interlocuteur finit par arriver  mais s’arrêta d’abord pour saluer l’employé anglais chargé de la clientèle de même origine. Vu que 12 % des pratiques  de l’agence sont des Britanniques, sa présence n’est pas un luxe inutile. Ce brave homme attira l’attention de son directeur sur une magnifique automobile rouge garée devant la banque, disant  à quel point ce modèle était rare et  appartenait à un temps où Jaguar était encore Jaguar. Vu son français approximatif, je pris l’initiative de lui signaler dans sa langue qu’il s’agissait en fait d’une Daimler. Je reçus en réponse et dans la même langue une réplique flatteuse : « Je ne savais pas que vous étiez Anglais » Je rectifiai en annonçant ma nationalité, ce qui l’étonna. La conversation se poursuivit en cet idiome et je me vis complimenté pour la quasi-inexistence de mon accent et ma pratique étonnamment courante de la langue.

Il m’arrive de temps en temps de venir à l’aide de clients anglais dans les commerces quand ils ont du mal à exprimer leur requête. Ce qui me vaut l’estime du commerçant et l’étonnement reconnaissant des assistés. Cette surprise vient surtout de ma nationalité. Il semblerait que pour les Anglais, un Français ne peut, dans le meilleur des cas, que balbutier sa langue avec un accent à la Maurice Chevalier. Dans le cas contraire, il vous classe au mieux parmi les siens et au pire vous croit Hollandais.

Ainsi donc,  cette  journée commençait par deux agréables flatteries : un véhicule et un anglais d’exception !  De quoi vous mettre de bonne humeur si vous ne l’étiez déjà…

L’entretien avec mon banquier fut agréable et se poursuivit, nos affaires réglées, devant un apéro au café d’en face où nous parlâmes escroqueries et pratiques bancaires sans que les deux sujets ne se mélangeassent.  Après cette agréable matinée, je rentrai chez moi et passai l’après-midi à installer le chauffage dans ma cabane de jardin et à terminer son isolation avec  cette sérénité de l’âme qui caractérise le bilingue poseur de placo.Comme quoi il est des bonheurs simples...

vendredi 28 mars 2014

Pauvre M. Hollande !



Il a un charisme d’huître trop longtemps exposée au soleil, un esprit conciliant, et une incapacité remarquable à trancher. C’est ce qui a fait son succès. D’abord au sein de son parti. En tant que plus petit commun dénominateur, il a pu rassembler les différentes tendances qui composent ce parti extrêmement hétérogène. Entre un Valls trop à droite, une Ségolène trop marquée par l’échec, un Montebourg trop à gauche et pas sec derrière les oreilles, une Martine Aubry pas trop… mais pas assez… , un Baylet trop extérieur il avait toutes ses chances, lui qui était si peu marqué. Il vira en tête au premier tour et devança largement la juste-un-brin-moins-consensuelle Martine au second.

Restait à convaincre les autres composantes de la gauche. Pas trop problématique quand on est collectiviste avec les communistes, casqué sur un scooter, vert avec les écolos, soûl avec les Polonais, radical avec les mous du genou, coquin avec les starlettes, et  généralement habile manœuvrier. Il fut d’autant plus facile de l’emporter que cinq ans de harcèlement médiatique avaient provoqué dans une grande partie de l’opinion  un anti-sarkozysme rabique. Il fut donc élu.

Lui président, on allait voir ce que l’on allait voir : croissance, baisse du chômage, pureté de l’air, justice indépendante, république irréprochable, peuple réconcilié, mariage pour tous, logements en pagaille, etc. Et ce qu’on ne voyait pas en vitrine, on était certain de le trouver à l’intérieur. Y’avait qu’à demander.

Seulement, de croissance il n’y eut point. Le chômage augmenta. Les microparticules se montrèrent rétives à disparaître. La justice fut confiée à Mme Taubira (no comment). La république resta ce qu’elle était. Les divisions du peuple s’exacerbèrent.  Le mariage ne fut pas du goût de tous. La construction de logements baissa… Bref, que des bides en vitrine, alors  inutile d’en demander davantage.

Dire qu’un autre eût résolu en deux coups les gros tous les problèmes du pays serait le fait d’un rêveur.  Seulement il aurait pu éviter certaines âneries monumentales propres à entamer la confiance ou à booster le chômage : taxe à 75%, augmentation du taux de TVA sur les rénovations, loi Duflot, projet de réforme de la justice Taubira, mariage pour tous, etc. C’est d’autant plus regrettable qu’on a critiqué la détérioration de l’économie et le clivage de l’opinion sous son prédécesseur.

Et puis, d’abord et  surtout, ce qui a nui au président est ce qui l’a amené au succès : son goût du louvoiement, son manque de netteté et d’esprit de décision,  le fait qu’il soit plus homme de compromis que chef, ont fini par donner l’impression qu’il n’y avait pas de pilote dans l’avion, sensation d’autant plus gênante qu’on traverse d’importantes turbulences. D’autant plus que ceux qu’il était parvenu à fédérer artificiellement se sont, que ce soit par inexpérience ou par incompatibilité, mis à partir dans tous les sens, ajoutant couacs aux couacs sans que le supposé responsable ne siffle la fin de la récré.

Du coup, notre sauveteur fait naufrage.  Sa gauche le trouve trop à droite, la droite le vomit et se radicalise. Que lui reste-t-il ? Changer de gouvernement ? A quoi bon ? Autant nommer un nouveau second sur le Titanic après avoir touché l’iceberg…

 Il me fait penser à un conducteur maladroit qui se serait fourvoyé au fond d’une impasse étroite qui lui interdit toute manœuvre et dont la voiture n’a pas de marche arrière. Je n’aimerais pas être à sa place.

Et surtout je plains mon pays d’avoir placé l’homme qu’il ne fallait pas au poste où il n’avait que faire…